18 AVRIL 96 - 18 AVRIL 99

LA “JOURNÉE DE CANA” AU KESROUAN:
DÉNONCIATION DES MASSACRES ET APPUI À LA RÉSISTANCE


La “Journée de Cana” a été marquée au Kesrouan par une séance oratoire qui a été organisée par la revue “Kesrouan”, dans la salle de conférences du collège des Apôtres à Jounieh, sous le patronage du chef de l’Etat qui s’est fait représenter par M. Sleiman Traboulsi, ministre des Ressources hydrauliques et électriques; MM. Camille Ziadé, député de la circonscription et Hassan Chalak, ministre de la Réforme administrative ayant représenté les présidents de la Chambre et du Conseil. On notait la présence de plusieurs députés; du R.P. Georges Harb, délégué par S.Em. le cardinal Nasrallah Sfeir; des représentants du commandant en chef de l’Armée, du directeur général de la Sécurité d’Etat, ainsi que des présidents de municipalités, de chefs de partis et d’associations culturelles venus de diverses régions du pays.
 
 

M. Sleiman Traboulsi, représentant
le chef de l’Etat, saluant la garde d’honneur.

Une vue de l’assistance; au premier plan, 
les représentants des présidents 
de la République, de l’Assemblée 
et du Conseil.Riad 

Après l’hymne national, l’assistance a observé une minute de silence en mémoire des martyrs de Cana. Puis, le Dr Youwakim Abou-Lahdo a présenté les orateurs.
Premier à prendre la parole, l’uléma Mohamed Hassan el-Amine a remercié la revue ayant organisé le meeting et le collège des Apôtres avant d’ajouter: “En cette journée nationale, le Liban a pu par la force de l’affiliation à la patrie, faire face aux armes et aux avions de l’ennemi.
“Avec l’avènement de ce régime, nous nous rapprochons vers la complémentarité entre l’action de la Résistance sur le terrain et l’action de la résistance politique. Le destin de ce régime est d’incarner la résistance dans l’édification de l’Etat et la réforme; d’assumer les missions qui incombent à toute révolution blanche celle-ci aurait pu être rouge, si le Liban n’avait pas assisté à l’émergence de ce régime. Il se doit d’édifier l’Etat de la loi et des institutions, à la place de l’Etat des quotas et de l’Etat-ferme; autrement dit, de jeter les bases de la réforme du système confessionnel et politique.”
Evoquant le massacre de Cana et la profondeur de sa blessure, M. Tammam Salam, député de Beyrouth, a dit: “La longue guerre du Liban nous a appris que la patrie ne peut être annihilée par une sédition religieuse, une guerre civile ou la destruction de l’homme et de la pierre.
“L’épreuve de Cana nous fait prendre conscience à tous que la blessure du Sud et de la Békaa-ouest ne cesse de saigner; que la patrie ne recouvrera pas la vitalité sans la libération totale du territoire.
“Israël a exercé sur nous des pressions pour nous contraindre à souscrire à ses conditions, quand il a perpétré le crime de Cana. Aujourd’hui, il réitère ses pressions à Arnoun, Chébaa et dans les villages sudistes, mais il ravive l’esprit de la résistance et trouve en face de lui des jeunes luttant en vue de la libération.
“Nous assistons, actuellement, à une relance de l’action patriotique ayant à sa tête un homme qui réalise le sens de la libération et connaît la valeur de la résistance; un homme ayant donné la preuve de son aptitude à rassembler les citoyens et prouvé sa crédibilité dans la restructuration de l’armée du Liban, dont il a fait le rempart de la patrie. Dans son discours d’investiture, le président Lahoud a porté la responsabilité du commandement, tout en poussant les Libanais à rallier le mouvement de la Résistance, de la libération et de l’édification nationale.”

ENTRE ARNOUN ET CANA
M. Khalil Hraoui, député de Zahlé, constate que l’espace géographique entre Cana et Arnoun est court, alors que l’esprit de solidarité au plan populaire et le soutien à la Résistance ne cessent de s’élargir. “Cet esprit et ce soutien, poursuit-il, qui se sont renforcés après Cana, ont aidé à faire évoluer le concept de la résistance du peuple face à l’occupation, faisant de la résistance une ligne stratégique, l’engagement vis-à-vis d’elle se reflétant à tous les niveaux tant militaire, qu’économique. L’équi-libre stratégique avec l’ennemi est un objectif fondamental qu’il faut atteindre à tout prix.”
“De là, enchaîne-t-il, l’appel lancé par le président Emile Lahoud invitant tous les citoyens à se solidariser et à se regrouper autour du projet de l’Etat fort et moderne. Nous sommes tous appelés à nous associer au processus de l’édification et de la réforme qui reposent sur trois piliers essentiels, à savoir: le citoyen en tant que force active; l’investisseur en tant que force financière et les responsables à qui incombe la responsabilité de prendre la décision politique.”
A son tour, M. Talal Arslan, député d’Aley, constate que le massacre de Cana a unifié les Libanais, toutes communautés et tendances politiques confondues. “Ceci a accentué notre foi en ce que l’occupant israélien n’établit pas de distinction entre un Libanais et un autre. Tous nous sommes visés et les temps sont difficiles, la confrontation avec l’ennemi restera ouverte jusqu’à ce qu’il reconnaisse notre droit à l’existence.”


L’uléma el-Amine, MM. Zaher el-Khatib,
Georges Frem et Rouchaïd el-Khazen.

Enfin, l’émir Talal appelle à la consolidation de l’unité nationale, “les divergences politiques internes ne devant pas excéder les limites de cette unité. Il nous faut, aussi, soutenir la Résistance héroïque, à l’ombre d’un Etat résistant ayant à sa tête un homme probe et capable.”
“Le Liban, a dit M. Zaher el-Khatib, député du Chouf, est fort par la résistance de ses fils, de son armée et l’aide de la Syrie, ainsi que l’a affirmé le chef de l’Etat .
“Au plan de la bataille du changement, le président Lahoud en a défini les cadres que voici: par la confrontation de ce qu’a légué le régime révolu quant à ses politiques non-scientifiques et inhumaines. D’autre part, par l’adoption de la loi comme critère à notre action dans tous les domaines pour pouvoir édifier l’Etat des institutions.”
Et d’ajouter: “La journée de Cana rassemble tous les Libanais, qu’ils soient du Sud, du Kersouan ou de toute autre région. Ils sont regroupés dans un Liban unifié après sa longue et dure épreuve. Cana et Kesrouan sont un nouveau point de départ dans la formulation de l’authenticité du Liban et le début du redressement de la société résistante.”
Proclamant son soutien illimité au nouveau régime, “parce qu’il s’emploie à édifier l’Etat des institutions”, M. el-Khatib engage l’opposition à agir sur base du projet du régime. “Je suis avec le régime, conclut-il, mais en me souciant de réparer les erreurs et de prémunir les citoyens de condition modeste et à revenu limité contre de nouveaux impôts et les surtaxes qu’ils sont incapables de supporter, parce qu’ils ont beaucoup enduré durant les six dernières années.”
M. Boutros Harb, député de Batroun, a prononcé le mot de la fin. Appelant à tirer les leçons du drame de Cana et de ce qui se passe, actuellement, à Arnoun, il souligne la nécessité d’accentuer l’éveil national, pour pouvoir édifier la patrie de l’homme dont nous rêvons.
“Le moment est venu pour la conscience nationale en éveil de s’imposer sur la scène politique, à l’effet de raffermir les concepts de la moralité, de la probité, de l’abnégation, de la compétence, de la justice et du patriotisme au plan politique et d’abolir les concepts de la duplicité, de l’immoralité, du profit et de la démagogie.”
Enfin, M. Issam Zogheib, propriétaire de la revue “Kesrouan”, a clôturé la séance oratoire par un mot inspiré de la circonstance.
 
DÉFILÉ DE PERSONNALITÉS ET DE DÉLÉGATIONS 
POPULAIRES AU CIMETIÈRE DE CANA
Le Liban a commémoré le troisième anniversaire du massacre de Cana qui, perpétré le 18 avril 1996 par les Israéliens, s’est soldé par plus d’une centaine de martyrs, pour la plupart des femmes, des enfants et des personnes du troisième âge.

Ceux-ci avaient cherché refuge au Q.G. du contingent fidjien de la FINUL où ils ont trouvé la mort, suite à son bombardement par l’artillerie ennemie.
A cette occasion, des manifestations ont marqué cette date mémorable: des calicots ont été tendus en travers des rues dans les villes et villages sudistes, portant des inscriptions réprouvant la sauvagerie d’Israël et demandant aux Nations Unies de lui infliger le châtiment qu’il mérite, à la dimension de son vil forfait.
Le chef de l’Etat et Mme Emile Lahoud, Mme Randa Berri, des ministres, des députés, etc... se sont rendus au village-martyr, pour se recueillir sur les tombes et les fleurir; suivis de nombreuses personnalités du monde politique, diplomatique, ainsi que de délégations populaires venues de toutes les régions libanaises où des “cérémonies du souvenir” ont été, également, organisées (voir le compte-rendu de la séance oratoire de Jounieh).
Les habitants de Cana ont fait une marche nocturne, tenant en main des bougies allumées qu’ils ont déposées sur les tombes, en hommage à leurs compatriotes qui ont payé de leur vie leur attachement à la terre des ancêtres.
Par la même occasion, le président Nabih Berri a placé sous son patronage la pose de la première pierre de la bibliothèque publique qui doit être construite à Cana, en coopération avec l’Université libanaise.
Le chef du Législatif a prononcé un discours de circonstance, par lequel il a engagé les Libanais, toutes communautés et tendances politiques confondues, à resserrer les rangs et à raffermir l’unité nationale, “pour déjouer les complots d’un ennemi pervers qui use de tous les moyens pour tenter de les diviser.”
 

Mmes Lahoud et Berri se recueillant 
devant les tombes des martyrs.
(Photos Ali Fawaz).


Mme Lahoud présentant ses 
condoléances aux mères des martyrs.


Mme Bahia Hariri fleurissant 
une tombe.

ANDRÉE LAHOUD FLEURIT LES TOMBES
A son arrivée, Mme Lahoud et la délégation qui l’accompagnait, formée de Mmes Randa Berri, Bahia Hariri, député de Saïda; de l’épouse du commandant en chef de l’Armée et des épouses de plusieurs ministres, députés et de diplomates, ont été accueillies par le président et les membres du conseil municipal de Cana; MM. Abdel-Majid Saleh, président du comité de commémoration des martyrs; Bilal Charara, directeur des affaires extérieures de l’Assemblée nationale; Hassan Hamdane, représentant des scouts du “Message islamique”, ainsi que par les familles des martyrs.
Mme Lahoud, très émue, a salué personnellement, un à un, les parents des victimes et les blessés.
Au nom des habitants de Cana, Mme Mona Haïdar a, dans son mot de bienvenue, souligné l’importance du martyre. Quant à M. Abdel-Majid Saleh, il a considéré les tombes des martyrs, comme “le symbole de la coexistence islamo-chrétienne.”
Après le mot de bienvenue de Mme Randa Berri, Mme Lahoud et la délégation ont visité le siège du commandement fidjien où les victimes sont tombées lors des bombardements israéliens.

MESSE À CANA
Une messe en mémoire des martyrs du Liban a été célébrée en l’église Saint Joseph à Cana par Mgr Youhanna Haddad, évêque melkite; en présence du président Berri, des députés, des notabilités sudistes et des dignitaires religieux de toutes les communautés nationales.
Dans son homélie, Mgr Haddad a réprouvé “l’odieux massacre d’innocents démunis de défense, tombés sous l’emblème et les couleurs des Nations Unies.”
 


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