OFFICIEL: L’HOMOGÉNÉITÉ
N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI
PARFAITE AU NIVEAU DU POUVOIR
Pour ce faire, ils se sont employés jusqu’ici à discréditer
le “Cabinet des 16”, en soutenant que ses membres, “novices en politique”,
ne seraient pas capables d’assumer les charges gouvernementales et, partant,
qu’il faut le panacher d’un certain nombre de politiciens.
Ainsi, des rumeurs ont été propagées dans les
cercles politico-parlementaires, insinuant qu’une tendance s’accentue en
faveur de l’élargissement de l’équipe ministérielle
après la ratification du projet de budget. Mais une source officielle
dément ces rumeurs, qualifiant de prématuré un éventuel
remaniement ou changement de gouvernement.
Bien plus, cette même source observe que, quatre mois après
la formation du Cabinet Hoss, l’homogénéité n’a jamais
été autant parfaite au niveau du Pouvoir, les présidents
Lahoud et Hoss donnant chaque jour la preuve de leur entente sans nuage,
tous deux prenant en considération l’intérêt public.
Aussi, le principe de la séparation des pouvoirs est-il minutieusement
respecté, conformément à l’esprit de la Constitution.
Ceci a été confirmé, cette semaine, après
la nouvelle prise de position de M. Walid Joumblatt qui a appelé
“à soutenir le régime”, tout en précisant qu’il établissait
une distinction entre ce dernier et le Cabinet. Il a voulu dire qu’il est
avec le président de la République, contre le chef du gouvernement.
Ceci a incité les milieux officiels à réaffirmer la
parfaite coordination entre Baabda et le Grand Sérail.
Le leader du Parti socialiste progressiste a tenu ses propos à
la faveur d’une tournée à Aley, au cours de laquelle il a
engagé les citoyens “à consolider la vie en commun, parce
que les bombes n’ont épargné personne, ni les chrétiens,
ni les musulmans.”
Et d’ajouter: “Le pays ne peut vivre qu’à travers un système
multipartite et une diversité d’opinions; il ne se stabilise que
par une opposition forte, constructive et démocratique. Il n’est
pas admis que, pour assurer le succès du régime - et j’établis
une distinction entre ce dernier et le gouvernement - on sacrifie la démocratie
et les principes sur lesquels elle repose.
“Taëf a jeté comme base de l’action politique et nationale,
la “participation” qu’il importe de consacrer, pour faire face aux vents
qui soufflent de l’Ouest. Une fois réglée la crise du Kosovo,
ces vents viendront de notre côté. Nous devons donc nous prémunir
contre tous les dangers d’où qu’ils viennent et, pour cela, nous
sommes appelés à aider le régime, lequel est tenu
de tendre la main pour que nous puissions mettre en échec ensemble
les périls qui nous guettent.”
Cela dit, les rumeurs relatives à l’éventuelle “démission”
de M. Georges Corm, ministre des Finances, continuent à se propager,
bien que le président Hoss les ait démenties en assurant
que “l’Argentier de la république” restera à son poste. D’ailleurs,
la coterie du ministre des Finances a assuré que celui-ci n’a pas
résigné ses fonctions gouvernementales et suit un traitement
approprié à Paris. Son état de santé s’est
amélioré et ne donne plus lieu à aucune inquiétude.
Aussi, a-t-il demandé à ses conseillers de rester à
leurs bureaux au ministère, comme s’il y est présent. Ces
derniers s’acquittent de leurs charges avec zèle et ponctualité.
Le changement ou le remaniement ministériel ne se pose donc
pas; tout indique que ce gouvernement sera maintenu dans sa forme actuelle
et supervisera les législatives de l’an prochain.
Aussi, et dans l’espoir de provoquer un changement de Cabinet, les
milieux proches de M. Rafic Hariri, tout en se conformant aux conseils
de modération de Damas, s’emploient à mettre des bâtons
dans les roues du char gouvernemental, visant ainsi à compliquer
sa tâche et, partant, à le contraindre à rendre le
tablier.
Dans ce but, les Haririens relancent la réforme électorale,
à l’effet de perturber le climat politique, étant donné
les antagonismes opposant les milieux parlementaires et politiques, à
propos des modifications à apporter à la loi sur base de
laquelle sera organisé le prochain scrutin (en l’an 2000).
Il nous revient, à ce sujet, que le chef de l’Etat ne prendra
pas position envers le projet de la loi électorale avant qu’il soit
approuvé par l’Exécutif et transmis à la Chambre,
pour ratification. Cependant, le président Lahoud s’en tient à
des constantes et des principes nationaux susceptibles d’assurer une représentation
parlementaire authentique et l’intégration nationale.
Par ailleurs, le président de la République a de nouveau
explicité la position du Liban officiel, en ce qui concerne le communiqué
diffusé par le groupe de contrôle de la trêve, en réaffirmant
l’attachement quant à la légitimité de la résistance
à l’occupant et le rejet de toute demande visant à faire
de l’armée libanaise un gardien de ce dernier.
“Notre option est connue, a dit le président Lahoud; elle ne
changera pas, en ce sens que notre résistance persistera, notre
orientation dans ce domaine étant la même que celle de la
Syrie. L’occupation, quant à elle, n’a qu’à évacuer
les territoires qu’elle refuse de quitter.”
Siégeant le lendemain du jour où le groupe de surveillance
a diffusé son communiqué, le Conseil des ministres a délibéré
à propos des points figurant à son ordre du jour, alors qu’une
manifestation organisée par la CGTL - en signe de protestation contre
la politique fiscale et la vie chère - se déroulait sur le
tronçon allant de la place Barbir au Musée national.
“Notre gouvernement est fier, a dit le président Hoss, d’avoir
autorisé les manifestations, partant du souci du régime de
respecter les libertés publiques”. En ce qui concerne le projet
de budget 99, le président du Conseil a dit qu’il s’agit “du meilleur
possible dans les circonstances présentes.
“Quant aux slogans scandés par les manifestants contre la loi
de finances, a-t-il ajouté, ils sont tout simplement déplacés.
La situation financière pâtit d’un grand déficit budgétaire
et ploie sous un lourd fardeau qu’est la dette publique. Il fallait donc
rationaliser les dépenses, notre politique d’austérité
ayant affecté, uniquement, les crédits destinés à
l’administration, non ceux devant financer les projets de développement
et de la reconstruction.
“Nous devions, en conséquence, renforcer la perception et réviser
certains impôts et taxes. Contrairement à ce que d’aucuns
soutiennent, nous nous sommes souciés d’assurer une répartition
équitable des charges fiscales aux contribuables, en optant pour
l’impôt progressif, sans affecter le secteur des investissements.
“Quant au prix de l’essence, il ramène ce carburant au niveau
où il se trouvait il y a deux ans, alors que le coût de son
importation a renchéri au plan mondial. De plus, nous avons majoré
les taxes douanières sur certains articles de luxe.
“Quant aux moyens à mettre en œuvre en vue d’accroître
les rentrées du Trésor, nous ne les avons pas ignorés.
De fait, nous avons entamé des pourparlers avec les sociétés
du cellulaire, afin d’améliorer leurs redevances. Dans le même
temps, nous procédons à une étude minutieuse des biens
publics, les domaines maritimes en tête, dans l’intention d’élargir
l’assiette des contribuables, tous les citoyens étant appelés
à contribuer à l’accroissement des recettes, chacun selon
ses possibilités. Puis, nous sommes déterminés à
redresser la situation financière à travers un programme
de travail à exécuter par étapes. Nous espérons
que la situation économique dans son ensemble commencera à
s’améliorer dès la ratification de la loi de finances.”
Il y a lieu de signaler, d’autre part, que le Koweit attend la visite
du président Hoss, celle-ci ayant été reportée
suite à une indisposition du prince héritier, cheikh Saad
el-Abdallah As-Salem As-Sabah, Premier ministre koweitien.
Le chef de la principauté qui entretient d’excellents rapports
avec M. Hoss, se dit prêt à apporter sa contribution au financement
de projets d’utilité publique, des liens personnels existant entre
l’Emir As-Sabah et le président du Conseil libanais.
Le programme de la visite de M. Hoss fait l’objet de contacts entre
les deux capitales, par la voie diplomatique.
Sur un autre plan, les enquêtes judiciaires ont repris au palais
de Justice autour des dossiers relatifs aux résidus pétroliers,
aux pièces antiques, à diverses infractions et malversations
dans lesquelles sont impliqués des fonctionnaires de différentes
catégories.