• Peintre naïf, Julie Bou Farah l’est tout naturellement
et avec sincérité. Bien qu’il n’y ait dans son art ni sujet
précis, ni construction logique, cet art est incontestablement plastique.
Et c’est parce qu’il est plastique qu’il exerce sur l’observateur sa fascination.
Nous trouvons dans son œuvre une extraordinaire fraîcheur. Voici
une artiste qui ne pose pas de problèmes, car elle les ignore; qui
ne recourt pas plus aux commodités de la tradition qu’aux extravagances
calculées des professionnels de l’avant-garde ou supposés
tels. Elle ne réinvente pas la peinture mais l’invente à
la manière des primitifs ou des enfants.
Julie Bou Farah ne parle aucun des langages plastiques en vogue à
cette époque. Elle a trouvé son propre mode d’expression.
Son écriture a acquis une liberté qui s’est affirmée
d’année en année. Chaque œuvre semble être la projection
directe d’un état émotionnel. C’est cette émotion
qui guide le geste et lui intime sa nervosité.
Dans sa production, Julie Bou Farah a mis le meilleur d’elle-même,
ses qualités, sa fine sensibilité, l’acuité de son
esprit.
Julie Bou Farah: Un imaginaire remontant à la mémoire d’enfance. |
Une grande fraîcheur dans l’expression. |
Parallélisme du tracé et de la couleur. |
Youssef Aoun: L’improvisation devient une science. |
• Toutes les recherches de Joseph Harb se donnent la même
fin, qui est une combinaison de techniques destinées par l’artiste
à déboucher sur l’art. Ce ne sont pas, cependant, uniquement
les moyens techniques qu’il cherche comme originalité mais, plutôt,
des formes nouvelles pour nous faire participer au monde en perpétuel
devenir.
Le réel pour cet artiste ne s’arrête pas aux choses visibles
mais embrasse, aussi, les éléments organisés ou désorganisés,
les forces alternées de création et de mutation. Il active
les matériaux pour les transposer en événement plastique.
Le travail de Joseph Harb est, véritablement, édifiant
d’un entendement, qui veut que la peinture ne soit pas une représentation
calquée de la réalité extérieure des choses,
mais bien l’expression restructurée d’un monde particulier de l’univers
de l’artiste. Il y a dans ses œuvres, fondées sur une saturation
des sens, une tension et une intensité qui retiennent l’attention.
Ici, le plaisir de l’écriture est souvent lié à celui
de la couleur. Dessin et couleur apparaissent comme deux modes d’expression
fondamentaux et complémentaires. Joseph Harb parle un langage dont
l’accent personnel, la ferveur, la sincérité ne trompent
pas.
Un réel reconstruit, refaçonné. |
Joseph Harb: Ici, la peinture chevauche la forme. |
• Youssef Aoun dessine et peint avec une fantaisie aérienne.
Avec un sens aigu de l’analyse, des accords rares de tons, une virtuosité
et une cambrure dans la ligne qu’elle fut droite ou courbe, il construit
la forme atteignant, ainsi, une grande audace plastique de schématisation.
Sa gamme de couleurs demeure sobre. La peinture chevauche la forme.
Couleur et dessin se répondent, parce que l’un et l’autre trouvent
dans le tableau l’écho de leur trajet. Le trait intervient comme
relais, entre la forme et l’espace.
L’œuvre porte, ainsi, sur le territoire condensé de son espace,
un message, une réflexion, qui appartiennent en propre au domaine
strictement plastique.
Forçant ses propres limites, Youssef Aoun entend faire corps
avec sa production. Le dessin, l’écriture, la couleur sont à
la fois médium et matériaux auxquels il incorpore de force
ses pulsions profondes. Avec conviction et sincérité, il
se livre à des expérimentations où l’œuvre devient
espace dans son intégralité.