Moins
de 24 heures après son élection, Ehud Barak a commis un impair
en déclarant: “Jérusalem restera unifiée sous la souveraineté
israélienne et la capitale éternelle d’Israël” (sic).
On croirait entendre Netanyahu... Ce qui ne l’empêche pas d’écarter
tout danger de guerre au P.O. et de promettre le rapatriement de ses militaires
stationnés dans la zone frontalière (libanaise) d’ici à
douze mois. Réaliste, le président Salim Hoss (notre photo)
affirme: “Tout dépend de la position des Etats-Unis et de leur détermination
à contraindre l’Etat hébreu à favoriser le processus
de paix.”
Après la victoire écrasante de Ehud Barak, beaucoup d’observateurs
et d’analystes seraient portés à dire: “C’est blanc bonnet
et bonnet blanc”, façon de dire qu’il n’y a pas beaucoup de différence
entre les deux hommes. En d’autres termes, qu’il s’agit des deux faces
d’une même monnate.
En fait, les travaillistes, comme leurs adversaires de droite, ont
toujours compté des “faucons” prônant la violence et l’extrémisme
comme système de gouvernement et de société.
Cependant, il faut reconnaître que les premiers ont fini
- avec Yitzhak Rabin - par changer de tactique et, partant, par se prêter
au dialogue direct avec les Arabes, le dernier Premier ministre travailliste
ayant payé de sa vie ce changement de comportement.
Barak a appelé les Israéliens “à voter pour l’unité,
le changement, et l’espoir”. Et Yasser Arafat a engagé l’électorat
palestinien “à voter pour la paix”, disant que le scrutin du 17
mai devrait fournir au peuple d’Israël “l’occasion de prouver qu’il
désire, réellement, la paix pour vivre avec les Palestiniens
et les Arabes selon les principes du bon voisinage”.
Dans l’ensemble, les Arabes ont accordé leurs suffrages au leader
travailliste, davantage par dépit (pour Netanyahu), parce qu’il
a, bloqué le processus de paix et attisé le courant de la
colonisation, au point que le jour même des élections, il
a donné le feu vert pour la construction de plusieurs milliers d’unités
de peuplement.
L’opinion publique libanaise (et arabe) réserve un accueil favorable
à Barak, dans la mesure où il tiendra sa promesse “d’évacuer
le Liban-Sud et la Békaa ouest dans un délai de douze mois”
et, aussi, “d’appliquer les résolutions de la légalité
internationale par rapport aux territoires arabes occupés.”
Il faut donc le voir à l’œuvre pour porter un jugement réaliste
sur sa politique. Le nouveau Premier ministre israélien n’a d’autre
option que de rapatrier ses forces armées, de souscrire aux principes
définis à la conférence de Madrid, dont celui de “la
terre contre la paix” et de respecter les termes des accords conclus (avec
l’Egypte, les Palestiniens et la Jordanie).
Faute de quoi, aucune distinction ne sera faite entre Barak et Netanyahu
à qui s’appliquera, alors, l’adage connu: “C’est blanc bonnet et
bonnet blanc...”
Tout compte fait, les Israéliens se sont prononcés, sans
ambages, en faveur de la paix dont Bibi a bloqué le processus depuis
près de trois ans. Aussi, ont-ils porté Barak à la
présidence du Conseil.
Tout dépend, à présent, du nouveau Premier ministre
israélien et, aussi, du “parrain de la paix”, en l’occurrence les
USA, dont les pressions sur son prédécesseur n’avaient pas
produit les effets qu’en escomptait Washington.
Le président Clinton aura-t-il, maintenant, la main plus heureuse
et parviendra-t-il à faire entendre raison au nouvel homme fort
à Tel-Aviv. |