COLLECTIVE: JULIE BOU FARAH, JOSEPH HARB ET YOUSSEF AOUN
TROIS ARTISTES DE TALENT

L’Académie Libanaise des Beaux-Arts-Université de Balamand organise une exposition collective des œuvres de trois peintres professionnels, enseignants à l’ALBA: Julie Bou Farah, Joseph Harb et Youssef Aoun.

• Peintre naïf, Julie Bou Farah l’est tout naturellement et avec sincérité. Bien qu’il n’y ait dans son art ni sujet précis, ni construction logique, cet art est incontestablement plastique. Et c’est parce qu’il est plastique qu’il exerce sur l’observateur sa fascination.
Nous trouvons dans son œuvre une extraordinaire fraîcheur. Voici une artiste qui ne pose pas de problèmes, car elle les ignore; qui ne recourt pas plus aux commodités de la tradition qu’aux extravagances calculées des professionnels de l’avant-garde ou supposés tels. Elle ne réinvente pas la peinture mais l’invente à la manière des primitifs ou des enfants.
Julie Bou Farah ne parle aucun des langages plastiques en vogue à cette époque. Elle a trouvé son propre mode d’expression. Son écriture a acquis une liberté qui s’est affirmée d’année en année. Chaque œuvre semble être la projection directe d’un état émotionnel. C’est cette émotion qui guide le geste et lui intime sa nervosité.
Dans sa production, Julie Bou Farah a mis le meilleur d’elle-même, ses qualités, sa fine sensibilité, l’acuité de son esprit.
 
 

Julie Bou Farah:
Un imaginaire remontant 
à la mémoire d’enfance.
 

Une grande fraîcheur 
dans l’expression.

Parallélisme du tracé et de la couleur.

Youssef Aoun: 
L’improvisation devient une science.

• Toutes les recherches de Joseph Harb se donnent la même fin, qui est une combinaison de techniques destinées par l’artiste à déboucher sur l’art. Ce ne sont pas, cependant, uniquement les moyens techniques qu’il cherche comme originalité mais, plutôt, des formes nouvelles pour nous faire participer au monde en perpétuel devenir.
Le réel pour cet artiste ne s’arrête pas aux choses visibles mais embrasse, aussi, les éléments organisés ou désorganisés, les forces alternées de création et de mutation. Il active les matériaux pour les transposer en événement plastique.
Le travail de Joseph Harb est, véritablement, édifiant d’un entendement, qui veut que la peinture ne soit pas une représentation calquée de la réalité extérieure des choses, mais bien l’expression restructurée d’un monde particulier de l’univers de l’artiste. Il y a dans ses œuvres, fondées sur une saturation des sens, une tension et une intensité qui retiennent l’attention. Ici, le plaisir de l’écriture est souvent lié à celui de la couleur. Dessin et couleur apparaissent comme deux modes d’expression fondamentaux et complémentaires. Joseph Harb parle un langage dont l’accent personnel, la ferveur, la sincérité ne trompent pas.
 

Un réel reconstruit, refaçonné.

Joseph Harb: Ici, la peinture 
chevauche la forme.

Youssef Aoun dessine et peint avec une fantaisie aérienne. Avec un sens aigu de l’analyse, des accords rares de tons, une virtuosité et une cambrure dans la ligne qu’elle fut droite ou courbe, il construit la forme atteignant, ainsi, une grande audace plastique de schématisation.
Sa gamme de couleurs demeure sobre. La peinture chevauche la forme. Couleur et dessin se répondent, parce que l’un et l’autre trouvent dans le tableau l’écho de leur trajet. Le trait intervient comme relais, entre la forme et l’espace.
L’œuvre porte, ainsi, sur le territoire condensé de son espace, un message, une réflexion, qui appartiennent en propre au domaine strictement plastique.
Forçant ses propres limites, Youssef Aoun entend faire corps avec sa production. Le dessin, l’écriture, la couleur sont à la fois médium et matériaux auxquels il incorpore de force ses pulsions profondes. Avec conviction et sincérité, il se livre à des expérimentations où l’œuvre devient espace dans son intégralité.

par NICOLE MALHAME HARFOUCHE

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