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LE CAUCHEMAR DE LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE Les Serbes administrent des calmants à Ibrahim Rugova, leader du parti démocrate albanais, chef politique des Albanais du Kosovo placé en résidence surveillée; il lui est interdit de sortir en ville et de prendre contact avec ses adjoints. Pendant que la position de Slobodan Milosevic s’effondre, malgré son arrogance, le tyran joue sa dernière carte avec les Russes dont le président Clinton garantit la neutralité en contrepartie de sérieux avantages. En dépit des sept bâtiments dépêchés par la Russie en Méditerranée, pour juger de la situation sur place - ceci étant un comportement symbolique rappelant les procédés auxquels avaient recours l’Union soviétique et les Occidentaux lors de la guerre froide - cette démonstration de force au moyen des unités navales, a pour but de se jouer des nerfs de l’opinion publique internationale qui est prise rapidement sous le cauchemar de la troisième conflagration mondiale. Le Pentagone ne se fait guère de souci à ce sujet. Dans le passé, les navires américains ont manœuvré aux côtés des Russes sans différends, ni confrontation entre les deux parties. Les opérations militaires de l’OTAN se poursuivent, pendant que les manifestes et les tracts dénoncent et condamnent les violentes frappes aériennes, prenant pour cible les forces serbes au Kosovo. Alors qu’un nombre croissant d’experts militaires et d’hommes politiques procèdent à un sondage auprès de l’opinion publique. L’éventualité actuelle paraît inévitable, à savoir: l’opération terrestre pour sauver tous les réfugiés kosovars et porter Belgrade à souscrire au projet de paix. Le plus clair dans les confrontations reste la déclaration du général américain, Wesley Clark, commandant des forces alliées en Europe qui a dit: “Les opérations de pilonnage aérien ne peuvent arrêter les crimes que commettent les forces miliciennes militaires au Kosovo”. Ceci a incité l’OTAN et les Etats-Uns, qui n’avaient songé à aucun moment procéder à un débarquement militaire, à recourir à une force terrestre de fantassins pour diriger la bataille et assurer la victoire; c’est ce qu’a admis William Cohen, secrétaire d’Etat US à la défense. L’OTAN affirme que les frappes aériennes commencent à produire leur effet et se contente de cela, sans fournir d’autres précisions. Alors que Javier Solana, secrétaire général de l’OTAN, assure que l’opération est une question de semaines, non de jours, du moment que l’objectif est de renverser Slobodan Milosevic, désireux de provoquer une catastrophe humaine au Kosovo. Le plan établi prévoit l’émission d’un mandat d’arrêt contre Milosevic, après son inculpation dans les massacres collectifs et la mise en place d’odieux charniers. Ce mandat serait exécuté par une élite de commandos soutenue par toutes les potentialités militaires, navales, terrestres et aériennes. Le responsable yougoslave serait conduit, menottes aux poignets, comme tout autre criminel. Les bombes américaines et atlantiques ne peuvent terroriser et affaiblir le moral des troupes de commandos qui font peur aux Kosovars, d’autant qu’ils exercent leur terrorisme dans les villes. Un diplomate serbe considère que l’armée serbe a commencé à manquer sérieusement de carburants, parce que les raids des “alliés” ont atteint tous ses approvisionnements en pétrole; aussi, l’armée a-t-elle entrepris de collecter le carburant dans toute la Serbie. La destruction des infrastructures routières et ferroviaires retarde tout mouvement des forces serbes. Belgrade a annoncé qu’un de ses grands ponts a été détruit près de Novsad. Par ailleurs, Slobodan Milocevic est intervenu, dernièrement, d’une manière révolutionnaire et dictatoriale pour opérer des changements dans son état-major sans fournir aucune justification de son initiative. Ainsi, il a remplacé le commandant de la seconde armée qui couvre et protège le Montenegro; c’est le chef du secteur des opérations et cinq autres généraux serbes. Il avait, précédemment, effectué des change-ments dans la structure militaire fin 1998, limogeant le chef des services de renseignements et le chef d’état-major, pour nommer à leur place des hommes proches de lui, après avoir décelé un mouvement d’hostilité à son égard au sein de l’armée et la terre bouger sous ses pieds. Trois semaines après le début des frappes aériennes, l’OTAN a annoncé que les objectifs fixés avaient été atteints par les avions et neutralisé bon nombre de centres militaires défensifs des Serbes, sans que les forces “alliées” subissent la moindre perte. Mais tout cela n’indique pas un désir de capitulation de Milosevic. Au contraire: les forces terrestres serbes au Kosovo demeurent des forces dangereuses et constituent une grande menace, ainsi que l’a déclaré le porte-parole du ministère français de la Défense. L’OTAN a fait état d’infiltration de militaires serbes dans le territoire albanais, plus précisément au village de Kaminica. Tirana a riposté en accusant la Yougoslavie de doubler les provocations à l’effet d’étendre le conflit aux Balkans. “Nous pensons que Milosevic essaye, surtout, de nous impliquer dans cette guerre”, affirme Paskcal Milo, ministre albanais des Affaires étrangères. Quant au président Rexhep Mejdani, il a proclamé son soutien à son armée au nord du pays, aux fins de mettre en échec une éventuelle infiltration des forces serbes. Cependant, tout cela ne nie pas un fait évident, à savoir que Slobodan Milosevic et son système sont par terre ou à deux semelles du sol. |
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