Il était très populaire. Serviable, enthousiaste, proche des gens, prêtant oreille aux plus humbles, ayant toujours maisons et tables ouvertes. Sa générosité spontanée l’avait fait entrer, vivant, dans la légende.

Comme son grand cœur qui savait aimer et donner avec passion, sans calcul ni retenue... Ce cœur las, deux fois opéré, qui l’a lâché au matin de ce funeste 17 mai 99....
Aujourd’hui, le Kesrouan en deuil le pleure. Cheikh Haykal el-Khazen n’est plus. Le président du Conseil municipal de Jounieh a été foudroyé chez lui, dans son lit, par une crise cardiaque qui l’a emporté à 52 ans, en pleine force de l’âge, brisant un grand rêve: celui de voir Jounieh devenir, sous son égide, une cité modèle. Il s’apprêtait à célébrer le premier anniversaire de son éclatante victoire aux municipales du 24 mai dernier, une “joie” effacée par l’affliction ressentie à la mort, il y a quelques jours, de son compagnon de route, Victor Abou-Chabaké, membre du Conseil municipal.
Des adieux émouvants ont été faits à cheikh Haykal el-Khazen. La dépouille mortelle, transportée à bout de bras de l’hôpital Saint-Louis, a été exposée dans le grand hall du bâtiment historique de la municipalité où des milliers de personnes ont défilé, venues lui rendre un dernier hommage et présenter leurs condoléances au frère du défunt, cheikh Roucheid el-Khazen, député du Kesrouan-Ftouh; à sa veuve éplorée, Wadad; à ses fils Me Farid (qui prend le flambeau), Saleh et Roucheid; à ses filles Rwaïda, Nahla et Hana et à tous les membres de la famille profondément affligée.
“Ta prestance, Haykal - Ton style, Roucheid - Ton cœur, Farid”, lisait-on en arabe sur des banderoles, sur la route menant à Ghosta où eurent lieu des obsèques imposantes et grandioses, le lendemain.
Une véritable marée humaine sur l’esplanade de l’église Saint-Simon le Stylite, où Mgr Roland Abou-Jaoudé, vicaire patriarcal maronite représentant S.Em. le cardinal-patriarche Nasrallah Boutros Sfeir,  célébra l’office funèbre, entouré d’une vingtaine de prélats.
Les présidents de la République, de la Chambre et du Conseil s’étaient fait représenter, respectivement, par MM. Sleiman Traboulsi, ministre des Ressources hydrauliques et électriques; Farès Bouez, ancien ministre et Hassan Chalak, ministre de la Réforme administrative. Le commandant en chef de l’Armée avait délégué le brigadier Michel Fayçal.
Une séance oratoire a suivi, présentée par Antoine Stéphane, moukhtar de Ghosta. Louant les qualités et l’action du grand défunt, des allocutions furent prononcées, successivement, par Me Nouhad Nawfal, président de la Fédération des municipalités du Kesrouan; le Dr Elie Bouez, vice-président du Conseil municipal de Jounieh; Ziad Chalfoun, président de la municipalité de Ghosta; le Dr Badih Abou-Jaoudé, au nom des amis, ainsi que par les poètes Moussa Zgheib, Antoine Rechdan et cheikh Nawfal el-Khazen, au nom de la famille.
Non, cheikh Haykal ne  nous a pas quittés... Son esprit, son âme sont avec nous, en nous... Requiescat in pace!