ISRAËL A VOTÉ POUR RENOUVELER LA
KNESSET ET ÉLIRE SON PREMIER MINISTRE
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Les problèmes intérieurs auront dominé une campagne
où s’est nettement exprimée la fracture entre le camp religieux
lié à la Droite et le camp des laïcs lié au Centre
et à la Gauche. D’abord. Ensuite: ces élections anticipées
se sont déroulées 17 mois plus tôt que prévu,
la coalition de Netanyahu ayant éclaté en décembre
- signe des temps - après la signature de l’accord de Wye Plantation
stipulant un retrait partiel de la Cisjordanie occupée.
M. Barak, 57 ans, ancien chef d’état-major, s’est présenté
aux électeurs comme l’homme du changement, promettant la relance
économique et le déblocage du processus de paix. M. Netanyahu,
49 ans, a basé sa campagne sur l’argument que son rival était
disposé à faire des concessions aux Palestiniens, inacceptables
pour Israël.
Ainsi, après une campagne menée tambour battant, le travailliste
Ehud Barak, comme l’ont annoncé la plupart des pronostics, a été
porté au poste du Premier ministre d’Israël avec une avance
écrasante sur le chef de gouvernement sortant. Un dirigeant travailliste
a déjà affirmé que Barak allait tenter de former la
majorité la plus large possible. Car c’est la première fois
dans l’histoire d’Israël que les deux grands partis obtiennent ensemble,
moins de la moitié des sièges au parlement qui compte cent-vingt
députés.
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CAMPAGNE ÉLECTORALE ISRAÉLIENNE SUR FOND D’UN REVERS
DU LIKOUD
La Cour suprême israélienne suspend pour une semaine la
fermeture de la “maison d’Orient, à Jérusalem-Est. L’ordre
de fermeture avait été donné la veille par le gouvernement
Netanyahu.
Le Premier ministre sortant ne cachait pas l’intention qu’il avait
d’en faire un argument électoral.
Ce coup d’arrêt à la décision du Premier ministre
suspend, en effet, sa tentative de fermer une partie de la “maison d’Orient”.
Cette fermeture sous 24 heures, provisoirement différée d’une
semaine, aura contribué à faire baisser la tension à
quelques jours des élections législatives.
C’est peut-être une décision provisoire, mais le fait
est que la Cour suprême qui suspend pour une semaine la fermeture
des trois bureaux, trouve sa justification dans la demande adressée
par le juge qui agissait, légalement, pour répondre à
la requête de huit militants de la Droite israélienne dissidente,
exigeant de différer les ordres de fermeture jusqu’au lendemain
des élections.
Les ultra-orthodoxes venus des quatre coins du monde porter appui à Netanyahu. |
Jubilation générale dans le camp des travaillistes. |
Benjamin Netanyahu a donc échoué dans sa tentative de
faire un coup d’éclat, à la veille du premier tour de scrutin.
Néanmoins, le soir même dans les spots publicitaires du
Likoud, il n’a pas manqué d’exploiter les faits relatifs à
la “maison d’Orient”: “Netanyahu le dirigeant fort, pour un peuple
fort”, affichait le slogan électoral. Toujours est-il que les commentateurs
sont partagés sur les retombées de cette affaire. D’autant
plus que les responsables de la sécurité en Israël,
n’ont pas caché leurs critiques à l’égard du Premier
ministre: “Il fait passer les considérations électoralistes
avant la sécurité de l’Etat”, ont déclaré
certains d’entre eux!
Un ennui ne venant jamais seul, avec l’épreuve du scrutin, le
gouvernement israélien doit faire face, à une vague de mécontentement
social. Plusieurs grèves paralysent aujourd’hui l’enseignement,
mais aussi les hôpitaux du pays. Tous ont la même revendication:
la hausse des salaires - grèves qualifiées de politiques
par le ministre des Finances - de mèche avec le Premier ministre.
La bataille fait rage entre les différents courants de la vie
politique israélienne. Une vie politique qui se déchire au
fur et à mesure que se rapproche la date fatidique.
Le parti ultra-orthodoxe “Shass” appelle à voter en masse pour
Netanyahu. Les laïcs se mobilisent en s’attaquant violemment aux partis
religieux.
C’est pratiquement, à couteaux tirés, par le biais de
petites phrases assassines que les partis laïcs et religieux s’opposent
tout au long de cette campagne électorale. La croisade la plus violente
contre les Juifs ultra-orthodoxes, essentiellement le parti “Shass”, est
menée par Youssef Lapid à la tête d’une formation issue
de la scission du parti “Miretz”.
Cet ancien journaliste est célèbre pour ses réparties
cinglantes, son programme se résume à combattre les ultra-orthodoxes.
“Il faut les arrêter, dit-il, avant qu’ils fassent d’Israël
un Etat fondamentaliste modèle iranien”. Il plaide aussi pêle-mêle
“contre la fermeture des magasins et des rues le jour du “sabat”, pour
l’enrôlement dans l’armée comme tous les citoyens israéliens,
ce dont 40.000 étudiants talmudiques sont exemptés; et pour
l’arrêt des subventions par les deniers publics des institutions
scolaires, accordées aux Juifs - Orthodoxes. Réplique immédiate
du parti “Shass” qui accuse Youssef Lapid, rescapé du guetto de
Budapest, dont le père a été tué par les nazis
“de n’avoir rien appris dans les camps de concentration”. En Israël,
de telles attaques entre laïcs et formations religieuses sur
la scène politique constituent une première et, plus la date
des élections approchait, plus les affrontements verbaux étaient
violents.
La répercussion de ces élections dans le monde arabe
et sur le processus de paix sont diverses. Les capitales arabes discutent
de l’évolution de cette campagne. L’Egypte ne fait pas de commentaires
officiellement... Pour ne pas faire de tort à celui pour lequel
elle se prononcerait.
M. Amr Moussa a donné un portrait robot du prochain Premier ministre escompté: un vrai partenaire de dialogue qui comprend et admet un vrai équilibre des forces, issu des pourparlers de Madrid et sur la base de quoi il faut poursuivre le processus de paix. En d’autres termes, pour ne pas le nommer, ce serait Ehud Barak. Une autre raison à l’appui de cette préférence: Barak est général comme le président Moubarak. Ce sont des militaires et entre militaires on se comprend mieux, ils ont un discours plus direct - et il y aurait donc moins de possibilités de louvoiements - ce que, justement, le président Moubarak a toujours reproché à Netanyahu.
Ehud Barak, le militaire, menant un commando
à la frontière libano-israélienne en 1992.