Le
scrutin municipal de dimanche dernier n’a entoushiasmé que les seules
des trente-neuf localités où des listes d’entente n’ont pu
être formées. Le ministre de l’Intérieur qui a rendu
compte au chef du gouvernement des résultats de ces élections
(notre photo), va maintenant s’atteler à faire adopter le projet
relatif à la décentralisation administrative, dont l’application
réactivera les services étatiques après leur assainissement
par la réforme en cours.
“Le scrutin municipal de dimanche dernier est passé presqu’inaperçu,
comme le séisme de la veille” a dit un pince-sans-rire le soir du
même jour, en écoutant le ministre de l’Intérieur proclamer
les pre-miers résultats à la télévision.
La secousse tellurique de faible magnitude (3,5 degrés sur l’échelle
de Richter), n’a été ressentie, il est vrai, que par
peu de citoyens, son épicentre ayant été localisé
dans la plaine orientale de la Békaa.
Quant aux municipales (complémentaires), elles n’ont intéressé
que les habitants des trente-neuf agglomérations où elles
se sont déroulées “dans la liberté, la probité
et la démocratie”, pour reprendre les propres termes du ministre
de l’Intérieur, lequel a assuré que “l’Etat s’est confiné
dans une position de stricte neutralité”.
Autres caractéristiques de ce scrutin: les considérations
d’ordre familial ont prédominé dans l’ensemble, sauf dans
certaines localités où des partis se sont affrontés
avec la même férocité que durant les législa-tives
de 96: “Amal”, le “Hezbol-lah” et le Parti communiste dans la banlieue-sud
et cer-taines agglomérations de la Bé-kaa (Douris, Laboué,
Lebbaya) et dans six villages de Nabatieh.
Le fait que les comités de surveillance des élections
n’aient reçu, en tout et pour tout, que quatre plaintes dont les
sujets ont été réglés en quelques minutes,
prouve que le scrutin municipal de diman-che ne suscitait pas l’enthou-siasme
des votants, ni leur intérêt, surtout dans les villages où
des “listes d’entente” ont été constituées, pour éviter
les dissensions interfamilliales, la formule retenue ayant assuré
la représentation de tous les groupes locaux.
Puis, on n’a eu à déplorer qu’un incident grave dans
la région de Bijjé (caza de Jbeil) où deux automobilistes
se sont canardés, suite à un différend sur la priorité
de passage. Fait à inscrire à l’actif des forces de l’ordre:
le meutrier a été appré-hendé moins de deux
heures après l’incident mortel dans un hameau du caza de Batroun.
Cependant, on est en droit de poser une question: le ministre de la
Défense ayant signé un arrêté, la veille du
scrutin, interdisant le port d’armes au cours du dernier week-end, comment
cet automobiliste a-t-il pu garder son arme, pour la dégaîner
avec cette promptitu-de au moindre incident?
Le ministre de l’Intérieur a bien précisé qu’il
s’agit d’un “incident individuel, sans aucun rapport avec l’opération
électorale”, mais cela ne justifie pas le fait pour ce citoyen d’avoir
gardé son revolver à portée de sa main, car sans cela
l’incident se serait limité à un échange d’injures
ou, tout au plus, à une empoignade à laquelle une patrouille
de passage aurait mis fin.... |