KHALIL MAGED
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La
sécurité sociale semble être l’une des priorités
du régime. Peut-on espérer voir bientôt une majeure
partie de la population bénéficier des prestations de la
CNSS? Au fond, ceci devrait être un droit pour tous les citoyens.
Pourquoi beaucoup d’assurés sont-ils insatisfaits?
Pourquoi la majorité des médecins ne respectent-ils pas les tarifs de la sécurité sociale? Pourquoi la femme salariée ne profite-t-elle pas des prestations pour ses enfants et son mari non assurés? Tant de questions restent sans réponses claires. Des lacunes, des plaintes quotidiennes, des réclamations, des files d’attente devant les bureaux... Telle est l’impression donnée en arrivant aux différents centres de la CNSS. Cependant, d’après M. Khalil Maged, directeur général de la sécurité sociale, cette situation devrait s’améliorer dans les plus brefs délais. |
Depuis ma nomination, dit-il, les paiements sont devenus immédiats et les services de la CNSS seront informatisés d’ici la fin de l’an 2000.
Quels sont les nouveaux plans concernant la gestion de la sécurité
sociale?
La caisse nationale de sécurité sociale prévoit
un ensemble de plans concernant sa modernisation globale et sa réhabilitation,
en appliquant de nouvelles méthodes évolutives de gestion
se basant sur trois plans:
1 - Un plan de formation qui consiste à former les agents de
tous les niveaux de la CNSS, afin d’apprendre à améliorer
les systèmes et circuits de travail; de mettre en place une nouvelle
technologie de management. Dans ce contexte, les chefs et agents de direction
à la CNSS ont déjà suivi ou suivent actuellement,
de façon régulière, des sessions de perfectionnement
dans les différents organismes de la sécurité sociale
en France, y compris le centre national d’études supérieures
de sécurité sociale (CNESSS) dans les domaines du management,
du savoir-faire, de la gestion des ressources humaines et de la gestion
financière.
Sur le plan local, nous sommes sur le point de mettre en œuvre un cycle
de perfectionnement pour les autres agents administratifs et allons créer
notre propre centre de formation.
Plusieurs sessions techniques ont déjà été
suivies par les informaticiens; d’autres sont prévues. Les médecins
contrôleurs ont, également, reçu une formation médicale,
en coopération avec l’institut de protection sociale de l’université
Saint Joseph.
2 - Un plan informatique visant à améliorer les moyens
de travail, a pour but de généraliser l’application du système
d’informatisation dans toutes les directions et les services de la CNSS
d’une façon progressive, afin d’arriver à une informatisation
globale par l’intermédiaire d’un schéma directeur informatique
qui fait l’objet d’une convention de coopération entre le ministère
de la Réforme administrative et la CNSS.
Il sera mis en place au cours de l’année.
3 - Les deux plans précédents nous amènent à
un troisième concernant le renouvellement des circuits et moyens
de travail et les changements nécessaires des imprimés utilisés.
Dans ce même esprit, nous sommes en train de rechercher les outils
efficaces pour améliorer le fonctionnement du service médical
à la CNSS, afin d’assurer une cohérence entre le système
de contrôle médical et l’administration.
Pour consolider ces nouveaux plans concernant la gestion de la sécurité
sociale et pour profiter de l’expérience des organismes français,
la CNSS a signé, en 1996, des conventions de partenariat et des
accords de coopération technique avec différentes institutions
en France. Il y a un mois, un nouvel accord de coopération a été
signé avec l’Union des Caisses Nationales de Sécurité
Sociale (UCANSS).
Les assurés se plaignent des retards dans les paiements et
de la réclamation des flacons vides. Qu’avez-vous à dire
à ce sujet?
Depuis la date de ma nomination à la tête de la direction
générale de la CNSS, le remboursement des assurés,
du point de vue délai, s’est nettement amélioré et
l’équipe de direction projette de faciliter les contacts entre les
assurés et les centres de paiements. En ce qui concerne la réclamation
des flacons vides, il s’agit là pour la CNSS, d’un moyen de contrôle
efficace visant à éviter les fraudes et les fuites. Cependant,
quand on arrivera à trouver un autre moyen, “on laissera tomber”
les flacons vides.
Il est à signaler que la réclamation de ces flacons fait
partie du règlement intérieur de la CNSS.
Quand allez-vous informatiser le système de la CNSS et instaurer
une formule de vignettes?
La mise en œuvre du système d’informatisation globale de la
CNSS est l’un de nos principaux objectifs. C’est pourquoi, nous avons,
à court terme, un projet d’informatisation du bureau de Dora qui
sera considéré comme projet-pilote, avant d’être transféré
ultérieurement à d’autres centres régionaux. Ainsi,
nous passerons à l’informatique en l’an 2000 avec l’aide des experts
français.
Est-il possible de rembourser directement les assurés dans
les bureaux de la sécurité sociale?
Les prestations que la CNSS englobe sont les allocations familiales
(prises en charge par l’employeur), l’assurance-maladie et maternité
et les indemnités de fin de service.
Pour ce qui est des soins ambulatoires, les assurés sont remboursés
directement dans leur centre de paiements.
Pour les soins hospitaliers, la caisse applique le système du
tiers payant, c’est-à-dire que l’assuré paye sa part qui
est de 10% de la facture globale d’hospitalisation et le reste est pris
en charge par la CNSS.
Pour les indemnités de fin de service, l’assuré présente
sa demande au bureau régional et reçoit au siège central
le chèque du montant de son indemnité.
Dans la majorité des cas, les médecins conventionnés
ne respectent pas les tarifications de la sécurité sociale
et les assurés sont obligés de supporter la différence
des frais...
Suite à toute plainte de la part des assurés, la convention
d’un médecin, ne respectant pas les tarifs de la sécurité
sociale, est rompue. La tarification d’un spécialiste est de 30.000
L.L. (consultation) et comparée à la France cette somme n’est
pas négligeable.
Ne pensez-vous pas que tous les citoyens libanais devraient pouvoir
bénéficier des prestations de la sécurité sociale?
La loi fondamentale de la CNSS mise en place par le décret nÞ13955
du 26.9.63, a prévu l’application du régime de Sécurité
sociale par étapes aux différentes catégories de la
population libanaise. La guerre a retardé ce processus. Nous préparons,
actuellement, un nouveau plan pour assurer les plus démunis, comme
les ouvriers, les marchands ambulants, les artisans, etc...
Une femme qui travaille et cotise pour la sécurité
sociale ne peut pas bénéficier dans la majorité des
cas, des prestations de la CNSS. Pensez-vous modifier prochainement cette
loi?
Pour la Sécurité sociale, les femmes et les hommes sont
égaux en droits, ce qui implique que la femme assurée a droit
aux mêmes prestations que l’homme assuré. Cependant, le problème
se trouve dans d’autres lois concernant la famille et les états
civils où l’homme est considéré comme seul responsable
de son foyer. C’est la raison pour laquelle tout ceci se complique. Contrairement
à l’homme, la femme n’est pas obligée de subvenir aux besoins
financiers de son foyer. Partant de là, nous faisons une enquête
pour nous assurer si sa famille est à sa charge et, dans ce cas,
elle a droit aux prestations. Les délais de l’enquête sont
de quinze jours au maximum. J’espère qu’on pourra un jour modifier
cette loi en faveur de la femme salariée.
Les soins dentaires pourraient-ils être remboursés?
Ce projet est en cours d’étude. Il fait partie du projet de
développement administratif.
L’assurance-vieillesse verra-t-elle bientôt le jour?
Depuis 1978, la CNSS a fait des études concernant la transformation
du régime de l’indemnité de fin de service en régime
de retraite. Actuellement, le projet de loi est prêt et le dossier
a été transmis au ministère de tutelle.
