LE POUVOIR SE PRÉOCCUPE
DE COMBATTRE LE MARASME
EN REDRESSANT LA SITUATION ÉCONOMIQUE
Si la semaine écoulée s’est terminée par l’ouverture
du dossier du ministère de la Santé et l’arrestation du Dr
Kassem Hamadé, ancien directeur du bureau national des médicaments,
sous l’inculpation d’avoir détourné 400 millions de livres,
on assiste à présent à d’autres arrestations dans
le cadre de l’enquête menée à propos des fonds municipaux
et de l’affaire du port de Beyrouth.
Dans le même temps, le cas de M. Omar Meskaoui, député
de Tripoli, ancien ministre des Transports, défraye la chronique
judiciaire. Celui-ci est convoqué, à titre de témoin
et doit comparaître devant le chef du bureau des investigations criminelles,
le colonel Samir Rahmé. Mais M. Meskaoui refuse de se présenter
devant cet officier, arguant qu’il jouit d’une immunité parlementaire
et qu’il ne doit pas être mêlé à une affaire
dans laquelle est impliqué l’ancien président du conseil
d’administration du port, M. Mouhib Itani.
DU PORT À SUKLEEN ET SUKOMI
M. Meskaoui a choisi d’adresser au procureur général
près la Cour de Cassation, une lettre où il consigne les
renseignements dont il dispose autour du dossier de la société
“Sarmolem”.
Par ailleurs, l’interrogatoire de M. Nabil Jisr, ancien président
du CDR, a amené le magistrat instructeur en charge de cette affaire,
à recueillir la déposition de M. Auguste Bakhos, ancien député;
Nayef Maalouf, ancien administrateur de Beyrouth et à envisager
d’interroger, une fois de plus, trois anciens ministres: MM. Fouad Sanioura,
Bassem Sabeh et Hagop Démerdjian à une date non encore fixée,
ceux-ci ayant eu à traiter des problèmes en rapport avec
le dossier des fonds municipaux.
M. Jisr a été interrogé sur la mise en adjudication
du ramassage des ordures de la capitale et la procédure suivie pour
confier cette mission aux sociétés “Sukleen” et “Sukomi”.
MM. Bakhos et Maalouf ont été amenés à exposer
les raisons qui, à leur connaissance, ont entraîné
la hausse inhabituelle des fonds alloués aux sociétés
mentionnées depuis 1989, à la lumière de leur expérience
dans ce domaine, le premier ayant assumé la présidence de
la fédération des municipalités du Metn; et, le second,
ayant été administrateur de Beyrouth.
L’INCINÉRATEUR DE BOURJ HAMMOUD
Un autre dossier qui semble devoir prendre du temps, celui de l’incinérateur
de Bourj Hammoud. En effet, les investigations s’annoncent particulièrement
laborieuses, pour la raison que des millions ont été dépensés
sur ce projet, alors qu’il n’a pas connu un début d’exécution.
L’argent s’est donc “volatilisé” ou a été utilisé
à des fins autres que celles pour lesquelles il a été
confié aux exécutants, exactement comme ont disparu les fonds
prélevés sur la caisse des fonds municipaux... Certaines
sources n’écartent même pas la possibilité que l’ancien
chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, soit entendu à titre de témoin
(en même temps que trois de ses anciens ministres: MM. Sanioura,
Sabeh et Démerdjian), en sa qualité de responsable direct
de cette affaire.
Un autre ingénieur, Mohamed Doughane, a été arrêté
dans l’affaire des fonds municipaux, sous l’inculpation d’avoir encaissé
des “factures fictives”. En ce qui concerne les résidus pétroliers,
le juge Mirza a rejeté pour la troisième fois, la demande
de mise en liberté de l’ancien ministre Chahé Barsoumian,
principal inculpé dans cette affaire à qui l’Etat réclame
cinquante millions de dollars. Le magistrat instructeur poursuit son enquête,
en recueillant la déposition de fonctionnaires précédemment
attachés aux raffineries ou aux divers services du ministère
du Pétrole.
PRIORITÉ À LA SITUATION ÉCONOMIQUE
Tout en poursuivant son action au plan administratif, le gouvernement
n’épargne aucun effort pour redresser la situation économique,
en promettant une nette amélioration de cette dernière dès
la ratification, par l’Assemblée, du projet de budget 99. Devant
les visiteurs du palais de Baabda, le chef de l’Etat affirme, en permanence,
que le dossier économique figure en tête des priorités
et invite toutes les parties à coopérer pour mettre fin au
marasme, en insistant sur “la nécessité de consolider l’unité
nationale pour faire face aux éventuels développements au
plan régional”.
Dans cet ordre d’idées, les observateurs attendent non sans
impatience le vote par la Chambre de la loi de finances et la position
qu’adoptera le Législatif envers le projet de privatisation, suite
à l’accord intervenu à ce sujet entre les présidents
Berri et Hoss, la semaine dernière.
Sur un autre plan, il y a lieu de faire état de l’hommage rendu
par le chef de l’Etat aux résistants ayant exécuté
l’opération de Beit Yahoun où ils ont capturé un blindé
israélien.
En effet, le président Lahoud a délégué
auprès de cheikh Hassan Nasrallah, secrétaire général
du “Hezbollah”, le colonel Moustapha Hamdane, commandant de la Garde présidentielle.
Celui-ci a remis au chef des “Hezbollahis” un cadeau consistant en
un revolver choisi parmi les pièces exposées au musée
de la Garde, en plus de l’écusson de sa brigade.
Le colonel Hamdane a transmis à la Résistance et à
son chef, l’appréciation du Général-Président
de leurs actes héroïques et de leurs sacrifices “qui contraindront,
tôt ou tard, l’occupant israélien à évacuer
les portions occupées de notre territoire”.
HARIRI, DE DAMAS À WASHINGTON
Pendant ce temps, le président Rafic Hariri s’est éloigné
de nouveau, de la scène libanaise. De fait, après avoir été
reçu à Damas par le président Assad et d’autres responsables
syriens, l’ancien chef du gouvernement a gagné Washington, via Paris.
La coterie de M. Hariri fait état de son désappointement
suite aux récentes déclarations de son allié, M. Walid
Joumblatt, par lesquelles le leader du PSP laisse entendre que “M. Hariri
restera éloigné pendant longtemps du pouvoir”...
M. Hariri est attendu à Beyrouth dans la première quinzaine
du mois de juin, date fixée pour le lancement d’un journal (“Al-Moustakbal”)
dont la parution a été retardée plus d’une fois ces
derniers mois, bien que tout était mis en place début avril
pour sa diffusion.
HOSS À KOWEIT
On ne peut clôturer ce round-up de la semaine, sans faire état
de la visite que le président Salim Hoss vient d’effectuer au Koweit,
dont les résultats sont qualifiés de “positifs”. En effet,
le Fonds koweitien pour le développement a promis d’octroyer au
Liban un prêt (de 200 millions de dollars) destiné à
financer des projets d’équipement, dont les trois entrées
de Beyrouth et des travaux d’infrastructure électrique et hydraulique.
Une assistance serait, également, fournie pour les secteurs
industriel et agricole, cheikh Saad el-Abdallah As-Sabah, prince héritier,
président du Conseil, ayant promis toute aide à notre pays
au profit de tous les secteurs productifs.
Une mission officielle koweitienne est attendue, incessamment, pour
prendre connaissance auprès du CDR des études effectuées
à propos des projets à exécuter, le président
Hoss ayant déjà exposé l’ordre des priorités
établi par son gouvernement.
Une mission du Fonds séoudien pour le développement visitera,
également, Beyrouth, début juin, à l’effet de signer
avec le CDR un “document d’entente” autour de projets dont la réalisation
nécessite le débours de cent millions de dollars. Ce montant
fait partie du prêt de 260 millions de dollars que le royaume s’est
engagé à octroyer pour le financement des projets libanais,
lors de la visite du chef du gouvernement à Ryad.