HUSSEIN EL-HAJJ HASSAN:
“LE BUDGET 99 SE CARACTÉRISE PAR
L’AUSTÉRITÉ ET LE PLAN QUINQUENNAL
EST D’ORDRE FINANCIER NON ÉCONOMIQUE”
Membre
du “bloc de fidélité à la Résistance” et de
la commission parlementaire de la Planification et du Développement,
le Dr Hussein el-Hajj Hassan fait partie du corps professoral
de l’Université libanaise.
Ses réflexions sur les questions d’actualité, y compris celle du Kosovo, se distinguent par le réalisme et l’objectivité, ainsi qu’il apparaît de ses réponses à nos questions ayant porté sur le projet de budget 99, le plan quinquennal, la politique fiscale, la magistrature, la réforme administrative, les agressions israéliennes permanentes contre le Liban-Sud, la crise yougoslave, etc... |
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Invité à commenter l’occupation d’Arnoun par Israël,
après sa libération par des milliers d’universitaires, le
Dr Hassan répond: Il s’agit d’une agression continuelle de la part
de l’Etat hébreu qui viole notre souveraineté nationale,
multiplie les massacres et perpétue l’occupation d’importantes portions
de notre territoire depuis 1978.
Notre unique réplique consiste à intensifier les opérations
de la Résistance que les Libanais sont appelés à soutenir
et, partant, à raffermir l’unité nationale.
Quoi de nouveau à propos de cheikh Soubhi Toufaily et quelle
est, actuellement, sa position envers le “Hezbollah”?
Cheikh Toufaily ne fait plus partie du parti depuis quelque temps.
LA MAGISTRATURE DOIT JOUIR DE
L’INDÉPENDANCE POUR POURSUIVRE L’ÉTUDE
DES DOSSIERS EN COURS
L’AGRESSION ISRAÉLIENNE EST POSSIBLE,
MAIS NOUS ÉCARTONS
UNE OPÉRATION D’ENVERGURE
Quelle est votre évaluation personnelle de la guerre en Yougoslavie?
Nous savons que le Kosovo pâtit d’anciens conflits ethniques
et les Albanais qui y résident ont commencé depuis peu à
revendiquer leur droit à l’indépendance, à l’instar
d’autres groupes qui ont obtenu satisfaction: la Croatie, la Bosnie, la
Slovanie et la Macédoine notamment.
La revendication a coïncidé avec l’émergence d’une
lutte d’hégémonie opposant la Russie aux Etats-Unis, ces
derniers voulant étendre leur suprématie à la partie
sud-est de l’Europe suite à l’effondrement de l’ex-Union soviétique,
la Russie s’employant à récupérer des positions perdues
sur le terrain. Malheureusement, le Kosovo a été victime
de cette lutte entre les deux grandes puissances.
Que cache, d’après vous, l’intervention de l’OTAN dans les
Balkans?
Cette intervention a pour but de protéger les intérêts
américains en Europe, sous le fallacieux prétexte d’assurer
la protection de la population civile du Kosovo.
De son côté, la Russie intervient, non par amour pour
les Serbes, mais à l’effet de préserver ses intérêts
aux dépens des populations civiles et du droit des peuples à
décider de leur sort.
Comment concevez-vous la fin de ce conflit?
Il ne prendra fin qu’avec son internationalisation et l’implantation
d’une base américaine dans la province du Kosovo; cela dépend
de l’équilibre des forces. L’initiative allemande n’est pas éloignée
de la volonté américaine, puisqu’elle propose l’internationalisation
du Kosovo, en plaçant cette province sous une tutelle internationale.
Cependant, les Américains et leurs alliés refusent d’arrêter
les frappes aériennes pour exercer des pressions sur les Serbes
et les contraindre à capituler.
Revenons aux problèmes internes: êtes-vous satisfait
du projet de budget et du plan quinquennal qui lui sera adjoint ultérieurement?
Nous émettrons notre avis à propos de la loi de finances
lors de sa discussion à la Chambre. Je peux dire, toutefois, que
le projet gouvernemental se caractérise par l’austérité
et les surtaxes n’affectent pas les classes laborieuses, à l’exception
du relèvement du prix de l’essence que notre parti a jugé
inopportun.
On y relève, d’autre part, certaines lacunes en rapport avec
les domaines maritimes, le cellulaire, l’impôt sur le revenu. Puis,
l’austérité risque d’accentuer le marasme économique.
Quoi qu’il en soit, le budget se base sur des vérités
réalistes. Puis, il importe d’accroître les recettes du Trésor
pour remédier au déficit budgétaire. Il faudrait,
également, assurer les prestations sociales. Nous examinerons toutes
ces questions au sein des commissions parlementaires qualifiées,
pour savoir ce qu’on réserve aux ministères de la Santé
et de l’Education et à d’autres secteurs vitaux.
Et qu’auriez-vous à dire du plan quinquennal?
Il s’agit d’un plan de caractère financier et non économique
ou en rapport avec la reconstruction. Cela signifie qu’il tablera sur la
réduction du déficit, à travers l’accroissement des
recettes et la compression des dépenses. Nous discuterons ce plan
dès que le gouvernement le soumettra à l’Assemblée.
Quels sont vos renseignements à propos du ministre des Finances
à qui on prête l’intention de démissionner?
M. Georges Corm semble avoir des problèmes de santé.
Nous l’avons entendu infirmer les rumeurs relatives à son éventuelle
démission: nous ne pouvons que le croire.
Comment expliquez-vous le calme ayant suivi la tempête sur le
front de l’opposition et la trêve qu’elle observe en ce moment?
La lecture politique découle de la conjoncture régionale.
Naturellement, ils (les opposants?) sont capables de procéder à
leur propre lecture et d’assumer leurs responsabilités.
Où en est le projet de réforme judiciaire visant à
consolider l’indépendance de la Justice?
Nous attendons d’en être saisi pour l’étudier. De toute
manière, nous insistons sur la nécessité d’assurer
l’indépendance de la magistrature, afin de lui permettre de poursuivre
l’examen des dossiers qui lui sont transmis.
Quel est le rôle des organismes de contrôle dans la
réforme administrative?
Le chef du gouvernement a déclaré que l’opération
de la réforme s’était arrêtée et a demandé
un délai de trois semaines; puis, un mois supplémentaire
pour la reprendre. Quelque chose ne tourne pas rond, des lacunes ayant
besoin d’être comblées.
Nous espérons que tout sera mené avec célérité,
car il y va de la crédibilité du régime et du Cabinet.
Les organismes de contrôle doivent assumer un rôle actif, ce
qui ne semble pas être le cas, car des bavures sont signalées
dans les nominations ou licenciements de fonctionnaires.
Nous apprécions l’autocritique du président Hoss qui
a promis de réparer les erreurs et de poursuivre l’opération
d’assainissement des institutions étatiques.
Qu’attendez-vous du rapport de la Cour des comptes?
Nous attendons de connaître son contenu, car bien des dossiers
ont été ouverts jusqu’ici et n’ont abouti à aucun
résultat. Je crois que l’apaisement du climat politique aidera à
leur étude.
LA RÉSISTANCE NE CRAINT PAS LE
MARTYRE ET SES POSSIBILITÉS
MILITAIRES ONT GRANDEMENT ÉVOLUÉ
L’INTERVENTION DE L’OTAN EN
YOUGOSLAVIE VISE À PROTÉGER
LE
INTÉRÊTS AMÉRICAINS EN
EUROPE
Renoncerait-on à ce rapport parce qu’il comporte des inculpations
contre des personnages haut placés?
Les dossiers en cours d’étude ne mentionnent pas encore les
noms de responsables du précédent régime et je crois
que ce qui se passe en ce moment contribue à apaiser le climat politique.
A l’approche du 18 avril, Israël a recommencé à
multiplier ses menaces et on dit que l’ambassadeur US a fait part aux responsables
libanais de renseignements peu rassurants. Que se passe-t-il au Liban-Sud?
Israël se trouve dans l’impasse, suite aux dernières opérations
de la Résistance qui ont placé “Tsahal” dans la perplexité.
Cela apparaît clairement dans les prises de position contradictoires
et les attitudes tant des responsables politiques que d’officiers supérieurs
israéliens. En fait, le Liban-Sud est une des cartes des élections
dont se servent les parties adverses pour gagner des points.
Vous attendez-vous à une agression d’envergure de la part
d’Israël au Sud?
C’est une éventualité toujours possible et nous sommes
prêts en permanence à y faire face. Mais nous ne nous attendons
pas à ce que l’ennemi déclenche une opération d’envergure
à l’ombre d’une telle perplexité politique en Israël
à l’approche des élections législatives.
Les Israéliens ont essayé, plus d’une fois, de passer
à l’attaque et les résultats de leurs agressions réitérées
n’ont pas été à la dimension de leurs souhaits et,
de plus, elles se sont retournées contre eux.
Les problèmes internes influent-ils sur l’action de la Résistance
au Liban-Sud?
Nous ne lions pas notre action aux développements politiques.
Nous entreprenons nos opérations contre l’ennemi, abstraction faite
de tout développement au plan interne. Notre stratégie nous
a permis de durer en dépit de toutes les fluctuations de la politique
et notre action se perpétuera jusqu’à la libération
totale du territoire, d’autant que le moral de nos combattants est très
élevé.
Puis, les possibilités des “Hezbollahis” ont grandement évolué
et atteint le plus haut niveau de combativité; l’ennemi lui-même
l’a reconnu expressément.
Y a-t-il du nouveau à propos des réseaux d’espionnage
et êtes-vous parvenus à les démanteler?
Nous ne pouvons pas dire que nous les avons tous démantelés,
mais nous les avons paralysés, en coopération avec les forces
armées libanaises et syriennes.
Propos recueillis par
JOSEPH
MELKANE