DANS UN ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC “LA REVUE DU LIBAN”

LE PRÉSIDENT ZEIN EL-ABIDINE BEN ALI À MELHEM KARAM:

 LES PROCHAINES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES CONSOLIDERONT LA PRATIQUE DÉMOCRATIQUE EN TUNISIE


La Tunisie est devenue    le milieu et la partie acceptés par tous. Quand une dissension a éclaté autour du siège de la Ligue arabe, suite à l’accord de Camp David en 1979, la capitale tunisienne a été choisie unanimement à la place du Caire. De même, lorsque les Palestiniens ont été repoussés en 1982 un peu partout, Tunis leur a offert son hospitalité, en leur ouvrant son cœur et sa terre. Cette position, le président Zein el-Abidine Ben Ali l’a raffermie, donnant ainsi la mesure de sa bonté, de son affection et de sa haute moralité, ainsi que de la force de son leadership.
Zein el-Abidine Ben Ali n’a aucun jour ignoré les problèmes de son temps. Il est resté toujours proche des problèmes du peuple, sa démocratie étant apparue clairement dans ses comportements et sa manière d’agir. Aussi, a-t-il eu des prises de position populaires collées à la collectivité, traduisant beaucoup d’aspirations et ce, avec un procédé souple, alternant entre l’aspect sain du leadership et l’affection sublime, 
ce qui a donné à son leadership un cachet spécial 
unique en son genre.
Il se distingue par le réalisme et il n’y a rien d’étrange en cela, lui dont l’action et les efforts se poursuivent sans arrêt, vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans la discrétion, se souciant de ne pas médiatiser ses réalisations.
Notre visite à Tunis n’avait pas pour but d’observer un leader ou son action, mais d’assister au miracle du leadership quand il est pris en main par Zein el-Abidine Ben Ali.
Ce président aimant la perfection et s’imposant un style de vie exténuant qu’il pratique avec bonheur, ressent le bien-être dans l’action et le repos dans la fatigue. C’est un malade du perfectionnisme tendant toujours vers le meilleur et le mieux-être. Pour lui, le début de la décision commence par un mot qui est, à son sens, l’expression de l’exécution en laquelle a foi Zein el-Abidine Ben Ali, à travers une histoire de don de soi.
Point de faiblesse dans l’âme, ni de morosité dans la vision, mais un optimisme ayant vécu sur le soleil et la lumière qui éclaire tout autour de lui tel un phare.
Monsieur le Président, vous avez agrandi votre souci à deux reprises: la première fois, en portant les charges pour votre peuple et la seconde fois, en lui prodiguant bien des promesses que vous vous êtes employé à tenir.
Ceci dans l’absolu. Quant à Zein el-Abidine l’homme et le chef, il dispose d’une volonté et d’une détermination qui lui permettent de surmonter toutes les difficultés. Que Dieu lui vienne en aide.
Le président Zein el-Abidine estime que sa visite au Maroc a été réussie, sa rencontre avec son frère le roi Hassan II leur ayant permis d’examiner les questions de l’heure en profondeur et avec une large vision.
Puis, la visite de Mme Hillary Clinton à Tunis a atteint ses objectifs. La Première Américaine lui a fait part de la gratitude que voue la femme partout dans le monde au président Zein el-Abidine, pour les réalisations qu’il a accomplies en sa faveur comme pour ses prises de position aux plans local et mondial, en vue de la soutenir.
Au palais de la Présidence à Carthage et au cours d’une longue rencontre à laquelle a assisté le ministre Abdel-Wahab Abdallah, a eu lieu cet entretien entre le président Zein el-Abidine Ben Ali et Melhem Karam.

DONNER UN NOUVEAU SOUFFLE À L’UMA
Monsieur le Président, vous avez chargé récemment le ministre des Affaires étrangères d’une mission auprès des dirigeants des Etats de l’Union du Maghreb arabe, après votre visite au Maroc. Est-il possible de redonner vie à l’Union maghrébine et quels sont les facteurs qui s’y opposent, d’autant plus que la région est confrontée, désormais, à l’Union européenne et à sa monnaie unique?
Si l’activité de l’UMA a connu, ces dernières années, une relative stagnation engendrée par des difficultés et des considérations d’ordre interne et externe, les dirigeants des pays de l’Union n’en ont pas moins la volonté de faire revivre cet ensemble et de lui donner un nouveau souffle.
J’ai perçu cette conviction auprès de mon frère, Sa Majesté le roi Hassan II, au cours de la visite d’Etat que j’ai effectuée, dernièrement au royaume du Maroc et qui nous a permis d’échanger nos points de vue au sujet des voies et moyens d’impulser le processus de l’Union et de dynamiser ses structures et ses institutions.
Nous sommes convaincus que toute action bilatérale, dans le cadre maghrébin complète, nécessairement, l’action commune au sein de l’UMA dont nous considérons les mécanismes et les structures comme le meilleur cadre pour la conjonction des efforts, en vue de faire évoluer la situation de nos pays et de les préparer en vue de répondre aux impératifs du présent et à faire face aux défis de l’avenir.
Au premier rang de ces défis, il y a le partenariat méditerranéen que nous sommes en train d’instaurer sur la base de la coopération, de la solidarité et de la stabilité, entre les deux rives de la Méditerranée dont les pays de l’UMA représentent l’une des composantes principales.
La Tunisie qui a fait du projet de l’Union du Maghreb arabe un choix stratégique, considère que le retard pris par le processus d’édification de l’UMA ne peut justifier une remise en question de cet acquis qui constitue une aspiration de tous les peuples maghrébins.
Les obstacles qui empêchent, actuellement, l’UMA d’accomplir au mieux son rôle, ne doivent pas entamer notre détermination d’aller de l’avant dans la réalisation de cet ambitieux projet de civilisation exigeant persévérance et long souffle, à l’instar d’autres regroupements proches de notre région parvenus, comme c’est le cas de l’Union européenne, à mettre en place un programme pratique pour unifier leurs monnaies.
Face aux développements qui se succèdent dans notre environnement proche et lointain, en particulier au niveau de l’Union européenne, cette conviction devient encore plus pressante; d’où la nécessité d’exploiter, judicieusement, en commun les potentialités de nos pays maghrébins, pour faire de l’Union du Maghreb arabe un interlocuteur apte à assumer pleinement son rôle, dans l’instauration d’un dialogue qui prenne en compte, préserve ses intérêts et ses spécificités et réponde aux attentes de ses peuples; que ce soit avec l’Union européenne, dans le cadre du processus de Barcelone ou encore à la faveur des perspectives du partenariat à l’échelle mondiale.
Les fondements que nous avons mis en place lors de notre visite au Maroc frère pour établir une zone de libre-échange entre nos deux pays, constituent un premier pas effectif que nous espérons voir s’élargir pour englober les autres partenaires de l’Union, afin d’accroître la capacité de nos pays à nouer une coopération positive avec les groupements économiques, notamment ceux avec lesquels nous entretenons des relations traditionnelles de par le voisinage.

NOUS AVONS VOULU LA RÉFORME AMBITIEUSE,
RÉPONDANT À NOS VALEURS DE CIVILISATION,
CONSACRANT LA MODÉRATION, LE DIALOGUE
ET LA TOLÉRANCE

 LE DRAME DU KOSOVO, UN DRAME HUMAIN
INACCEPTABLE, SA SOLUTION ÉTANT DANS
LE CADRE DE LA LÉGALITÉ INTERNATIONALE

NOUVEAU PACTE NATIONAL
Vous avez pris en Tunisie des mesures d’ouverture dans le domaine politique et concernant vos relations avec l’Europe. Quel en a été l’impact sur l’économie tunisienne et sur les conditions de vie du citoyen tunisien?
La Tunisie s’apprête à accueillir un nouveau siècle, après s’être dotée des facteurs qui lui permettent de regarder l’avenir avec confiance, grâce à la stabilité qu’elle s’est assurée et aux changements profonds opérés au niveau des esprits, des structures, des mécanismes d’action et de développement, ainsi que sur le plan du vécu et du comportement des Tunisiens.
A la faveur de onze années de changement - laps de temps fort court par rapport à la vie des peuples - la Tunisie a connu, dans le domaine politique, de grandes réformes qui ont permis de renforcer la démocratie, le pluralisme et les droits de l’homme, de conforter l’Etat de droit et d’ouvrir la voie de la participation devant tous les Tunisiens.
Parmi les illustrations de cette nouvelle dynamique politique, je citerais notre initiative de mise en place d’un pacte national signé par les partis, les organisations nationales et l’ensemble des composantes de la société civile et consacrant leur entente sur un ensemble de valeurs et de constantes.
Nous avons, également, réalisé des réformes politiques profondes et globales qui ont, essentiellement, porté sur l’amendement des lois organisant les élections, afin de consacrer le pluralisme au sein du parlement et des conseils municipaux. C’est ce qui a été, effectivement, concrétisé, le parlement tunisien ayant enregistré, pour la première fois, la présence de députés des partis d’opposition.
En vue de renforcer davantage cette orientation, nous avons pris l’initiative de conforter les chances de l’opposition durant les élections qui se dérouleront le 24 octobre prochain de manière à lui garantir au moins 20 pour cent de l’ensemble des sièges au sein du parlement et des conseils municipaux. De plus, nous avons engagé des procédures d’amendement de la Constitution afin de garantir la pluralité des candidatures aux prochaines élections présidentielles.
Dans le souci d’être au diapason de l’évolution politique de la société tunisienne et des aspirations du peuple, il a été procédé à une révision de la Constitution pour élargir le champ du recours au référendum et permettre à tous les Tunisiens d’exprimer, directement, leur avis concernant les questions engageant l’avenir du pays. Par ailleurs, le Conseil constitutionnel que nous avons créé au lendemain du 7 novembre 1987, a été inscrit dans le texte de la Constitution et son rôle a été renforcé de manière à rendre ses décisions contraignantes pour tous les pouvoirs publics. Sur un autre plan, nous avons accordé à la protection des droits de l’homme, au développement de leurs mécanismes et à la diffusion de leur culture à une plus large échelle, une place majeure dans notre programme politique, étant fermement convaincus que la dignité de l’homme ne peut s’accomplir sans ces droits. Nous n’avons pas fait de distinction entre les droits politiques et civils, d’une part; les droits économiques et culturels, d’autre part, mais avons œuvré à les promouvoir en même temps dans le texte et la pratique.

NOUVEAUX DÉFIS À CONFRONTER
Ce climat politique privilégié a eu un rôle déterminant dans l’instauration de la stabilité et de la sécurité, ainsi que dans l’établissement d’une plate-forme ayant permis à la Tunisie d’accéder à un nouveau statut l’habilitant à être, en 1995, le premier pays de la rive sud de la Méditerranée, à signer un accord d’association avec l’Union européenne. Ceci nous conduit au second volet de la question qui se rapporte aux nouveaux pas franchis par notre pays dans ses relations avec l’Europe et à leur impact sur l’économie tunisienne.
Autant le fait que la Tunisie ait été la première à signer un accord d’association avec l’Union européenne reflète sa crédibilité politique et économique sur la scène européenne, autant il nous confronte à de nouveaux défis dont nous avons, très tôt, pris conscience. Nous nous sommes, donc, engagés dans un programme de mise à niveau intégrale, à travers l’approfondissement des réformes, le renforcement des compétences des ressources humaines, le développement de l’infrastructure et l’encadrement du secteur de la production, dans le but d’améliorer le rendement de ses unités quantitativement et qualitativement, de manière à consolider notre invulnérabilité économique et à conforter la capacité du pays de mieux se positionner dans une économie mondiale devenue de plus en plus complexe et évoluant progressivement vers une intégration à grande échelle des économies nationales au sein de regroupements régionaux et à l’échelle mondiale.
Nous n’avons pas voulu nous engager dans cette étape sans un filet de sécurité que constitue l’étroite corrélation entre les dimensions économiques et sociales dans nos différentes réformes économiques. En effet, si importantes que soient ces réformes économiques, elles ne peuvent assurer l’équilibre social, si elles ne sont pas étayées par une politique sociale cohérente et une vision humaniste authentique.
Autant nous sommes conscients, en Tunisie, du fait que la mondialisation nécessite un effort constant pour adapter les structures économiques, les moderniser et développer leur compétitivité, autant nous réalisons les dangers qu’elle implique au plan social. C’est pourquoi, nous œuvrons au renforcement des mécanismes de protection sociale et de solidarité afin de promouvoir les conditions de vie des citoyens et de protéger les catégories sociales les plus exposées à l’exclusion et à la marginalisation.

TOUTE ACTION BILATÉRALE DANS LE CADRE
MAGHRÉBIN COMPLÈTE, NÉCESSAIREMENT,
L’ACTION COLLECTIVE AU SEIN DE L’UMA

PRÉLUDE AU RELÈVEMENT DES DÉFIS,
LE PARTENARIAT SUR BASE D’UNE COOPÉRATION
ENTRE LES DEUX RIVES DE LA MÉDITERRANÉE

RÉFORME ÉCONOMIQUE ET AMÉLIORATION DU NIVEAU DE VIE
Les institutions financières et monétaires internationales relèvent des indices positifs et croissants en matière d’amélioration des conditions sociales, des services et l’infrastructure en Tunisie. Pouvez-vous résumer les réalisations accomplies par l’économie tunisienne en matière d’amélioration des conditions de vie et de renforcement des couches sociales moyennes sur lesquelles repose votre projet de changement?
Les pas importants que nous avons franchis sur la voie de la réforme économique, de l’amélioration du niveau de vie des Tunisiens et du renforcement et de l’élargissement de la classe moyenne constituent désormais, de l’avis des experts, les fondements du modèle tunisien devenu source de référence, objet d’intérêt et d’étude au sein des instances spécialisées et dans les pays frères et amis.
Les chiffres et les indicateurs économiques attestent le saut spectaculaire réalisé au niveau de l’amélioration des conditions de vie du citoyen tunisien, dont le revenu par habitant est passé de 1.059 dollars en 1987 à 2.428 dollars en 1998, tandis que le taux de croissance du produit intérieur brut a augmenté pour atteindre une moyenne de 5% par an au cours des dix dernières années.
Les multiples réformes, encouragements et incitations que nous avons promulgués afin de donner une impulsion à l’investissement, à la production et à l’exportation, ont eu un effet positif et ont permis d’aménager la plate-forme idoine pour asseoir une culture économique fondée sur l’esprit d’initiative et la propension vers le mieux constant.
Etant convaincus que l’homme est la finalité première de toutes nos actions et de tous nos programmes de développement, nous avons accordé à la dimension sociale une place privilégiée dans notre approche de développement intégral et avons mis en œuvre une politique cohérente et multidimensionnelle. Nous avons, de la sorte, dépassé la vision classique des institutions internationales de financement et la conception ultra libérale qui considère la dimension sociale et humaine du développement comme de simples compléments à la dimension économique.
Il s’agit, en l’occurrence, de l’un des aspects de l’originalité du modèle tunisien, qui a été précurseur dans ce domaine, d’autant que l’attitude de ces organismes vis-à-vis de cette question n’a commencé à évoluer qu’au cours de ces dernières années, dans leurs écrits et rapports.
Partant de cette conviction, nous avons œuvré à garantir les droits sociaux du Tunisien, notamment, son droit à la santé, à l’enseignement, à l’emploi et au logement et avons accordé un intérêt particulier aux programmes sociaux destinés aux catégories vulnérables. Nous avons réalisé, grâce à cette démarche, des performances remarquables dans plusieurs domaines sociaux, tels que l’enseignement devenu obligatoire depuis 1991, avec un taux de scolarisation de 99% pour les enfants âgés de 6 ans, filles et garçons.

TAUX DE PAUVRETÉ RÉDUIT À 6%
La classe moyenne représente 80% de la population et plus de 80% des Tunisiens sont propriétaires de leurs logements.
Nous avons réussi à réduire le taux de pauvreté qui a été en 1985 de l’ordre de 11,2% et n’est plus que de 6% à l’heure actuelle.
Dans le but de consolider les efforts dans ce domaine, nous avons conçu de nouveaux mécanismes et de nouvelles structures, tels que le Fonds de Solidarité Nationale (26-26) dont les ressources proviennent des dons des citoyens, des associations, des organisations et des entreprises. Ce fonds intervient dans les zones les plus défavorisées en redéfinissant les priorités et en palliant les insuffisances, de manière à intégrer progressivement les populations de ces régions dans le circuit économique et le processus de développement intégral.
928 zones d’ombre, qui représentent plus de 80% des régions ciblées ont, jusqu’à la fin de 1998, profité des interventions de ce fonds sortant ainsi de leur isolement et bénéficiant des attributs d’une vie décente.
Nous avons créé, également, la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS), afin d’accorder des prêts à des conditions préférentielles aux petits promoteurs dépourvus de garanties, leur permettant d’emprunter auprès des banques commerciales et ce, dans le but de contribuer à l’effort national qui est déployé, afin d’assurer des sources de revenus à tous les Tunisiens et de donner un contenu concret aux concepts de justice sociale et de vie décente.
Nous poursuivons les efforts dans ce sens et avons ordonné, récemment, de créer un nouveau système de micro-crédits selon des formules qui seront définies prochainement, afin de permettre aux associations de développement et aux organisations de soutien qui composent la société civile, d’aider les citoyens défavorisés notamment les jeunes, filles et garçons, à lancer des projets productifs personnels ou familiaux, pour les intégrer dans le circuit économique et leur offrir un revenu à même d’améliorer leur niveau de vie.

PLURALITÉ DES CANDIDATURES AUX PRÉSIDENTIELLES
Des élections présidentielles générales sont prévues cette année en Tunisie; vous avez ouvert la voie pour la première fois dans l’Histoire de la Tunisie à la pluralité des candidatures à ces élections. Quelles sont vos motivations à travers cette décision historique et qu’en attendez-vous?
Le processus de démocratie et de pluralisme politique en Tunisie est une œuvre que nous n’avons cessé de promouvoir et de consolider à la faveur de toutes les élections générales.
Nous avons conçu, dans ce sens, un projet de loi constitutionnelle qui favorise la pluralité des candidatures à la présidence de la République pour la première fois en Tunisie, dans le but de permettre au premier responsable de chaque parti politique exerçant cette responsabilité pendant cinq années au moins, à condition que son parti soit représenté à la Chambre des députés par au moins un député, de se porter candidat aux élections présidentielles qui se dérouleront le 24 octobre 1999.
La configuration actuelle de la Chambre des députés et des municipalités ne permet pas cette pluralité des candidatures, la Constitution du pays stipulant qu’une candidature ne peut être retenue que si elle est parrainée par au moins trente élus.
Notre décision d’introduire des dispositions exceptionnelles dans la Constitution va de pair avec notre conviction qu’une démocratie saine et durable ne peut être édifiée que graduellement, afin de prémunir la société contre les risques de discorde et de dissension.
La démocratie dans n’importe quel pays, ne peut se consolider que de façon progressive pour s’adapter, harmonieusement, aux différentes composantes et spécificités de son environnement. Nous sommes déterminés à faire en sorte que les prochaines élections présidentielles marquent une nouvelle étape importante sur la voie de l’enracinement de l’exercice démocratique et de la concrétisation de la volonté du peuple, tout en constituant un pari renouvelé permettant aux Tunisiens et aux Tunisiennes d’administrer la preuve de leur aptitude à le gagner.

LA TUNISIE A FAIT DE L’UNION DU MAGHREB
UNE OPTION STRATÉGIQUE ET LES ENTRAVES
NE DOIVENT PAS NOUS EMPÊCHER DE RÉALISER
CE PROJET AMBITIEUX.

TUNIS A ASSISTÉ À UNE GRANDE RÉFORME
AYANT SOUTENU LA DÉMOCRATIE,
LE PLURALISME ET L’HOMME

Quelles sont les grandes lignes de votre programme politique, économique et social de la nouvelle année et quelles sont les questions les plus urgentes sur votre agenda?
Bien que plusieurs réalisations aient été accomplies en Tunisie au cours des premières années du changement, nos ambitions restent encore plus grandes. Nous n’acceptons pas le langage de l’autosatisfaction. Chaque nouvel acquis et chaque nouveau pas confortent davantage nos ambitions et nos aspirations.
Dans le domaine politique, des échéances importantes nous attendent, dont la principale, comme je l’ai déjà mentionné, concerne les élections présidentielles et législatives dont nous veillons à ce qu’elles soient mises à profit pour donner une nouvelle impulsion au processus démocratique et consolider les fondements de l’action politique pluraliste. Nos efforts se poursuivront, afin de renforcer l’édifice des droits de l’homme dans la mesure où ils forment un système en perpétuelle évolution.
C’est dans ce contexte que nous avons ordonné, dernièrement, de modifier la législation pénale de manière à conforter les garanties dont doit bénéficier la personne humaine dans des situations particulières qui peuvent l’exposer à des exactions ou à des abus. Il s’agit, notamment, de la réduction de la période de la garde-à-vue ramenée à trois jours renouvelables une seule fois, de la création de la fonction de juge d’application des peines pour contrôler les conditions de leur exécution. Nous avons, en outre, décidé de consacrer le principe de la juridiction à double degré en matière criminelle, afin de raffermir les droits de la défense, en conformité avec le Pacte international des droits civils et politiques. Dans le même contexte, nous avons ordonné l’amendement de certaines dispositions du code pénal, en vue d’y inclure la définition de la torture, en conformité avec la convention pertinente des Nations Unies que notre pays a ratifiée sans aucune réserve.
Sur le plan économique, nous avons placé l’étape à venir sous le signe de la mise à niveau intégrale, de manière à mettre en place un tissu économique sain et évolué capable de faire face à la concurrence internationale, d’assurer le progrès du pays et de relever les défis à venir.
Parmi les questions importantes qui nous préoccupent, figure la question de l’emploi. Les demandes additionnelles d’emploi ne cessent d’augmenter d’un plan à l’autre avec l’entrée, sur le marché du travail, d’un grand nombre d’étudiants, nouveaux diplômés des universités et des écoles supérieures, ainsi que d’anciens diplômés encore dépourvus d’expérience professionnelle. Outre les réformes que nous avons introduites dans le système de l’enseignement et de la formation, dans le but d’améliorer leurs rendements et de leur conférer davantage d’efficience en vue de mieux préparer les diplômés et de répondre aux besoins de l’économie, nous poursuivrons nos efforts, afin de conforter nos programmes de développement et les moyens de mise à niveau et d’intégration, pour assurer davantage de rapprochement entre l’offre et la demande d’emploi, au niveau de la quantité et de la qualité et de garantir l’efficience de l’action de développement dont la finalité ultime est la promotion de l’homme.

LE PLURALISME, RÉALITÉ CONCRÈTE EN TUNISIE
Le paysage politique tunisien confirme l’existence d’une opposition politique. Cette opposition ne semble pas cependant incisive. Comment expliquez-vous cette situation? Où en est exactement la Tunisie de la démocratie et de la liberté d’expression?
Le pluralisme est aujourd’hui une réalité concrète dans notre pays. A côté du Rassemblement constitutionnel démocratique existent six partis d’opposition qui enrichissent la vie politique.
Tout observateur qui suit la situation en Tunisie remarque, aisément, que le pluralisme, choix fondamental dans notre politique, est devenu l’une des priorités de la réforme intégrale que nous sommes en train de réaliser avec assurance et modération, en fonction du niveau de maturité et de conscience de notre peuple.
Vous n’êtes pas sans savoir que les partis et les différentes sensibilités politiques participent à la vie publique du pays, à travers le dialogue et la concertation continus pour le traitement des questions nationales. Nous sommes convaincus que les divergences d’opinions et d’approches constituent la particularité de notre expérience en Tunisie dans laquelle les forces vives se rassemblent autour de constantes et de dénominateurs communs à tous les Tunisiens et que nous avons mis à l’abri de toutes surenchères.
Dans le but de renforcer la présence de l’opposition et de dynamiser son rôle sur la scène politique, nous avons décidé plusieurs mesures destinées à consolider la représentation de l’opposition au sein du parlement et des conseils municipaux, selon la formule que j’ai déjà explicitée. D’autres mesures concrètes ont été prises pour développer la presse des partis d’opposition à travers la prise en charge d’une partie importante des frais d’édition de leurs journaux, pour aider ces partis à faire connaître leurs positions et leurs activités.
Nous sommes convaincus que les opportunités qu’offriront les prochaines échéances électorales dans les domaines de la confrontation des programmes, des idées et des approches et la présentation des solutions alternatives concrètes, sont de nature à consolider la position des partis d’opposition et à renforcer leur capacité d’encadrement au sein de la société.

LA NOUVELLE ACTION POLITIQUE S’EST CONCRÉTISÉE
PAR L’ÉLABORATION D’UN PACTE NATIONAL AUQUEL ONT SOUSCRIT
LES PARTIS. IL A CONSOLIDÉ L’ENTENTE AUTOUR  DES VALEURS ET
DES CONSTANTES NATIONALES POUR RÉALISER LE PLURALISME

POUR LA PREMIÈRE FOIS, DES DÉPUTÉS
DE L’OPPOSITION SIÈGENT AU PARLEMENT

 NOUS AVONS RENFORCÉ LES CHANCES DE
L’OPPOSITION AUX ÉLECTIONS D’OCTOBRE
ET ELLE DISPOSERA DE VINGT POUR CENT DES SIÈGES

 NOUS AVONS ACCORDÉ UNE ATTENTION PARTICULIÈRE
AUX DROITS DE L’HOMME DANS NOTRE PROGRAMME POLITIQUE

L’ACCORD DE PARTENARIAT AVEC L’UNION
EUROPÉENNE A EU UNE INFLUENCE
POSITIVE SUR L’ÉCONOMIE TUNISIENNE

 99% DES JEUNES TUNISIENS SONT ADMIS
DANS LES ÉCOLES ET LA CLASSE MOYENNE
REPRÉSENTE 80% DE LA POPULATION

NOUS SOMMES DÉTERMINÉS À ŒUVRER DE
MANIÈRE À CE QUE LES PROCHAINES PRÉSIDENTIELLES
CONSOLIDENT LA PRATIQUE DÉMOCRATIQUE

RÉFORME AMBITIEUSE DU SYSTÈME ÉDUCATIF
Etes-vous satisfait des résultats des changements apportés aux programmes d’enseignement en Tunisie en vue de protéger les nouvelles générations des visées politiques inacceptables que recelait la méthode passéiste archaïque?
Nous avons opté depuis le changement du 7 novembre 1987 pour la révision des programmes d’enseignement et pour l’élévation de l’institution éducative au niveau des espoirs que nous fondons sur cette institution quant au soutien qu’elle est appelée à apporter à l’effort national par la conciliation entre l’édification de la société démocratique et la réalisation du développement à un rythme soutenu.
L’objectif que nous visions était d’initier nos jeunes à l’effort et de leur insuffler l’aspiration au mieux, loin de tout autoritarisme ou despotisme intellectuel, convaincus que nous sommes du fait que l’esprit formé aux vertus de tolérance, de solidarité, d’amour du bien, de justice et de devoir, développe chez les jeunes générations le sens de l’autonomie et de l’initiative, renforce en elles le sentiment patriotique et la fierté d’appartenance identitaire.
Nous sommes, aujourd’hui, en droit de nous enorgueillir des résultats de la réforme du système éducatif que nous avons entreprise et qui a transformé nos écoles en pôle de savoir où nos jeunes sont éduqués conformément aux valeurs arabo-musulmanes authentiques et aux nobles principes humanitaires et où ils acquièrent les connaissances les plus actuelles suivant les méthodes d’enseignement les plus adéquates et les moyens de transmission les plus efficaces. Nous avons, en effet, opté pour une réforme ambitieuse dans sa profondeur et son caractère global, répondant à nos valeurs civilisationnelles, régénérant la volonté et l’initiative et consacrant les principes de la modération, du dialogue et de la tolérance, de manière à protéger nos jeunes contre le fanatisme, l’extrémisme et la violence.
Nous pensons que la promotion du système éducatif doit être un effort continu, à la lumière de l’évolution accélérée que connaît la scène éducative mondiale. Aussi, avons-nous, constamment, œuvré pour être au diapason de ce progrès dans le souci de préserver le niveau de l’école tunisienne et de renforcer son efficacité. A cet effet, nous avons organisé une consultation nationale pour tracer les contours de l’école de demain, dans la perspective de la préparation rationnelle de l’avenir et la prospection précoce des grands changements prévisibles dans ce domaine.

LE DANGER INTÉGRISTE,  DÉFINITIVEMENT ÉCARTÉ
Il est unanimement admis aux plans arabe et international, que le danger intégriste a disparu en Tunisie. Existe-t-il certaines influences particulières de la part de pays d’obédience salafiste sur la situation en Tunisie?
Nous avons pu écarter totalement ce danger, la société tunisienne tout entière ayant rejeté l’extrémisme, le terrorisme et le fanatisme sous toutes leurs formes, dès lors qu’ils ne correspondent pas au tempérament même des Tunisiens dont tout le monde connaît l’ouverture d’esprit, la tolérance et la modération.
Le souffle réformateur régénéré et aux multiples dimensions qui a imprégné notre action au cours des onze dernières années et l’effort que nous avons déployé au cours de cette période pour mobiliser toutes les potentialités du pays au service de la communauté nationale, tout en étant attentif aux préoccupations de toutes les catégories sociales, en veillant à stimuler l’esprit de solidarité et d’initiative et à garantir les droits politiques et sociaux et les droits de l’homme, ont permis de tourner définitivement la page du danger intégriste auquel vous faites allusion et qui n’est plus qu’une vieille rengaine.
Au sujet de votre interrogation sur des influences particulières de pays de tendance passéiste sur la situation en Tunisie, nous pouvons affirmer, sans exagération aucune, que la Tunisie qui, tout au long de son Histoire, a montré qu’elle ne peut être un terrain propice à un quelconque extrémisme, est aujourd’hui un corps sain ayant acquis l’immunité voulue pour se préserver complètement de tels dangers.
Nous œuvrons, à cet égard, à inculquer aux jeunes générations les principes démocratiques, les droits de l’homme et les nobles préceptes de l’islam.

LA PAIX, UN CHOIX IRRÉVERSIBLE
Quelle est, actuellement, la position de la Tunisie vis-à-vis de la cause palestinienne dont elle avait abrité la direction pendant des années et quel rôle joue-t-elle dans le soutien de la position palestinienne face aux atermoiements israéliens?
La Tunisie qui a abrité sur son sol la direction palestinienne pendant plus d’une décennie, a accompagné le processus de paix, joué un rôle historique dans son démarrage et participé à toutes ses étapes, étant convaincue que la paix est un choix irréversible, seul garant de la sécurité de toutes les parties et de la sauvegarde de leurs intérêts.
Partant de cette conviction, nous exprimons aujourd’hui notre vive et profonde préoccupation devant le blocage de ce processus, en raison de l’entêtement de la partie israélienne qui, en se dérobant à ses engagements pris dans le cadre des accords d’Oslo et de Washington, a sapé les bases et les principes qui fondent le processus de paix accueilli, favorablement et soutenu par la communauté internationale.
La Tunisie, qui considère que l’interruption du processus de paix et le gel des accords y afférents augurent d’une résurgence des risques d’affrontement, de la violence et de l’instabilité dans la région, appelle de nouveau la communauté internationale et, plus particulièrement, les co-parrains de la paix à agir rapidement en vue d’amener Israël à respecter ses engagements internationaux, à s’en tenir aux principes qui ont présidé au processus de paix depuis son démarrage, notamment le principe de l’échange de la terre en contrepartie de la paix, à se conformer à la légitimité internationale et à mettre en application les résolutions du Conseil de Sécurité en la matière, afin de créer les conditions propices à l’évolution du procesus de paix sur tous les fronts et d’instaurer une paix globale et durable garantissant les droits des peuples de la région à vivre dans la sécurité et la quiétude.
La Tunisie réaffirme qu’elle demeurera d’un appui constamment solide au peuple palestinien dans sa lutte pour le recouvrement de ses droits légitimes et l’édification d’un Etat indépendant sur son sol avec pour capitale Al-Qods (Jérusalem).

LA SOLIDARITÉ ARABE AU CENTRE DE NOS PRIORITÉS
Quel rôle peut jouer la Tunisie dans la réussite de la solidarité arabe et quel degré peut atteindre cette solidarité au cours de cette période entre les pays arabes, d’une part et entre eux et l’Irak, la Libye et le Soudan soumis à l’embargo, d’autre part?
La conjoncture qui prévaut aujourd’hui dans le monde et les mutations de plus en plus rapides qui la caractérisent, nous commandent à tous de placer la solidarité arabe au centre de nos priorités. C’est ce que la Tunisie œuvre à consacrer à travers sa politique extérieure et son dialogue avec les pays frères, en vue de renforcer les liens de fraternité et de servir nos intérêts communs.
Notre pays qui est engagé par les questions qui intéressent la nation arabe, ne ménage aucun effort tant dans le cadre de la Ligue arabe qu’au niveau bilatéral, pour contribuer à la consolidation de la solidarité et de l’entente interarabes en bannissant tous les facteurs négatifs qui pourraient les affecter.
C’est pourquoi, nous renouvelons nos appels en faveur de la cessation des souffrances du peuple irakien frère dans les plus brefs délais, dans le cadre de solutions pacifiques, sur la base du recours à l’arbitrage de la légalité internationale, pour préserver la dignité du peuple irakien et son intégrité territoriale et pour lui permettre de vivre avec ses voisins dans un climat de paix, de fraternité et de respect mutuel. Nous espérons, dans ce contexte, voir se réaliser un règlement définitif du différend qui oppose la Jamahiriya Arabe Libyenne à certains pays occidentaux, pour pemettre la levée de l’embargo imposé au peuple libyen frère et mettre fin à ses souffrances dans les plus brefs délais après les développements positifs que cette affaire a connus récemment.

LES DIVERGENCES D’OPINION CARACTÉRISENT
NOTRE EXPÉRIENCE, LES PARTIS CONTRIBUANT
À L’ÉVOLUTION DE NOTRE VIE PUBLIQUE

LE GOUVERNEMENT D’ISRAËL A RENIÉ SES ENGAGEMENTS
DANS LE CADRE DES ACCORDS D’OSLO ET DE WASHINGTON,
TOUT EN TORPILLANT LES PRINCIPES DE L’OPÉRATION DE PAIX

NOUS SOUTENONS LA PRESSE DES PARTIS
D’OPPOSITION EN COUVRANT
UNE PARTIE DE SES FRAIS.

LA PAIX EST UNE OPTION IRRÉVERSIBLE,
CAR ELLE EST L’UNIQUE GARANTIE POUR
LA SÉCURITÉ DE TOUTES LES PARTIES
ET DE LEURS INTÉRÊTS

NOUS ADOPTONS LA RAISON CONTRE
LE FANATISME, LA PENSÉE CONTRE LE
TERRORISME ET LA CONSCIENCE
CONTRE LA VIOLENCE

LIBYE ET KOSOVO
Le colonel Mouammar Kazzafi vous a exprimé, à maintes reprises, notamment ces derniers temps, ses remerciements pour les efforts discrets et efficaces que vous avez déployés, en vue de mettre fin à l’épreuve que subit le peuple libyen du fait de l’embargo, efforts qui ont été concrétisés par vos appels répétés à une solution juste et honorable de l’affaire Lockerbie.
Nous savons mieux que quiconque, que nos frères libyens ont enduré les plus dures épreuves du fait de l’embargo imposé à la Jamahiriya. Nous nous sommes employés, dans la pleine mesure de ce que nous imposent nos solides liens de fraternité, à alléger les effets de ces épreuves qui ont affecté nos frères dans leur vie quotidienne et entravé le rôle de la Jamahiriya dans le cadre de ses relations internationales.
Nous n’avons ménagé aucun effort pour appeler, en toutes occasions et au sein de toutes les instances, à tous les niveaux et à travers tous nos contacts, à mettre fin à cet embargo. Nous nous sommes réjouis de voir le peuple libyen et sa sage direction parvenir à une formule satisfaisante et honorable pour le règlement de cette affaire qui n’a que trop duré, afin de dépasser les répercussions de cette épreuve, de consolider le rôle de la Libye sœur sur le plan international et de renforcer sa contribution à la réalisation des objectifs de complémentarité et d’entraide auxquels nous aspirons tous aux niveaux maghrébin, arabe et africain.
L’attention du monde est braquée sur la situation au Kosovo où les opérations d’épuration et de déportation massive des populations de cette région se poursuivent. Quelle est votre position vis-à-vis de ces développements?
Nous avons suivi, en Tunisie, avec préoccupation le drame humain intolérable que vivent les populations du Kosovo et qui rappelle à notre mémoire une époque de triste souvenir, du fait de l’entêtement des autorités serbes. La Tunisie qui ne voit aucune solution à ce conflit en dehors des cadres pacifiques de la légalité internationale, réitère ses appels au gouvernement yougoslave pour mettre fin, immédiatement, à ces agissements et reconnaître les droits légitimes du peuple du Kosovo, y compris le droit de vivre en paix.
Nous sommes disposés à participer, avec tous les moyens qui sont en notre pouvoir, à tout effort de l’ONU visant à garantir la sécurité et la paix au Kosovo, le retour des réfugiés et à contribuer à assurer la stabilité dans la région. 


Home
Home