LA COUR DE JUSTICE CLÔTURE
LE PROCÈS
ET RENDRA SON VERDICT LE 25
JUIN
GEAGEA DÉNONCE LA "JUSTICE SÉLECTIVE"...
ET MATAR PLAIDE NON COUPABLE
L’ultime audience a été marquée par les interventions
des principaux prévenus, à savoir: le Dr Samir Geagea, chef
des Forces libanaises (dissoutes), le brigadier Khalil Matar, le commandant
(à la retraite) Kaytel Hayek, le premier ayant réfuté
les points et contradictions ayant caractérisé les dépositions
des témoins à charge.
La Cour rendra son verdict le 25 juin prochain, à 16 heures.
Depuis le 5 décembre, date d’ouverture du procès, cinquante-huit
audiences ont été tenues. Les procès-verbaux
consignant l’interrogatoire des témoins comportaient 2.500 pages,
auxquelles il faut ajouter 1.500 pages de plaidoiries tant des avocats
de la défense que de la partie civile et mille documents. Le dossier
dans son ensemble était constitué de quatre mille pages,
chiffre-record.
Les cinq membres de la Cour de justice.
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Dr Samir Geagea: “La Justice est sélective.” |
GEAGEA DÉNONCE LA “JUSTICE SÉLECTIVE”
Principal intervenant à la dernière audience, le Dr Geagea
a le plus retenu l’attention et suscité le plus d’intérêt
et d’émoi, en raison des points qu’il a soulevés.
Dénonçant la “justice sélective”, l’ancien chef
des F.L. a évoqué le précédent de l’assassinat
du président Bachir Gemayel “dont le meurtrier a été
sorti de prison en 1990, par des miliciens”, alors que les assassinats
du président René Mouawad, de cheikh Hassan Khaled, mufti
de la République et de Kamal Joumblatt n’ont pas encore été
élucidés, ni leurs auteurs châtiés, “bien que
les services de sécurité disposent de renseignements précis
à leur sujet”.
Le Dr Geagea a dit encore que des investigations n’avaient pas été
effectuées pour tirer au clair les deux attentats perpétrés
contre la personne du général Michel Aoun en 1990, lesquels
avaient été revendiqués par le Parti social national
syrien et un parti de gauche.
Puis, le Dr Geagea a relevé les incohérences, les contradictions
et les erreurs de plusieurs témoins qui se sont rétractés
devant la Cour de justice, “ce qui prouve que leurs dépositions
leur avaient été extorquées sous la menace”. Il a
cité, à ce propos, le cas du brigadier Matar “qui a été
soumis à la torture mentale”.
Et d’ajouter: “On a donc orienté et infléchi les conclusions
de l’instruction dans un sens déterminé. Si le Pouvoir voulait
réellement faire toute la lumière sur les divers épisodes
de la guerre, il aurait dévoilé l’identité de la partie
ayant commandité et fait exécuter l’attentat contre Rachid
Karamé.”
MATAR ACCUSÉ INJUSTEMENT?
A son tour, le brigadier Khalil Matar a plaidé non coupable,
affirmant avoir été accusé injustement. “Je n’ai été,
assure-t-il, ni complice, ni exécutant”, en dénonçant
avec énergie la déposition de l’un des accusés, Antoine
Chidiac qu’il qualifie de “grand menteur”, tout en appuyant la déposition
du colonel Menassa de l’Armée libanaise. “Faut-il croire un officier
connu pour son intégrité et sa sincérité ou
Chidiac?”
Le brigadier Matar est, également, revenu à certains
passages de la déposition du lieutenant-colonel Abdel-Razzak, officier
alors attaché à la base aérienne de Kleyate.
Parlant de sa présence à bord de l’embarcation aux côtés
de Ghassan Touma et Ghassan Menassa au large de Jbeil, le jour où
l’attentat contre Karamé a été commis, le brigadier
Matar l’a expliqué comme suit: “J’ai déduit que quelque chose
se tramait. Ils veulent utiliser mes propos en tant que preuve, mais je
n’ai été qu’un simple témoin dans cette affaire. On
avait voulu m’impliquer dans les faits erronés et ont emmené
Chidiac à mon lieu de détention pour me tendre un piège.”
Enfin, Matar a critiqué le “rapport technique” établi
par le capitaine Elias Abou-Jaoudé sur l’appareil de TSF utilisé
dans l’opération avant de demander: “Pourquoi n’a-t-on pas engagé
des poursuites contre une autre fraction qui voulait devancer Touma dans
l’attentat?”
Fait à signaler: le commandant Kaytel Hayek a demandé
à être placé en résidence surveillée
avec sa famille, jusqu’au prononcé du verdict par la Cour de justice.