AFFAIRE KARAMÉ

LA COUR DE JUSTICE CLÔTURE LE PROCÈS
ET RENDRA SON VERDICT LE 25 JUIN

GEAGEA DÉNONCE LA "JUSTICE SÉLECTIVE"... ET MATAR PLAIDE NON COUPABLE


Au terme d’un procès-marathon de plusieurs mois, la Cour de justice a achevé, mardi soir peu avant minuit, les audiences dans l’affaire de l’assassinat de Rachid Karamé, ancien chef du gouvernement tué dans un attentat à l’explosif en 1987,  contre l’hélicoptère à bord duquel il effectuait le déplacement de Tripoli à Beyrouth.

L’ultime audience a été marquée par les interventions des principaux prévenus, à savoir: le Dr Samir Geagea, chef des Forces libanaises (dissoutes), le brigadier Khalil Matar, le commandant (à la retraite) Kaytel Hayek, le premier ayant réfuté les points et contradictions ayant caractérisé les dépositions des témoins à charge.
La Cour rendra son verdict le 25 juin prochain, à 16 heures. Depuis le 5 décembre, date d’ouverture du procès, cinquante-huit audiences ont été  tenues. Les procès-verbaux consignant l’interrogatoire des témoins comportaient 2.500 pages, auxquelles il faut ajouter 1.500 pages de plaidoiries tant des avocats de la défense que de la partie civile et mille documents. Le dossier dans son ensemble était constitué de quatre mille pages, chiffre-record.
 

Les cinq membres de la Cour de justice.


Dans le boxe des accusés, au premier rang: 
Dr Samir Geagea, Kaytal Hayek et Khalil Matar.


Dr Samir Geagea: 
“La Justice est sélective.”

GEAGEA DÉNONCE LA “JUSTICE SÉLECTIVE”
Principal intervenant à la dernière audience, le Dr Geagea a le plus retenu l’attention et suscité le plus d’intérêt et d’émoi, en raison des points qu’il a soulevés.
Dénonçant la “justice sélective”, l’ancien chef des F.L. a évoqué le précédent de l’assassinat du président Bachir Gemayel “dont le meurtrier a été sorti de prison en 1990, par des miliciens”, alors que les assassinats du président René Mouawad, de cheikh Hassan Khaled, mufti de la République et de Kamal Joumblatt n’ont pas encore été élucidés, ni leurs auteurs châtiés, “bien que les services de sécurité disposent de renseignements précis à leur sujet”.
Le Dr Geagea a dit encore que des investigations n’avaient pas été effectuées pour tirer au clair les deux attentats perpétrés contre la personne du général Michel Aoun en 1990, lesquels avaient été revendiqués par le Parti social national syrien et un parti de gauche.
Puis, le Dr Geagea a relevé les incohérences, les contradictions et les erreurs de plusieurs témoins qui se sont rétractés devant la Cour de justice, “ce qui prouve que leurs dépositions leur avaient été extorquées sous la menace”. Il a cité, à ce propos, le cas du brigadier Matar “qui a été soumis à la torture mentale”.
Et d’ajouter: “On a donc orienté et infléchi les conclusions de l’instruction dans un sens déterminé. Si le Pouvoir voulait réellement faire toute la lumière sur les divers épisodes de la guerre, il aurait dévoilé l’identité de la partie ayant commandité et fait exécuter l’attentat contre Rachid Karamé.”

MATAR ACCUSÉ INJUSTEMENT?
 A son tour, le brigadier Khalil Matar a plaidé non coupable, affirmant avoir été accusé injustement. “Je n’ai été, assure-t-il, ni complice, ni exécutant”, en dénonçant avec énergie la déposition de l’un des accusés, Antoine Chidiac qu’il qualifie de “grand menteur”, tout en appuyant la déposition du colonel Menassa de l’Armée libanaise. “Faut-il croire un officier connu pour son intégrité et sa sincérité ou Chidiac?”
Le brigadier Matar est, également, revenu à certains passages de la déposition du lieutenant-colonel Abdel-Razzak, officier alors attaché à la base aérienne de Kleyate.
Parlant de sa présence à bord de l’embarcation aux côtés de Ghassan Touma et Ghassan Menassa au large de Jbeil, le jour où l’attentat contre Karamé a été commis, le brigadier Matar l’a expliqué comme suit: “J’ai déduit que quelque chose se tramait. Ils veulent utiliser mes propos en tant que preuve, mais je n’ai été qu’un simple témoin dans cette affaire. On avait voulu m’impliquer dans les faits erronés et ont emmené Chidiac à mon lieu de détention pour me tendre un piège.”
Enfin, Matar a critiqué le “rapport technique” établi par le capitaine Elias Abou-Jaoudé sur l’appareil de TSF utilisé dans l’opération avant de demander: “Pourquoi n’a-t-on pas engagé des poursuites contre une autre fraction qui voulait devancer Touma dans l’attentat?”
Fait à signaler: le commandant Kaytel Hayek a demandé à être placé en résidence surveillée avec sa famille, jusqu’au prononcé du verdict par la Cour de justice.


Home
Home