EN RAISON DE L’AUTORITÉ MORALE ET SPIRITUELLE DE L’ÉMINENT PRÉLAT
CHIRAC A RÉSERVÉ UN ACCUEIL DE CHEF D’ÉTAT AU CARDINAL SFEIR 
Au terme d’une visite de cinq jours en France, S.Em. le cardinal Nasrallah Sfeir est  rentré mercredi soir  à Bkerké.
Manifestant l’intérêt qu’il accorde  au pays des Cèdres, le président Jacques Chirac a entouré l’éminent prélat de beaucoup d’égards, lui réservant un accueil auquel ont droit, d’habitude, les chefs d’Etat.
En plus du chef de l’Elysée et d’autres responsables français, Sa Béatitude a rencontré des personnalités libanaises résidant ou de passage à Paris. Bien qu’étant, initialement, de caractère paroissiale, la visite du chef spirituel de la communauté maronite a également revêtu un caractère politique, Son Eminence étant au cœur de l’actualité libanaise et en connaissant mieux que quiconque tous les dossiers.
 
 
 
 
 
 
Le cardinal-patriarche Sfeir officiant en l’église Notre-Dame du Liban, 
assisté de NN.SS. Roland Abou Jaoudé et Samir Mazloum.
 
Le cardinal Sfeir prononçant  
son homélie.

 

Arrivé samedi, le patriarche Sfeir a entamé sa première journée parisienne par une messe solennelle qu’il a célébrée, dimanche matin en l’église Notre-Dame du Liban, rue d’Ulm, à laquelle ont assisté: l’ex-président Amine Gemayel et son épouse; M. Raymond Eddé, leader du Bloc national; le général Michel Aoun avec lesquels il devait avoir un aparté, séparément, au foyer franco-libanais, avant de déjeuner au restaurant universitaire.
Le soir, le patriarche Sfeir devait s’entretenir avec le “Amid”, avant d’être l’hôte à dîner du cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris.
Pour en revenir à la messe, Mgr Sfeir a prononcé une homélie dans laquelle il a mis l’accent sur “les impératifs de la réconciliation nationale”, disant que “des changements inattendus se sont produits au Liban et pourraient encore s’y produire” (allusion à l’avènement du nouveau régime).
Aussi, a-t-il émis le souhait de voir les personnalités expatriées et vivant en exil volontaire en France ou ailleurs, réintégrer la mère-patrie “qui a besoin de tous ses fils pour se relever, reprendre sa place dans le concert des nations et assumer sa mission historique, celle de la convivialité, dans un climat d’indépendance, de souveraineté, de justice, de libre décision, de paix et de respect des droits de l’homme”.
Avant de se rendre au palais de l’Elysée le second jour de sa visite, le cardinal-patriarche a déclaré que les problèmes actuels du Liban seront au centre de son entretien avec le président Chirac, disant qu’il répondra davantage aux questions du chef de l’Etat français qu’il ne lui en posera lui-même.
Mgr Sfeir a été accueilli dans la cour d’honneur par la garde républicaine. Puis, le président Chirac s’est porté à sa rencontre et a posé en sa compagnie devant les photographes et les cameramen de la télévision. Il était accompagné de Mgr Roland Abou-Jaoudé, vicaire patriarcal et de M. Naji Abi Assi, ambassadeur du Liban.
A l’issue de son entrevue avec le chef de l’Etat français dont il a été l’hôte à déjeuner, le patriarche Sfeir a déclaré: “La France est consciente de la valeur du Liban en tant qu’oasis des libertés. Les entretiens ont dégagé des vues concordantes sous le double aspect interne et externe des questions évoquées.”
Et d’ajouter: “Nous avons fait état, aussi, de la présence sur notre territoire national d’armées étrangères. Mais il s’agit d’un tout et il faut attendre que le processus de paix progresse pour en parler.”
Réaffirmant l’attachement de la France à l’intégrité territoriale du Liban, à son indépendance et à sa souveraineté le Premier Français a parlé des libertés, de la culture, de la francophonie et des moyens de fixer les Libanais à leur terre pour mettre un terme à leur expatriation.
Le porte-parole de l’Elysée a dit que le patriarche Sfeir effectuait une visite officielle et pastorale. “Etant donné son autorité morale et spirituelle, a ajouté Mme Catherine Colonna, le président Chirac qui l’a rencontré à trois reprises, maintient des contacts réguliers avec lui et a recueilli ses vues sur la conjoncture locale et régionale. Il n’a pas manqué d’exprimer sa préoccupation quant à la tension qui caractérise la situation au Liban-Sud et au Proche-Orient. Comme il a  proclamé une fois de plus son appui  à un Liban uni, réconcilié, attaché à la démocratie et aux libertés; ainsi que son engagement à lui venir en aide dans son effort de reconstruction.”
Au déjeuner de l’Elysée, on notait la présence autour du président et du patriarche, de MM. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur, ministre des Cultes; Raymond Barre, ancien Premier ministre; Alain Decaux, ancien ministre de la Francophonie, membre de l’Académie française et du cardinal Lustiger.
Le soir du même jour, Mgr Sfeir a visité l’institut du Monde arabe (IMA) et devait consacrer la journée à des rencontres avec les représentants de la Presse (voir aussi “Les Evénements de la semaine” pages 8 et 9).

À SON RETOUR À L’AIB,
SFEIR: “LA FRANCE A RÉITÉRÉ SON APPUI AU LIBAN”

A son arrivée, mercredi soir, à l’AIB où il a été accueilli au nom du chef de l’Etat par M. Joseph Chaoul, ministre de la Justice, le patriarche Sfeir a fait la déclaration suivante: “J’ai répondu à l’invitation du président Jacques Chirac qui voue à notre pays une affection spéciale et a réitéré l’appui de la France au Liban, à son indépendance, à sa souveraineté et à son intégrité territoriale. Il a, également, exprimé son inquiétude de la persistance de la tension au Liban-Sud et souhaité un rapide règlement du conflit au Proche-Orient.
“Cette visite m’a permis d’évoquer avec le chef de l’Etat et les autres responsables français, ainsi qu’avec les fils et frères libanais que j’ai rencontrés après la messe à Notre-Dame, les problèmes intéressant le Liban dans tous les domaines”.
 
 


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