ISSAM NAAMAN:
“LE TÉLÉPHONE NE SERA PAS PRIVATISÉ
ET LE SOUCI DES SOCIÉTÉS DE
TÉLÉPHONIE CELLULAIRE EST DE RÉALISER DES PROFITS”
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Ancien professionnel du journalisme, ayant
passé plusieurs années à exercer ce métier
comme un apostolat, il a pris en charge un portefeuille ministériel
- celui
de la communication - où l’action est en quelque sorte similaire à celle à laquelle il s’adonnait dans le domaine médiatique. |
Notre première question porte sur le ministère dont il
détient le portefeuille. A la question: Où en est le projet
relatif aux “Communications du Liban”?, il répond: Le Conseil
des ministres avait décidé de réorganiser le ministère
des P. et T., dans l’idée de mettre sur pied une grande institution
d’exploitation de ce secteur vital, sous le nom d’Institution des communications
du Liban devant s’intégrer dans la société “Ogero”.
Ce projet vise à donner au ministère le rôle de
régulateur et, à l’institution mentionnée, celui d’opérateur,
formule adoptée, actuellement, dans la plupart des Etats évolués.
Nous avons confié à une équipe de travail, en coopération
avec “Dilot and Touch” et avec le financement de la Banque Mondiale, le
soin de procéder à un inventaire détaillé des
avoirs du ministère et d’élaborer un plan de réorganisation
de ses diverses sections. Nous espérons que cette équipe
terminera sa mission avant fin septembre prochain.
ÉTAT D’APESANTEUR
La société “Ogero” vit dans un état d’apesanteur;
quel est maintenant son rôle?
Il n’est pas vrai que “Ogero” vit dans un état d’apesanteur
ou n’est pas capable de s’acquitter des tâches qui lui incombent.
La société assume ses charges dans le cadre de ses statuts.
Il est vrai que certains de ses fonctionnaires ont été inquiétés
par la décision du Conseil des ministres visant à réorganiser
le ministère et à fusionner “Ogero” avec une nouvelle institution
d’exploitation. Mais ils se sont rassurés quand ils ont eu la certitude
que le gouvernement n’a pas l’intention de la liquider. La société
continue à jouer le rôle qui lui était dévolu
jusqu’ici, en ce qui concerne l’entretien des installations, le marketing
et la perception des redevances.
Quel est le volume des recettes annuelles du Téléphone?
Nous avons évalué les recettes nettes pour 1999 à
sept cents milliards de livres libanaises environ.
Etes-vous favorable à la privatisation de la compagnie du
téléphone et, dans l’affirmative, rapportera-t-elle davantage
au Trésor?
Il n’est pas vrai que le Téléphone doive être privatisé,
le gouvernement n’envisageant pas de privatiser tout secteur de services
ou productif rapportant des profits à l’Etat. En dépit de
cela, nous nous proposons de réorganiser le département de
manière à permettre de privatiser, partiellement, le secteur
des communications, sans fixer une date déterminée pour cela.
Nous comptons associer le secteur privé à l’appropriation
du secteur des communications et à son évolution par le biais
de l’apport de capitaux à cette fin. Il n’est pas possible d’y parvenir
sans assurer les fonds nécessaires afin d’en garantir l’évolution
technologique.
Les citoyens se plaignent de la hausse du montant des abonnements
du Téléphone; ne comptez-vous pas la réduire, d’autant
qu’elle affecte toutes les catégories du peuple?
Le précédent Cabinet avait relevé le tarif des
communications et le montant des abonnements en septembre dernier, ce que
les abonnés ont ressenti au début de mars 99. Aussi, le gouvernement
actuel a-t-il agréé ma suggestion visant à réduire
le montant de l’abonnement de 20.000 à 12.000 livres par mois, soit
36.000 livres au lieu de 60.000 par trimestre. Cette décision a
été appliquée dès le début d’avril.
L’EXPÉRIENCE DE “LIBAN POSTE”
- “Liban Poste” a pris en charge la distribution du courrier: l’expérience
a-t-elle réussi et quelle est la part de l’Etat dans les recettes?
“Liban Poste” a pris en charge la distribution du courrier depuis quelques
mois et c’est un temps relativement bref qui ne nous permet pas encore
de porter un jugement quant au succès ou à l’échec
de l’expérience.
Cependant, on peut constater une amélioration dans la distribution
du courrier dans le Grand Beyrouth et les différentes régions
du pays. Quant à la part de l’Etat dans les recettes, elle est fixée
à 5 pour cent la première année; elle s’élèvera,
progressivement, jusqu’à atteindre 50 pour cent la douzième
année.
Le fait d’avoir cédé la distribution du courrier à
une société privée peut-il être considéré
comme un premier pas vers la privatisation définitive de ce secteur?
Ce qui s’est passé à la Poste est moins une privatisation
qu’une mise en adjudication selon le système BOT. A l’échéance
du contrat avec “Liban Poste”, l’Etat décidera s’il le prorogera
en obtenant un plus grand revenu ou le restituera au secteur public ou
encore s’il privatisera le secteur partiellement ou entièrement.
Quelle est la situation des sociétés spécialisées
dans l’envoi et la distribution rapides du courrier et comment traitent-elles
avec “Liban Poste”?
Cette question est encore à l’étude. De toute manière,
“Liban Poste” n’a aucun rapport avec cette affaire.
“Liban Poste” a-t-elle intégré tous les fonctionnaires
du Téléphone?
Cette société est tenue de garder les fonctionnaires
désireux de collaborer avec elle. Les autres peuvent rester au service
du ministère sur la base des règlements régissant
les agents de l’Etat.
“OGERO” FUSIONNERA AVEC UNE
NOUVELLE INSTITUTION D’EXPLOITATION
UNE ÉQUIPE DE TRAVAIL ÉLABORE
LE PLAN DE RÉORGANISATION
DU DÉPARTEMENT DONT JE DÉTIENS
LE PORTEFEUILLE
IL EST PRÉMATURÉ
DE JUGER L’EXPÉRIENCE TENTÉE
AVEC “LIBAN POSTE”
QUID DU CELLULAIRE?
Est-il sérieusement question d’octroyer une licence à
une troisième société de téléphonie
mobile?
Le ministère des P. et T. n’a pas émis le désir
d’accorder une troisième licence, mais d’accélérer
les pourparlers avec les deux sociétés actuelles, à
l’effet d’accroître les recettes de l’Etat. A cette fin, il est possible
de transformer les deux sociétés, selon le système
BOT, en firmes autorisées ou bien de les rattacher au secteur privé,
au terme de leurs contrats ou encore d’organiser une adjudication internationale
en vue d’accorder une licence à une troisième société.
Afin d’obtenir de meilleures conditions d’exploitation, le gouvernement
envisage de conclure un contrat avec une firme internationale spécialisée
dans le secteur des télécommunications, aux fins de procéder
à une évaluation du secteur du téléphone cellulaire
et de son avenir, à la lumière du contrat commercial signé
avec les deux sociétés en exercice et, dans le même
temps, d’examiner la situation du marché local et les évolutions
technologiques dans le monde. A la lumière de l’étude qui
lui sera présentée, le gouvernement prendra une décision
sur base d’éléments mûrement étudiés.
Pourquoi les sociétés du cellulaire n’ont-elles pas
freiné, sur votre demande, l’octroi de nouveaux abonnements? Le
contrat signé avec elles ne leur fait-il pas obligation de souscrire
à pareille requête?
Les sociétés du cellulaire interprètent les termes
du contrat à leur guise, ce qui a entraîné maintes
infractions dans divers domaines. Il ne fait pas de doute que leur mobile
dans leur comportement est le gain. Cependant, je crois qu’une autre raison
les incite à agir de la sorte: elles visent à consolider
leur position en prévision des futurs pourparlers, pour pouvoir
proposer un compromis ou quelque opération de troc.
Le ministère est-il parvenu à travers ses pourparlers
avec les sociétés du cellulaire à modifier les termes
du contrat en vue d’accroître ses recettes?
Le ministère a entrepris des pourparlers préliminaires
avec ces sociétés et a abouti à la nécessité
d’engager des négociations portant, d’une part, sur l’avenir du
téléphone cellulaire et la nouvelle licence et, d’autre part,
sur l’imposition d’une majoration du tarif des communications.
Les sociétés ont favorablement accueilli la décision
des négociations, sans s’opposer à la seconde alternative.
Mais “Libancell” a émis des réserves dès que le ministère
a évoqué le relèvement des tarifs des communications.
M. Naaman prévoit l’augmentation des recettes de cent millions
de dollars par an, si le tarif des communications par cellulaire était
relevé de quatre cents US.