MINISTRE TURC DU TOURISME

AHMED TAN:
"NOUS AVONS SURMONTÉ BIEN DES ÉPREUVES
ET COMPTONS RÉACTIVER L’INDUSTRIE TOURISTIQUE"


Le tourisme est le secteur à croissance rapide dans le monde. Aussi, les pays concernés se livrent-ils à une concurrence pour attirer le plus grand nombre de touristes. Considérée comme l’un des plus importants secteurs économiques de Turquie, l’industrie touristique a progressé, preuve en est que le nombre des touristes y a augmenté considérablement, constituant une source importante de revenus et favorisant les investissements étrangers. Durant la période allant de 1992 à 1998, le nombre des touristes en Turquie a augmenté de 36,9%, le revenu du secteur touristique atteignant 7,1 millions de dollars U.S. (soit une augmentation de 63,8%).
Actuellement, ce secteur vital pâtit de plusieurs problèmes à cause des campagnes médiatiques calomnieuses menées à son encontre par certains pays occidentaux.
“Cette attitude préjudiciable, dit le  ministre turc du Tourisme, fait suite à l’arrestation d’Ocalan, chef du PKK, mouvement terroriste. A mon avis, ces campagnes menées par des pays qui appuient Ocalan, sont fausses, la Turquie étant un pays sécurisant.”
D’autre part, M. Mohamed Tan attribue l’hostilité médiatique occidentale à une politique commune, non déclarée des pays de l’Union européenne qui, pour des raisons économiques et pour préserver l’Euro, veulent que leurs citoyens restent à l’intérieur de leurs frontières.
Comment évaluez-vous le secteur touristique?
Le tourisme est un nouveau secteur en Turquie, comparé aux autres pays de la région. Le ministère du Tourisme a été créé en 1963. En moins de quinze ans, le nombre des touristes a atteint cent millions, la plupart étant de nationalité allemande (2.3 millions de ressor-tissants l’année passée). Nos hôtels de renommée internationale, attirent les vacanciers.
Malgré l’inflation qui atteint 90% par an, le tourisme a progressé. Les prix des produits, les tarifs des hôtels et restaurants sont très abordables. L’hospitalité est notre atout. Pays islamique, la Turquie n’impose à personne ses traditions religieuses. De même, ses paysages magnifiques et ses sites touristiques et historiques suscitent la curiosité des visiteurs.
Cependant, certains touristes hésitent à venir chez nous, parce qu’ils craignent le terrorisme. Nous avons lutté contre ce fléau, le PKK en tête, durant quinze ans et, en même temps, nous avons protégé le tourisme et les touristes qui sont retournés chez eux sains et saufs.
Cette année, suite à l’arrestation d’Ocalan, certains pays européens qui l’appuient, mènent des campagnes médiatiques calomnieuses portant préjudice à notre tourisme.
Pourquoi cette campagne européenne contre la Turquie?
Les pays de l’Union européenne veulent que leurs ressortissants restent à l’intérieur de leurs frontières pour des raisons économiques, afin de préserver l’euro. A leur avis, les Allemands devraient se rendre en Grèce ou en Espagne et non en Turquie.
L’U.E. peut imposer son quota sur les produits textiles turcs, mais non sur les hommes. Partant de là, ces campagnes nuisent au secteur touristique turc.
D’autre part, les pays de l’U.E. exercent des pressions sur Ankara avant le jugement d’Ocalan, puisque son groupe terroriste opère en Europe.
L’opinion publique arabe est influencée par ces nouvelles, ce qui se répercute négativement, sur le tourisme dans votre pays. Que faites-vous pour démentir ces rumeurs?
Nous invitons les hommes politiques, diplomates et journalistes étrangers à venir en Turquie pour constater la fausseté de ces rumeurs. L’information occidentale émet des nouvelles dénuées de fondement et injustes attribuées aux terroristes kurdes.
Blâmez-vous les Etats européens d’avoir appuyé le PKK?
Pas officiellement. Mais certains médias occidentaux, bon gré mal gré, appuient ce mouvement, de plusieurs façons.
Le tourisme a-t-il été affecté par ces campagnes cette année?
Oui, durant la guerre du Golfe, nous avons pu surmonter des épreuves similaires. Aussi, comptons-nous durant la seconde moitié de cette année, réactiver ce secteur.
Le jugement d’Ocalan aura-t-il un impact négatif sur votre industrie touristique?
Je ne le crois pas, d’autant que ce secteur n’est pas la seule source de revenu national.
Nous disposons d’autres ressources. La population active s’élève à 65 millions de citoyens, dont la majorité est constituée par des jeunes. La moitié de la génération a moins que 35 ans. Ceci nous permet de réactiver tout secteur productif bénéfique à l’économie. La Turquie ne sera pas influencée par les menaces de certains Européens qui appuient les Kurdes; elle pourra surmonter cette situation. Nous avons maintes fois fait face à l’embargo économique tel celui imposé par l’Amérique en 1974, à cause de la crise turco-chypriote. Tout problème a une solution.
Le jugement d’Ocalan achèvera-t-il le PKK?
Aucun pays ne peut être à l’abri du terrorisme qui peut prendre divers aspects.
Comme vous le savez, Ocalan est accusé du meurtre de plusieurs milliers de personnes et il doit être jugé. Le PKK n’est pas un parti; c’est un mouvement terroriste.
La présence de réfugiés kosovars dans votre pays aura-t-elle une influence sur le tourisme?
La Turquie peut accueillir un grand nombre de réfugiés kosovars. Il y a sept ans, environ, un demi-million de réfugiés du nord de l’Irak sont venus chez nous.
La Turquie peut être un abri pour les réfugiés, mais ne peut régler le problème du Kosovo. Nous pouvons accueillir 10 millions de réfugiés. Cependant, en quittant leur patrie, les Kosovars ont rendu un grand service aux fascistes serbes, ce qui est injuste. Nous les considérons comme des hôtes devant retourner à leur pays, car c’est leur droit.
 
ROLAND RAHAL
(Istanbul)

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