On attendait “Tout sur ma mère” de l’Espagnol Pedro Almodovar; c’est “Rosetta” des frères belges Luc et Jean-Pierre Dardenne qui a été primé, décrochant une “Palme d’or”, surprise qui a renversé tous les pronostics.
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Si avec “Rosetta” la surprise fut agréable, par contre la surprise
amère a été le triple honneur décerné
au film insolite et dérangeant du Festival “L’Humanité”,
du Français Bruno Dumont qui se voit attribuer le grand prix du
jury, ainsi que le prix d’interprétation masculine à son
héros, le jeune Français Emmanuel Schotté (acteur
non professionnel) et le prix d’interprétation féminine à
sa partenaire Severine Caneele qu’elle partage ex-aequo avec Emilie Dequenne,
vedette de “Rosetta”. Ces trois prix décernés à “L’Humanité”
ont provoqué des sifflets dans la salle et une tempête sur
la Croisette dont on parlera longtemps encore après le tomber de
rideau sur cette 52ème édition du Festival du cinéma.
Certains n’ont pas hésité à qualifier ce palmarès
de “provocateur” et de “limité” parce qu’ignorant des œuvres majeures
de cinéastes tels que David Lynch (“The Straight Story”), Takeshi
Kitano (“L’Eté de Kikujiro”), Jim Jarmush (“Ghost Dog”), Atom Egoyan
(“Le Voyage de Félicia”) et Chen Kaige (“L’Empereur et l’Assassin”).
Consécration pour l’actrice belge Emilie Dequenne, prix d’interprétation féminine qui n’a pu retenir ses larmes. |
Le top model australien, Elle McPherson. |
Laeticia Casta. |
L’actrice chinoise Gong Li. |
Jessica Lange au “Magestic”
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La plantureuse Liz Hurley. |
Katherina Marx, arrière-petite-fille du philosophe allemand Karl Marx. |
La pulpeuse Salma Hayek. |
UN PRÉNOM QUI FAIT UN FILM
Derrière les grands vainqueurs, les frères Dardenne et
Bruno Dumont, le favori et champion à l’applaudimètre, l’Espagnol
Pedro Almodovar a dû se contenter du “Prix de la mise en scène”
pour “Tout sur ma mère”, tandis que le “Prix du scénario”
était attribué au Russe Alexandre Sokourov pour “Moloch”
et le “Prix du Jury” à Manoel de Oliveira pour “La Lettre” (Portugal).
Un accessit, le “Grand prix de la commission technique”, a récompensé
“L’Empereur et l’Assassin”, de Chen Kaige (Chine).
Grand vainqueur de la compétition avec la Palme d’or, le film
belge “Rosetta” conte l’histoire d’une femme, une toute jeune femme
Rosetta (Emilie Dequenne) qui habite une roulotte dans un camping, se bat
toute seule pour trouver du travail et une place dans la vie, “Le titre
est un prénom. Le prénom fait le film. Rosetta est l’introductrice
du spectateur”, expliquent les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne
auteurs de ce film ambitieux, ancré dans la réalité
sociale. Ils ont cherché une interprète inconnue parce qu’ils
voulaient “une personne pas un personnage. Une personne entièrement
concentrée sur ce but: tenir debout”. Ils ont pleinement réussi
et ont décroché la Palme d’or, alors que leur toute jeune
interprète a obtenu ex-aequo le prix d’interprétation féminine
devenant, précocement, un... personnage! Ne pouvant contenir ses
larmes à la remise de son prix lors de la cérémonie
de clôture, la candide Emilie Dequenne a ému l’assistance.
TRIPLEMENT À L’HONNEUR
Film très controversé, “L’Humanité” qui a raflé
trois prix, est l’histoire d’un homme trop humain, d’une sensibilité
exacerbée, qui pleure sur les autres, sur le monde. Un homme strict
et humble qui prend sur lui le mal d’autrui et qui, sans fin, souffre de
cette sympathie. Tout en étant généreuse, l’action
devient agaçante, aussi lourde qu’inspirée. A bien des égards,
c’est aussi un film policier dont l’intrigue, sinon le suspense, tourne
autour du viol et de l’assassinat d’une fillette de 11 ans, dont le corps
nu et la vulve meurtrie forment le plan “trauma” des premières minutes.
Et le policier Pharaon de Winter mène une enquête sordide.
Un bien étrange policier dont les larmes contiennent toute la douleur
du monde. C’est là un cinéma d’une absolue liberté
mais, aussi, un cinéma de la maîtrise qui frise l’obsessionnel.
UNE TÂCHE DIFFICILE AUX RÉSULTATS LIMITÉS
“Prix du Jury”, “La Lettre” de Manoel de Oliveira est une transposition
moderne de “La Princesse de Clèves” de Madame de La Fayette. Ici,
la passion secrète de la princesse (qui arrive à maîtriser
ses actions mais non à contrôler son cœur), concerne toutefois
un “rocker” modèle portugais, afin d’accentuer l’écart des
classes sociales. Ce qui rend d’autant plus impossible, donc inconsolable,
l’attraction réciproque de la noble héroïne et d’un
baladin de souche populaire. Pour éviter tout scandale, ils s’éviteront
durant toute leur existence. Mais elle avouera, pourtant, son désarroi
uniquement à son mari qui en mourra de tristesse et à une
amie religieuse dont la compassion ne parviendra pas à apaiser sa
conscience.
Cette 52ème édition du Festival de Cannes restera très
moyenne avec un jury présidé par le Canadien David Cronenberg
qui n’a pas eu la tâche facile, dont le jugement et les choix limités
ont été particulièrement controversés. Le palmarès
est loin d’avoir satisfait les professionnels du cinéma.
Sophie Marceau. |
Val Kilmer et sa compagne. |
Le réalisateur espagnol, Pedro Almodovar, prix de la mise en scène. |
L’actrice belge, Marie Gilian. |
Le jury au banc des accusés. |
Grands vainqueurs de Cannes 99, les frères belges Luc et Jean-Pierre Dardenne, posant avec la “Palme d’or”. |
Les lauréats Dumont, Severine Caneele (meilleure actrice) et Emmanuel Schotté (meilleur acteur) posent pour la postérité. |
L’arrivée d’Emmanuelle Béart, Catherine Deneuve, son fils et Arielle Dombasle. |
Accessit de consolation pour le réalisateur chinois Chen Kaige, avec le prix de la meilleure contribution artistique pour son film “L’Empereur et l’Assassin”. |
Primé pour “La Lettre”, Manoel de Oliveira et son actrice Chiara Mastroianni. |
Le réalisateur français, Bruno Dumont, qui a reçu le diplôme du Grand prix du jury décerné à son film: “L’Humanité”, Lambert Wilson et Cate Blanchett. |
Meilleures actrices ex-aequo; la Française Severine Caneele et la Belge Emilie Dequenne (à droite) ont reçu leur prix des mains de Johnny Halliday. |