POLITIQUE ET RELIGION

par EDOUARD BASSIL
Le Liban qui vibre avec toutes les ethnies et les minorités dans le monde, ne reste pas insensible au drame des peuples yougoslave et kosovar dont les épreuves auraient pu être épargnées, si leurs gouvernants avaient pu mettre une sourdine à leurs antagonismes et parvenir à un consensus national.
Ainsi, après les prélats catholiques, les hommes de religion grecs-orthodoxes ont évoqué dans leurs homélies pascales le drame de la Yougoslavie, sans manquer de la comparer au nôtre. Ce en quoi, ils n’ont pas tout à fait tort.
Chez nous, aussi, on a joué tant et si bien sur la corde confessionnelle, que notre sale guerre n’a pu être évitée, en dépit d’incalculables cessez-le-feu chacun n’ayant pas tenu, parfois même le temps d’une nuit.
Il en fut de même au Kosovo où on ne cesse de parler d’épuration ethnique, les fomentateurs de troubles visant à chasser une catégorie déterminée de la population de leurs foyers et de leurs villages... Il y a eu, à certains moments, des appels (de  Belgrade) aux sinistrés de réintégrer leurs maisons et leurs terres. Mais ces appels se sont perdus comme autant de cris dans le désert, car ceux à qui ils étaient adressés, ont eu peur de revenir, de crainte qu’on s’en serve comme un bouclier humain contre les frappes aériennes de l’OTAN...
Les prélats tant catholiques qu’orthodoxes ont condamné les destructions, les génocides et les persécutions de la part des serbes ou des kosovars; ainsi que “le complot ourdi par l’OTAN visant à démembrer le Yougoslavie en petites entités confessionnelles.”
Cependant, dans son prêche du vendredi, l’imam Chamseddine, président du Conseil supérieur chiite, a appelé les Eglises catholique et orthodoxe “à considérer ce conflit des Balkans sous le seul angle de la justice et non d’une quelconque solidarité religieuse”.
La voix de la raison finira-t-elle par l’emporter (à Belgrade et au Kosovo) sur celle de la haine et de la passion?

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