Moins
d’un an et demi après le mouvement protestataire des agriculteurs
de la Békaa, à cause du renvoi de la frontière
jordanienne, de leurs camions chargés de plusieurs tonnes de pommes
de terre, ceux du Akkar manifestent pour le même motif. Le chef de
l’Etat et le ministre de l’Agriculture (notre photo) ont discuté
cette question au cours d’une rencontre de travail mardi au palais de Baabda.
Un mouvement protestataire se dessine, en ce moment, au Liban-Nord,
pareil à celui dont la Békaa a été le théâtre
il y a près d’un an et demi, suite au refoulement, à la frontière
jordanienne, de camions transportant plusieurs tonnes de pommes de terre
produites dans ce district.
Et ce, à titre de représailles, suite au refus des autorités
liba-naises d’admettre des camions chargés de pastèques provenant
du royaume hachémite.
Les protestataires sont, cette fois, des agriculteurs du Akkar qui
réclament la protection de la pomme de terre et demandent au gouvernement
de prendre les dispositions voulues afin d’en assurer la vente sur les
marchés arabes.
Des manifestants ont promené des banderoles sur lesquelles ont
pouvait lire: “Nous avons planté et récolté la déception”.
Des parlementaires nordistes, en l’occurrence MM. Méraabi, Farès
et Sarraf, deputés du Akkar, soutiennent les agriculteurs et se
prononcent en faveur d’un soutien de l’Etat à la culture de la pomme
de terre considérée, comme “l’une des richesses agricoles
du pays”, ce en quoi ils n’ont pas tort.
Cependant, il nous revient que 80 pour cent des terres arables de ce
caza sont réservées à cette mono-culture! Il en est
de même dans la Békaa. Ainsi, la récolte de pommes
de terre s’avère excédentaire; en ce sens qu’elle dépasse
de loin les besoins de la consommation locale. Et son écoulement
dans les Etats arabes a été rendu d’autant plus difficile
que, durant les dernières années, le ministère de
l’Agriculture a interdit la vente des produits agricoles des pays membres
de la Ligue pour, soi-disant, protéger la production nationale,
surtout durant la période de la récolte... Ainsi, l’Egypte
a refusé d’admettre nos pommes et, la Jordanie, nos pastèques...
Un calendrier agricole avait été établi, en vertu
duquel étaient échangés les contingents de fruits
et légumes libanais et arabes, dans des conditions susceptibles
de préserver les intérêts de tous les producteurs.
Le ministère de l’Agriculture dont le portefeuille devrait être
confié à un titulaire versé dans les problèmes
agricoles, - on l’avait attribué à un membre du Barreau sous
le précédent régime - a intérêt à
diversifier les cultures, de manière à prévenir une
surabondance de produits de la terre de la même espèce.
Puis, le gouvernement devrait pouvoir forcer des entreprises étrangères
opérant au Liban d’acheter, ne serait-ce qu’une partie de
leurs matières premières. Dans le cas de la pomme de terre,
un restaurant de renommée mondiale ayant ouvert deux branches chez
nous, s’est arrogé le droit d’importer ce légume de base
et refuse de s’en procurer sur place, sous prétexte qu’il s’agit
d’une “espèce spéciale” introuvable sur le marché.
Pourquoi ne pas encourager les agriculteurs locaux à cultiver
cette “espèce” et même à leur en fournir les semences
à un prix de soutien? |