Nous avons déjà fait état, dernièrement, des tournées que des membres du corps diploma-tique effectuent en différentes régions du pays - spécialement les ambassadeurs des grandes puissances - où ils réitèrent leurs promesses d’aide au Liban à sa souveraineté, à son indépendan-ce et à son intégrité territoriale.
A présent, le Sud occupe l’avant-scène et les diplomates multiplient les déclarations d’in-tentions (des gouvernements qu’ils représentent), sans être en mesure de les concrétiser.
Ainsi, au cours d’une visite dans une localité nordiste, l’ambassadeur US a fait état de démarches que son pays poursuivrait “en vue d’un règlement définitif au problème d’Arnoun”, en précisant que “les contacts sont effectués auprès de toutes les parties concernées.”
Dans quel but? “En vue de rechercher une solution de nature à prévenir une dégradation de la situation sur le terrain et l’escalade”. Et en ce qui a trait au processus de paix, le diplomate américain à émis l’espoir “qu’il pourrait être relancé, quels que seront les résultats des élections de mai en Israël”...
De son côté, l’ambassadeur de Russie a, au cours d’une tournée au Liban-Sud l’ayant mené, également, à Tyr et Cana, réprouvé l’occupation d’Arnoun par les forces israéliennes et s’est opposé “à tout amendement que l’Etat hébreu voudrait apporter aux arrangements d’avril 96.”
Et de s’étonner: “Le monde entier s’en prend aux Yougoslaves, à cause de la crise du Kosovo et ne réagit pas à l’occupation, par Israël, de larges portions du Liban-Sud et de la Békaa-ouest.
“Nous sommes hostiles à l’occupation d’Arnoun, a dit l’ambassadeur russe. De plus, nous soutenons l’Etat libanais et son peuple dans leur droit de défendre leur territoire et de recouvrer ses parties occupées.”
Tout cela est fort beau, mais sur le plan pratique, les grandes puissances et leurs représen-tants se contentent de nous gratifier de bonnes paroles et de promesses qu’ils s’ingénient à ne pas tenir: les Etats-Unis, en raison de leur soutien inconditionnel à l’Etat hébreu dont ils couvrent tous les crimes à l’égard de notre pays et de ses populations civiles, surtout au Liban-Sud. La Russie, parce qu’elle s’est désistée, sans doute contre son gré, de son rôle de co-parrain, laissant à l’Amérique toute latitude de se mouvoir dans des régions du globe - le Proche-Orient et, maintenant, la Yougoslavie - selon son bon plaisir...
Ces déplacements des am-bassadeurs au Nord, au Sud, dans la Békaa et ailleurs, commencent à indisposer les Libanais et un membre de l’Assemblée, en l’occurrence, M. Ahmed Soueid, critique les réceptions données par certains hommes politiques en l’honneur des diplomates étrangers, aux fins d’obtenir la bénédiction de leurs pays et de gagner leurs faveurs.
“Ceux qui ambitionnent cette bénédiction et ces faveurs, a dit M. Soueid, perdent de vue le fait que l’Amérique apporte son appui, sans réserve, à Israël et excuse ses agressions. Ceci constitue un mur infranchissable, alors que Washington nous demande de nous contrôler et excuse les violations de la trêve par notre ennemi”...