FIAD 1999
UNE MANIFESTATION PLACÉE SOUS LE SIGNE DE LA PLURALITÉ

Voilà une manifestation qui permet à tout un chacun de “naviguer” dans toutes les curiosités et les découvertes...

La FIAD, Foire Internationale d’Architec-ture Intérieure et de Design, s’inscrit dans le cadre de “Beyrouth, capitale culturelle du monde arabe”.
Un lieu de rencontre où sont présents des créateurs venus de plus de vingt-trois pays dont la République tchèque, le Danemark, l’Egypte, la France, l’Autriche, le Canada, la Jordanie, le Japon, l’Allemagne et bien d’autres, sans oublier la place prépondérante qu’occupe le Liban dans les domaines de la décoration intérieure, de l’artisanat ou de l’art.
Interface indispensable d’opérations multiples, ce salon consolide, aussi, la vocation du tourisme culturel puisqu’il vise au développement économique du Liban.
L’expression en art contemporain peut ainsi prendre des visages pluriels. La FIAD, avec ses 10.000m2 d’espace d’exposition, présente à travers ses centaines de stands, les divers aspects de l’art, de la création avec les moyens les plus modernes.
Les nombreux visiteurs ont pu tout à loisir admirer différents espaces réservés à de grandes maisons proposant des meubles contemporains surprenants de créativité, des ensembles parfois très “zen” dans leur conception, très intelligents où l’esprit de rigueur règne.
 

Une mosaïque signée Catherine Mandron.

Les cubes modulables de Maya Eid.

 

Une huile d’Assadour.

Gravure sur papier d’Alain Soucase.

Il y a, là aussi, les verreries de Murano, l’espace mosaïque Eid-Licata, le Carré d’as réservé aux designers industriels, des concepteurs d’espaces. Dans le catalogue édité à cette occasion M. Mohamed Youssef Beydoun, ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, écrit: “Cette manifestation trouve son prolongement dans notre projet de création d’un Musée d’Art contemporain à Tripoli et à Beyrouth, en vue de multiplier les expositions artistiques organisées par le ministère de la Culture et de l’Enseignement supérieur. Elle nous incite, également, à encourager la création d’un Centre International Interculturel des Métiers d’Art de l’Artisanat CIMAAA...
Notre ambition est qu’à l’aube d’un nouveau millénaire, le Liban s’impose comme plate-forme artistique incon-tournable pour les créateurs du monde entier.”
Le président de la FIAD, M. Georges Salem confie: “La FIAD n’est pas une simple exposition de plus... C’est un lieu permanent de productions, de rencontres, d’échanges culturels...
C’est dans cet esprit et par l’innovation que nous ferons émerger dans la région une manifestation pérenne de qualité, à l’avantage des professionnels des métiers d’art et de création.”

PROMESSES TENUES
Il serait prétentieux de procéder à un compte-rendu détaillé dans nos colonnes de ce Salon qui dispose de centaines de stands variés.
Notre propos est de nous limiter à l’exposition des œuvres d’art.
Pour cette troisième édition, la FIAD a voulu que tous les participants travaillent sur un thème précis: “Vivre, c’est créer”...
Groupés autour de ce sujet, des galeries et des artistes qui exposent en solo nous ont donné à voir leurs plus belles visions.
Un espace important était donc réservé à l’art de la mosaïque. Cet art de réflexion requiert la maîtrise du geste et une connaissance approfondie de cette technique si particulière.
Parmi les artistes, les œuvres de Verdiano Marzi, Michèle Massiou, Liccata, Guillemette Buffault qui offre des mosaïques en relation avec l’architecture et dont les interventions par des inclusions ponctuelles, lignes, frises dans des surfaces enduites murales ou au sol ont été très remarquées.
Très remarquées, également, les œuvres du sculpteur-mosaïste Catherine Mandron. Des compositions modulées avec des effets de volume rendus par la tesselle de ses matériaux très particuliers. Des éclats de pierres qui, par leurs angles, captent toute la lumière.
Avec cette artiste, le mouvement, le volume sont rendus par la juxtaposition de différentes sortes de pierres, des pierres naturelles, des lapis-lazulis, des shistes, de l’ardoise... Ces oiseaux étranges, ces “ibis” sont de la mosaïque en volume mais, aussi cette toile tendue qui est une maquette d’un bas-relief organisé autour de signes-symboles très particuliers à notre pays.
Présent, aussi, à cette manifestation, l’art du vitrail avec “Art sacré USEK” et les ateliers Loire de Chartres. Un vrai régal pour les yeux avec la couleur-lumière, son impact intérieur-extérieur. Un art magique puisqu’il s’agit de métamor-phoser en verre une proposition de peinture.
 

L’art sacré du vitrail.

Sculpture de Nicole Bouldoukian.

 

Une mega-toile de Magni.

 

Robert Hélou, huile sur toile.

La galerie Rochane a accroché des lithographies de Jansem.
Corps de femmes au repos travaillés avec une belle linéarité de ligne.
Tranches de vie, attitudes passives. Par la sûreté incisive de son dessin, son habileté de coloriste, Jansem s’affirme en tant que maître des sciences des lignes qui atteignent toujours la vérité des attitudes choisies.
Il y a là des toiles de Shart, un vrai épicurien de la couleur, Assadour et son monde en équilibre fragile, le chaos organisé.
Georges Bassil ou le faux-fixe des corps... Un artiste guidé par un pinceau sensible et réaliste qu’il trempe dans deux ou trois couleurs essentielles. Ne craignant nullement les répétitions de sujet, Bassil cherche la rigueur de ses compositions, pour rendre des atmosphères floues, ambiguës... Personnages au regard angoissé qui vous fixent, visages en quête d’amour ou d’identité.
La galerie Ep-reuve d’artiste propose les œuvres de Fré-déric Dufoor, un excellent por-trait de femme signé Andrés Monréal, les collages de Sou-case, les com-positions cons-truites à travers une expression abstraite et dé-pouillée d’As-sumption Ma-teu. Une pein-ture matiériste, sensuelle, ou-verte à l’évoca-tion.
La galerie Janine Rubeiz: des œuvres d’An-tonio Segui, Huguette Caland et cette très belle œuvre de Shafic Abboud...
Wajih Nahlé expose en solo, proposant ses espaces du vertige, ces compositions aux contours éthérés. Un artiste qui par son traitement de la couleur, sa dynamique s’impose en maître.
Maya Eid fait, également, cavalier seul... Cette artiste réussit toujours à sur-prendre par son imaginaire qui recule les limites du possible. Pour la FIAD, elle a conçu à partir de plusieurs cubes portant sur leurs facettes des collages subtils, fragments d’histoire, de mé-moire...
Il s’agit de faire pivoter les cubes histoires à lire, à suivre... 6.144 compositions. Il fallait oser!
La FIAD 99 a tenu ses promesses: diffuser et promouvoir les facettes d’une création pluridisciplinaire en accueillant des artistes libanais et ceux venus du monde entier pour les mettre à portée de tous.
Un rendez-vous de professionnels ayant participé avec brio à la mise en valeur de l’art, au seuil de ce troisième millénaire. 


par  SONIA NIGOLIAN

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