HOSS AFFRONTE, AVEC PLUS DE FERMETÉ
SES DÉTRACTEURS
Elles n’ont pas tenu compte du contenu dudit communiqué, mais
la vérité reste aussi éclatante que la lumière
du soleil.
En tout cas, la tempête commence à s’apaiser, bien que
certains parlementaires, on sait lesquels, insinuent qu’ils pourraient
adresser une nouvelle question écrite au chef du gouvernement et
même la transformer en interpellation. Selon des renseignements fiables,
le président Rafic Hariri fait intervenir des amis auprès
du palais de Baabda, pour préparer une visite qu’il rendrait, incessamment
au chef de l’Etat, bien qu’il soit à l’origine de tant de cabales
déclenchées au cours des derniers mois contre le premier
Cabinet du régime.
Mais cette visite paraît difficile à réaliser dans
un avenir prévisible. Par contre, les contacts effectués
auprès du président de la République, en prévision
d’une visite de M. Walid Joumblatt au palais présidentiel, semblent
sur le point d’aboutir. Le député du Chouf qui a été
reçu, récemment, à Damas par des responsables syriens,
pourrait rendre visite au chef de l’Etat au palais de Beiteddine où
le Général-Président passe les fins de semaine durant
l’été.
HOSS POSERA-T-IL LA QUESTION DE CONFIANCE?
Pour en revenir au communiqué précité, le président
Hoss à qui on attribue l’intention de poser la question de confiance,
a précisé qu’il n’a encore pris aucune décision définitive
à ce sujet, mais se réserve le droit de le faire.”Je ne peux
prédire la réaction de l’Assemblée, a dit le chef
du gouvernement, mais j’ai le droit de poser la question de confiance à
tout moment”.
“Comment comptez-vous répondre aux questions des députés
haririens, s’ils venaient à transformer l’une d’elles en interpellation,
le Premier ministre a répondu: “Ma réponse sera identique
à celle que j’ai faite aux deux premières questions”.
Interrogé sur les motifs qui incitent le bloc parlementaire
de son prédécesseur à faire escalader leurs attaques
contre le “Cabinet des 16”, le président Hoss s’est limité
à dire: “Posez-leur la question. Nous vivons en régime démocratique
et chacun est libre d’agir à sa guise. Je ne voudrais pas accuser
M. Hariri et son groupe parlementaire de suivre une action basée
sur le slogan: “Ote-toi de là pour que je m’y mette”. C’est le droit
de l’opposition”.
M. Hoss nie l’allégation de ses détracteurs qu’il ait
avalisé le contenu du communiqué diffusé par les “sources
ministérielles”. Cependant, il s’étonne de ce que les “Haririens”
concentrent leurs critiques sur la forme dudit communiqué, “sans
s’arrêter à son contenu qui comporte, pourtant, des vérités
flagrantes!”
Quoi qu’il en soit, le gouvernement sort renforcé de la nouvelle
cabale dont il a fait l’objet ces dernières semaines, alors que
les milieux de l’opposition pensaient qu’il était “en instance de
départ”.
Tel n’est pas le cas, preuve en est que M. Hoss passe, maintenant,
à la contre-attaque, en se disant prêt à poser la question
de confiance dès que la Chambre aura ratifié le projet de
budget 99.
Puis, l’entrée en ligne du président Nabih Berri, dès
son retour de Téhéran, a consolidé la position du
Cabinet, le chef du Législatif s’étant empressé de
démentir, à partir de la capitale iranienne, des propos hostiles
à M. Hoss, que les opposants lui ont attribués.
HARIRI PRIS À PARTIE PAR BEYDOUN
Ce qui corrobore la position du président de la Chambre en faveur
du “Cabinet des 16”, c’est le fait pour un des proches du président
Berri d’avoir décoché une attaque virulente contre M. Rafic
Hariri.
En effet, M. Mohamed Abdel-Hamid Beydoun, député du Liban-Sud,
a réclamé que “des poursuites soient engagées contre
M. Hariri, en vue de son jugement pour tant d’erreurs qu’il a commises
au cours des années où il a assumé la présidence
du Conseil”.
Le président Hoss n’a pas manqué d’exprimer son appréciation
de la position de M. Berri “qui, rappelle-t-il, ne cesse de proclamer son
appui sans réserve au régime et à son gouvernement”.
En revanche, les milieux proches du chef du gouvernement n’ont pas trouvé
à leur goût les réflexions émises dernièrement
par le président Omar Karamé dont il ressort “qu’un remaniement
ministériel paraît imminent”.
Par ailleurs, les visiteurs du palais de Baabda attribuent au président
Lahoud des réflexions appelant “toutes les parties à consolider
le front intérieur, pour faire face à l’étape délicate
que traverse la région et à mettre une sourdine aux questions
personnelles ou partisanes pour s’élever au niveau de l’intérêt
national”.
Dans ce même ordre d’idées et en répliquant à
ses détracteurs, le président Hoss a bien rappelé
que “le pays affronte des problèmes et des défis bien plus
importants qu’un simple communiqué, quels que soient ses signataires.
Qu’ils (les opposants) s’élèvent au niveau des responsabilités
nationales et tournent la page sur une affaire futile qui détourne
l’attention des citoyens de l’essentiel”. Aussi, a-t-il conseillé
à M. Hariri et à ses alliés “de renoncer à
leur menace de transformer leurs questions écrites au Cabinet en
interpellations”.
DÉBAT ENFIÉVRÉ SOUS L’HÉMICYCLE
Quoi qu’il en soit, on s’attend que le débat à la Chambre
autour du projet de budget, soit houleux, les opposants devant intensifier
leur offensive contre le Cabinet dans l’espoir de créer un climat
propice à son changement... Cependant, les visiteurs de Damas en
sont revenus avec la nette impression que le changement ministériel,
ni même le remaniement du Cabinet Hoss ne se posait pas pour le moment.
Il se confirme que les responsables damascènes soutiennent à
fond le régime Lahoud et le gouvernement. De plus, ils n’apprécient
nullement la campagne menée par les Haririens contre le président
Hoss et s’attendent que le gouvernement agisse avec plus d’efficacité
après le vote de la loi de finances, en ce qui concerne notamment
la réforme politico-administrative et tant de dossiers chauds qui
ne seraient pas maintenus, indéfiniment, ouverts...
Ceci explique le fait pour M. Hariri d’avoir insinué qu’il continuait
“d’observer la trêve à l’égard du Cabinet”, bien qu’il
ait violé cette trêve proclamée, unilatéralement,
en n’épargnant aucun moyen, surtout médiatique, pour tenter
de discréditer M. Hoss et son équipe.
D’ailleurs, son bloc parlementaire réuni sous sa présidence,
la semaine dernière, a relancé la polémique. Estimant
que la réponse du président du Conseil à ses questions
écrites était peu convaincante, le bloc haririen a décidé
de les transformer en interpellations.
L’ancien chef du gouvernement poursuit, d’ailleurs, sa cabale à
travers “Al-Moustakbal”, quotidien qu’il vient de lancer, dont l’une des
caricatures représente le président Hoss se tenant près
du vice-président, Michel Murr, une RPG en main braquée sur
Koraytem où M. Hariri a sa résidence. Façon de dire
que c’est le Premier ministre qui poursuit l’offensive contre son prédécesseur
et lui lance un défi en menaçant de poser la question de
confiance.
Mais dès son retour de Téhéran, le président
Berri s’emploie à rasséréner le climat politique,
en multipliant les contacts avec les parties antagonistes pour éviter
une dégradation de la situation interne.