Bloc - Notes

Par ALINE LAHOUD

CES ROUTES QUI TUENT

Accuser le gouvernement des sept péchés capitaux est aussi excessif que de l’étouffer (et nous avec) sous la fumée de l’encens. Les “16” gouvernent honnêtement, témoin, le budget. Un budget qui s’est fait tirer l’oreille pour émerger au grand jour mais qui, sans être vraiment génial, a réussi à ménager la chèvre et le chou, sans assommer tout à fait la chèvre (que nous sommes) et sans engraisser exagérément le chou. En fait, c’est le meilleur que l’on pouvait tirer du pire. Et c’est, en un sens, une sorte de tour de force.
Mais notre intention n’est pas aujourd’hui de nous abîmer dans une analyse financière à propos de laquelle, je risque personnellement de dire pas mal de sottises. Notre intention est de demander au membre le plus agissant (pour ne pas dire le plus remuant) de ce Cabinet, le vice-président-du-Conseil-ministre-de-l’Intérieur, M. Michel Murr, s’il a inclu dans le nouveau budget le coût  de son plan relatif à la circulation et au code de la route. Parce que, au point de vue plan, nous n’en voyons même pas une ébauche d’exécution sur le terrain.
Les chauffards continuent à rouler à tombeau ouvert. Beaucoup conduisent presque ivres-morts. Certains sont même sous le coup de la drogue. D’autres, gonflés d’une importance qu’ils n’ont, ni eux ni leurs pères auxquels ils se réfèrent volontiers pour violer toutes les lois et s’en tirer indemnes, continuent de semer la mort sur leur passage. Il y a, aussi, ceux qui prennent la fuite et que la police laisse courir sous prétexte que ses effectifs sont misérablement insuffisants. Il y a surtout la permissivité des autorités, même  judiciaires, envers ceux qui ont des appuis en haut lieu, un officier, un juge, un député, un ministre, etc...
J’ai vu des jeunes gens conduire tranquillement après avoir provoqué un accident où - pour l’un d’entre eux - deux de ses camarades avaient trouvé la mort. Et les autres ne valaient guère mieux. Ces jeunes-là auraient dû être sous les verrous ou, au meilleur des cas - pour eux, s’ils jouissent d’aussi puissantes protections - se voir retirer leur permis de conduire pour au moins cinq ans.
Je voudrais demander à ceux qui les ont protégés, quelle aurait été leur réaction si leur propre fils ou leur fille avait été assis à la place du mort? J’entends leur cri “à Dieu ne plaise!”. Bien sûr, à Dieu ne plaise pour vos enfants, mais tant pis pour ceux des autres, n’est-ce pas?!
Budget ou pas budget, il y a des mesures urgentes à prendre et auxquelles M. Murr devrait prêter davantage attention. 
1) D’abord, exiger la réfection de l’autoroute du Nord - la plus meurtrière - qui, à certains endroits, serait encore bien trop dangereuse pour un championnat de stock-cars.
2) - Multiplier les patrouilles, avec des motards prêts à intervenir pour poursuivre un contrevenant qui prendrait la fuite.
3) - Equiper les routes, du moins les plus fréquentées, de caméras et les centres de contrôle de radars.
4) - Délivrer avec chaque permis de conduire une sorte de carnet de route qui devrait nécessairement être exhibé en cas d’interpellation et où seraient inscrites les infractions commises au fur et à mesure.
5) - Alcotest et test anti-drogue.
6) - Interdire l’importation de voitures non équipées d’au moins deux air-bags, pour les sièges de l’avant.
7) - Rendre obligatoire l’emploi des ceintures de sécurité.
8) - Aggraver les peines encourues: allant de l’arrêt du contrevenant sur le bas-côté de la route deux ou même cinq heures, jusqu’à la prison ferme, en passant par le retrait du permis et la confiscation du véhicule, assortis de très lourdes amendes.
9) - en Arabie séoudite, m’a-t-on dit, aucun garage n’est autorisé à effectuer une réparation, si la voiture accidentée n’est pas accompagnée d’un constat dressé par un expert assermenté. Ceci pour empêcher une éventuelle fuite du chauffeur. Pourquoi ne pas adopter cette mesure?
Messieurs les responsables, vos enfants conduisent et vos petits-enfants sont sans doute en âge de le faire. Les enfants du président, ceux de vos collègues aussi, les enfants des millionnaires comme ceux des citoyens moyens, ceux des hauts personnages influents comme ceux des anonymes. Vous ne voudriez pas avoir un jour à être réveillés à 3 heures du matin - ou être appelés à n’importe quelle heure - pour vous rendre à la morgue et n’en sortir que derrière un cercueil...
Monsieur le ministre de l’Intérieur, vous qui savez si bien donner du poing sur la table, imposez des mesures drastiques, exigez les crédits nécessaires pour faire baisser le taux affolant des accidents mortels, surtout de jeunes.

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