FORTE DU SOUTIEN DU POUVOIR

LA “MACHINE JUDICIAIRE” FRAPPE
DE PLUS EN PLUS FORT, SANS ÉPARGNER PERSONNE...

UN DÉPUTÉ ARMÉNIEN S’EN PREND À HARIRI


Résidus pétroliers, antiquités, développement et reconstruction, autant de dossiers brûlants qui ont été ouverts l’un après l’autre, faisant l’objet d’investigations visant à cerner les moyens utilisés jusqu’ici pour gaspiller les fonds publics aux dépens du Trésor et à y remédier.
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Cela suppose qu’il soit mis fin aux malversations, aux vols, au courtage, aux pots de vin et, surtout, à instaurer l’Etat de droit et des institutions, ainsi que s’est engagé à le faire le chef de l’Etat dans son discours d’investiture.
Il va sans dire qu’après l’affaire du scandale pétrolier, a été ouvert le dossier des pièces archéologiques subtilisées, dont une bonne partie a été récupérée, ces derniers jours, suite aux descentes opérées par le procureur général financier dans les dépôts, galeries et certaines villas où il a été procédé à des perquisitions en différentes régions du pays, de Saïda, à Tyr, Tripoli et Nabatié, en passant par Beyrouth, le Kesrouan, Jbeil et le Akkar. A Gemmayzé, un camion a été intercepté avec sa cargaison d’objets antiques de valeur que leur propriétaire-antiquaire tentait de placer en des lieux sûrs où les enquêteurs ne pourraient pas les atteindre.
Des descentes ont été même opérées dans les résidences d’anciens ministres, de députés et d’anciens parlementaires (dont les noms n’ont pas été divulgués), où des pièces précieuses ont été saisies.
Les experts-archéologues ont, cependant, mis en garde contre la saisie d’objets prétendûment antiques falsifiés: des poteries et des mosaïques, notamment. Ils ont attiré l’attention sur l’existence dans le pays et la région d’artisans chevronnés, excellant dans la confection de telles pièces qu’ils vendent à des prix exorbitants. Ces dernières figurent parmi les articles que les antiquaires sont autorisés à commercialiser, un tel commerce étant légalement permis. Il existe au Liban, en effet, une association reconnue par l’Etat, ayant ses statuts et ses règlements.
Fait à signaler: beaucoup parmi les vestiges placés dans les entrepôts de la Direction générale des Antiquités (DGA) ne sont ni enregistrés, ni mis sous bonne garde, afin d’en empêcher le vol. Aussi, vingt fonctionnaires attachés à cet organisme étatique, l’ancien directeur général, Camille Asmar, en tête, ont-ils été soumis à un interrogatoire par le magistrat instructeur, afin de s’assurer des conditions conformément auxquelles les objets extraits du sous-sol libanais sont conservés et si, de la manière dont ils sont surveillés, ils ne risquent pas d’être subtilisés par des “professionnels” spécialisés dans le vol de pareils articles devant figurer parmi les vestiges de notre patrimoine national.
Parmi les galeries et entrepôts ayant reçu la visite des investigateurs, on signale ceux de Fouad Chamieh, les dépôts Asfar, Ziadé et d’autres encore. Il faut y ajouter bon nombre de maisons situées à Beyrouth: Achrafieh, Aïn Mraïssé (près du Saint-Georges) et dans les quartiers périphériques proches de la capitale. Et plus loin, à Jbeil, Kfarhbab, etc...
Plus de mille trois cents pièces, dans un premier temps, ont été récupérées; puis, cinq cents autres, dont cent vingt-neuf dans la seule ville de Tyr, pourtant classée sur la liste des sites archéologiques mondiaux.
On peut imaginer, aisément, le nombre des pièces qui ont disparu durant les douloureux événements, beaucoup d’entre elles ayant pris le chemin de musées étrangers et qu’il est, par conséquent, difficile de récupérer...
En ce qui concerne le dossier des résidus pétroliers, dans lequel sont impliqués les anciens ministre et directeur général du Pétrole, ainsi que plusieurs autres prévenus, il serait probablement rouvert mardi prochain, lorsque la Chambre pénale de la Cour de cassation se prononcera sur la compétence (ou l’incompétence) du Parquet général ordinaire.
D’après le recours présenté par les avocats de Chahé Barsoumian (Mes Badaoui Abou-Dib et Akram Azoury), celui-ci devrait, légalement, comparaître devant la Haute Cour chargée de juger les présidents et les ministres. La Cour de cassation a déjà siégé, cette semaine, sous la présidence de M. Afif Chamseddine, assisté de deux magistrats: MM. Fouad Geagea et Elias Abdallah. Après la lecture du dossier et les délibérations, ils ont reporté l’audience jusqu’à mardi, afin d’approfondir certains points juridiques et de procédure.
Au plan officiel, les responsables, les présidents Lahoud et Hoss en tête, réitèrent leur détermination à laisser la Justice suivre son cours et à donner aux juges toute latitude de mener leurs investigations sans aucune entrave jusqu’à leur finalité.
Contrairement aux mises en garde de certains oiseaux de mauvais augure, qui appréhendent les retombées négatives au double plan régional et international, des enquêtes judiciaires, ce qui, insinuent-ils, pourrait se répercuter au plan des investissements, les milieux tant politiques, qu’économiques et bancaires, se réjouissent de l’opération “mains propres” en cours, en vue d’extirper la corruption de ses racines et, partant, d’édifier l’Etat des institutions. De l’avis de ces milieux, l’assainissement du climat général dans le pays, renforcera la confiance des investisseurs qui reviendront en force après un temps d’arrêt ou de flottement, quand ils seront rassurés sur le climat propice à l’exécution de projets rentables dans nos murs.

Les observateurs objectifs sont persuadés que la politique instaurée par le nouveau régime et son chef, basée sur la transparence absolue, donnera des résultats positifs et de loin supérieurs à celle du régime précédent qui faisait miroiter l’image du “paradis fiscal”, alors que les rumeurs relatives au gaspillage et à la dilapidation des fonds publics, qualifiées de simples bobards, viennent d’être confirmées, faits, chiffres et noms à l’appui...
Les observateurs soutiennent que l’instauration de l’Etat des institutions qui, seul peut consolider la stabilité interne et raffermir la confiance dans notre pays, rassure davantage que la prétendue “entente nationale” qui, en fait, s’est réalisée et encore, partiellement, entre les pôles du pouvoir, la fameuse “troïka” de triste mémoire, dont les principaux piliers étaient, presque toujours en désaccord et échangeaient entre eux les accusations, sans que le Parquet ait eu la latitude d’entreprendre quelque enquête pour s’assurer de leur véracité.
Puis, le fait pour le Général-Président de répéter que “tout le monde est sous la loi”, à commencer par lui-même, rassure les citoyens et les remplit d’aise, à tel point que beaucoup parmi eux se disent disposés à souscrire à des surcharges fiscales, si les recettes qui en découleront, serviront à améliorer leurs conditions de vie et de travail; autrement dit, qu’ils recevront quelque chose en retour... Alors que précédemment, l’argent du contribuable se volatilisait à l’instar de l’eau versée dans un bocal percé...
A ce propos, une source fiable confirme la nouvelle selon laquelle les responsables syriens qui soutienennt, sans réserve, le nouveau régime, se disent satisfaits des poursuites judiciaires au Liban et s’interdisent d’intervenir en faveur de qui que ce soit, surtout s’il est inculpé dans quelque affaire frauduleuse.
Il nous revient, à ce sujet, que certains parmi les prévenus impliqués dans les scandales financiers, ont entrepris des contacts, dans la plus grande discrétion, par personnes interposées, à l’effet de parvenir à un compromis, en vertu duquel ils restitueraient les sommes extorquées, tout en promettant d’aider les enquêteurs à “pincer” les responsables de la dilapidation des deniers publics, en contrepartie d’une promesse d’allègement de la peine qui leur  serait infligée...
Cependant, il ressort d’une nouvelle déclaration du président Salim Hoss, qu’il n’est nullement dans son intention “de tourner la page” et, en faisant table rase du passé, proche et lointain, de passer l’éponge sur les abus, infractions et passe-droits, quels qu’en soient les auteurs et ceux qui leur avaient accordé leur protection. “Chaque fois, a affirmé le Premier ministre, que des documents compromettants en rapport avec les scandales financiers nous tombent sous la main, nous les mettrons à la disposition des autorités judiciaires.” De plus, il a réitéré sa pleine confiance en la personne du ministre de la Réforme administrative, lequel fait l’objet d’une cabale insidieuse visant à le discréditer; à faire planer le doute sur sa compétence et sa probité.
Par ailleurs, il nous revient qu’une liste de noms a été établie, de personnes soupçonnées d’avoir trompé dans les malversations et les magouilles, afin de les empêcher de quitter le pays avant la fin des enquêtes judiciaires. Le contrôle serait renforcé aux postes-frontières, au port et à l’aéroport en vue de prévenir la “fuite” des citoyens sur lesquels pèsent des soupçons.
Le climat général accentue la détermination des juges à aller de l’avant, d’autant qu’ils ne sont plus soumis à aucune pression. Aussi, les voit-on agir avec célérité et dès le moment où ils reçoivent des renseignements sur toute affaire délictueuse ou criminelle. Preuve en est, que le Parquet est rapidement entré en action, cette semaine pour coffrer des fonctionnaires affectés au Service automobile et un président de municipalité (de Zouk Mousbeh) ayant violé la loi et les règlements en vigueur ou extorqué des fonds publics.
Dans une nouvelle phase, les investigations judiciaires porteraient, dit-on, sur de nouveaux dossiers relatifs aux adjudications organisées au sein et en dehors du Conseil du développement et de la reconstruction - plusieurs d’entre elles ayant eu lieu de gré à gré - ainsi qu’à celles ayant trait à l’acquisition de groupes électrogènes et d’équipements coûteux destinés à l’Office de l’Electricité du Liban où des “commissions” particulièrement élevées auraient été perçues.
Il y a lieu de signaler, enfin, que les députés arméniens ont soulevé ces derniers jours à la Chambre l’affaire des résidus pétroliers, dans laquelle est impliqué M. Barsoumian, pour demander l’ouverture au grand jour de ce dossier. L’un d’eux M. Kassardjian, a même demandé que M. Rafic Hariri soit également interrogé et appelé à rendre compte de sa gestion de la chose publique, “car il est le premier responsable de ce qui s’est passé durant les six années où il est resté à la tête du gouvernement”. 


NADIM El-HACHEM

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