Le
sort réservé à Arnoun par l’occupant israélien,
aura-t-il la même conséquence dans l’Etat hébreu que
celui, plus pénible, dont a pâti Cana
en 1996? Il y a trois ans, le massacre perpétré
par “Tsahal” dans ce village sudiste, a provoqué l’échec
aux élections de Shimon Pérès, Premier ministre de
l’époque. La ré-occupation d’Arnoun et son isolement au moyen
d’une barrière en fils barbelés, causeront-ils
l’échec de Netanyahu
aux législatives anticipées de mai prochain?
18 avril 96 - 18 avril 99: trois années se sont écoulées
depuis le massacre de Cana, ce village su-diste où plus de cent
personnes, réfugiées au Q.G. du contingent fidjien de la
FINUL, ont péri sous les bombes israéliennes.
Le Liban tout entier a commémoré le souvenir de ces martyrs
- dont dix-sept étaient de la même famille - à commencer
par le chef de l’Etat et son épouse qui ont effectué le pèlerinage
jusqu’à Cana pour se recueillir sur les tombes et les fleurir.
La “journée de Cana” a été marquée, dans
tous les districts, par des séances oratoires, l’une d’elle ayant
eu lieu au Kesrouan, en présence des représentants des présidents
de la République, du Conseil et de l’Assemblée. Cinq parlementaires
ont pris la parole, pour rendre hommage à ceux qui ont payé
de leur vie leur attachement à la patrie et à la terre des
ancêtres.
Car les villageois-martyrs tombés le 18 avril 96, auraient pu
déserter leurs maisons pour échapper à tous les dangers.
Ils ne l’ont pas fait, préférant rester sur place, bravant
tous les périls et défiant l’occupant pervers, lequel ne
cesse de semer la terreur, la désolation et la mort. Et ce, en pratiquant
la politique de la terre brûlée, pour vider le territoire
national de ses habi-tants et s’y établir à leur place.
En effectuant le déplacement jusqu’à Cana, le chef de
l’Etat a voulu réaffirmer l’attachement indéfectible du Liban
à son droit légitime de refuser l’occupation et, partant,
de poursuivre la lutte par tous les moyens disponibles, afin de l’extirper
du sol national...
...Tout en proclamant l’engagement du pays des cèdres vis-à-vis
d’une paix juste, globale et permanente, solidairement avec la Syrie, sur
la base des principes définis à la conférence de Madrid,
dont celui de la terre contre la paix.
Trois années après Cana, l’ennemi israélien s’acharne
contre une autre agglomération proche de la zone frontalière,
usant de la force brutale en vue d’isoler Arnoun en y installant une barrière
en fils barbelés.
Fait étrange: l’ambassadeur des Etats-Unis a notifié
aux res-ponsables de l’intention d’Israël de maintenir ses forces
armées dans cette localité, que des cen-taines d’universitaires
avaient libérée il y a quelques semaines.
On aurait souhaité entendre le représentant des USA tenir
un langage différent, d’autant que son pays se targue d’être
le “parrain de la paix” au Proche-Orient et devrait, normalement, œuvrer
aux fins d’en relancer le processus, bloqué depuis près de
trois ans.
Bien plus, Washington res-treint tout débat sur la situation
au Liban-Sud au groupe de con-trôle de la trêve (issu de l’arran-gement
d’avril 96) et s’oppose à ce que le Conseil de Sécurité
en soit saisi, pour des motifs n’ayant plus besoin d’être rappelés...
Le mot de la fin, nous l’em-prunterons à Hassan Nasrallah, secrétaire
général du “Hezbol-lah” qui a dit au cours d’un meeting populaire
dimanche dernier: “L’occupation d’Arnoun et d’autres villages sudistes,
ne protègera pas les forces israéliennes dont les pertes
ne cesseront de s’alourdir”.
Nous nous demandons, quant à nous, si ce long calvaire n’a pas
de fin et si la communauté internationale - et le nouvel ordre mondial
- continueront à assister, impassibles à ce drame dont le
Sud est le théâtre depuis près d’un demi-siècle! |