MORT DU ROI HASSAN II
LE HAGHREB EN DEUIL
![]() Le chef de l’Etat tunisien présentant ses condoléances au nouveau roi du Maroc. |
![]() Le président Ben Ali en compagnie de feu le roi Hassan II, lors d’une visite officielle effectuée au Maroc en mars dernier. |
RAPPROCHEMENT ALGÉRO-MAROCAIN: BOUTEFLIKA
OPTIMISTE
Par ailleurs, la présence du président algérien
Abdelaziz Bouteflika aux obsèques du roi Hassan II, dont on avait
annoncé une rencontre imminente, a été perçue
comme étant un signe fort d’Alger de sa volonté de rapprochement
avec le Maroc.
Le chef de l’Etat algérien a, d’ailleurs, confirmé cette
appréciation en déclarant à une radio espagnole que
les relations algéro-marocaines “devraient s’améliorer”,
affirmant “être un ami, un vrai frère” pour le nouveau roi
du Maroc Mohamed VI. “J’ai toujours pensé que le Maroc n’est pas
une menace pour l’Algérie et je pense que les relations entre nous
devraient s’améliorer. J’ai commencé à le faire avec
Sa Majesté (Hassan II) et, avec la même ferveur, je le ferai
avec son fils”, a-t-il dit.
A propos du problème du Sahara occidental, pomme de discorde
entre Rabat et Alger, le président Bouteflika s’est borné
à déclarer qu’il était “entre les mains de l’ONU...
C’est un problème strictement onusien.”
Les observateurs s’attendent à ce que le nouveau roi du Maroc
poursuive l’action engagée par son père sur la voie de la
normalisation des relations algéro-marocaines et, partant, la relance
de l’UMA, objectif incontournable dont feu le roi Hassan II était
un partisan convaincu.
Le nouveau monarque, âgé de 35 ans, a promis de poursuivre
la politique du roi défunt à savoir: promouvoir la prospérité
dans le royaume et la paix dans ses relations extérieures. Il a
précisé que cette politique serait suivie par son Premier
ministre actuel, Abderrahmane Youssoufi.
Avant que son discours ne soit télévisé, le nouveau
roi avait fait sa première apparition en public dans son carrosse
doré, traîné par quatre superbes chevaux et saluant
une foule qui l’acclamait, estimée à 40.000 personnes. L’attelage
devait le conduire à la mosquée Ahl Fes pour la prière
du vendredi. Le jeune monarque devait prendre le chemin du retour, cette
fois à cheval, sur un étalon noir, au milieu d’une foule
de Marocains en liesse et de touristes.
TUNISIE
NOUVELLES MESURES EN FAVEUR DES DROITS DE L'HOMME
Les droits
de l’homme ont été à l’honneur, la semaine écoulée,
en Tunisie à la faveur de nouvelles mesures prises par le président
Zein El-Abidine Ben Ali, mesures venues conforter le processus résolument
engagé dans ce sens depuis son accession à la magistrature
suprême.
Un Conseil ministériel a ainsi examiné deux projets de
loi amendant et complétant le code de procédure pénale.
Le premier projet porte création de la fonction de juge d’application
des peines, qui aura pour mission de contrôler les conditions d’exécution
des peines privatives de liberté pendant la durée d’application
des décisions judiciaires prises en la matière et de s’enquérir
de la situation des détenus et de leurs conditions de séjour
dans l’établissement pénitentiaire.
Le deuxième projet vise à instituer la règle de
la juridiction à double degré en matière pénale
et ce, dans le but de renforcer les droits de défense des justiciables.
Le président tunisien Zein El-Abidine Ben Ali
prenant connaissance du rapport
du comité supérieur des droits de l’homme
et des libertés fondamentales.
Le Conseil a, en outre, examiné un projet de loi amendant et
complétant certaines dispositions du code de protection de l’enfant,
de manière à les mettre en harmonie avec les mesures instituant
la juridiction à double degré.
Le président Ben Ali a souligné, à cette occasion,
l’importance que revêtent ces nouvelles mesures qui sont de nature
à renforcer les droits de la défense, à assurer un
jugement réunissant toutes les garanties au justiciable et à
consacrer davantage les droits de l’homme par le renforcement des mécanismes
propres à atteindre ces objectifs.
Le lendemain, le chef de l’Etat tunisien recevait le président
du Comité supérieur des droits de l’homme et des libertés
fondamentales, M. Rachid Driss, qui lui a présenté le rapport
annuel 1998/1999 de ce comité.
Au cours de cette entrevue, le président Ben Ali a réaffirmé
son souci d’associer cette instance à la réalisation des
études et recherches relatives aux droits de l’homme et aux libertés
fondamentales et d’émettre son avis sur les questions y afférentes.
Il a, dans ce contexte, chargé le comité de se pencher
sur des sujets ayant trait au droit à un environnement sain et à
la problématique des critères et de la portée universelle
de ce droit, au droit à l’insertion sociale et professionnelle des
handicapés, ainsi qu’aux perspectives de promotion du régime
pénitentiaire.
UN RESPONSABLE DU FMI: "L'ECONOMIE TUNISIENNE
EST BIEN GEREE"
Le directeur du département “Afrique du Nord” au Fonds monétaire
international (FMI), M. Paul Chabrier, a exprimé la considération
de cette institution internationale pour les résultats enregistrés
par la Tunisie durant ces dernières années au plan économique,
notant que de telles performances illustrent de manière éloquente
la bonne gestion de l’économie tunisienne et sa capacité
de relever les défis de la prochaine étape.
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DESES DE HASSANII
HOMMAGE DU MONDE AU "PRINCE
DES CROYANTS"
Pour la
deuxième fois en l’espace de six mois, le monde arabe perd un de
ses grands dirigeants. Le 7 février 1999, mourait le roi Hussein
de Jordanie, emporté à l’âge de 64 ans par un cancer.
Figure attachante et charismatique, il avait régné sur son
pays durant 47 ans.
Le vendredi 24 juillet, Hassan II, roi du Maroc, succombe à
une crise cardiaque aiguë, à l’âge de 70 ans, après
38 ans de règne. Comme pour les funérailles de Hussein, les
grands de ce monde se sont rendus à Rabat pour rendre un ultime
hommage au souverain marocain, membre de la dynastie du Prophète.
Dans leurs témoignages saluant sa mémoire, ils ont
évoqué le rôle qu’il a joué au plan interne
pour moderniser son pays, le placer sur la voie du progrès, du développement
et de la démocratie. Au plan diplomatique, tous ont insisté
sur le rôle de Hassan II au niveau du processus de paix israélo-arabe,
le qualifiant “d’artisan et de parrain de la paix”. Personnalité
arabe ayant une stature internationale, il a su ouvrir son pays à
l’Occident, sans porter atteinte aux valeurs de l’Islam, tout en freinant
la montée de l’intégrisme.
Aujourd’hui, le fils aîné prend la succession, sous
le nom de Mohamed VI. Il doit sortir de l’ombre et assumer la lourde tâche
qui l’attend: poursuivre le processus de démocratisation, faire
face aux problèmes socio-économiques du pays et traiter deux
dossiers épineux: la relation avec l’Algérie et la question
du Sahara Occidental.
Le roi Hassan II est mort. La triste nouvelle plonge le Maroc, ses 28
millions d’habitants et le monde entier dans la consternation la plus totale.
Partout dans le pays, l’émotion et la douleur sont vives. On savait
depuis plusieurs mois que le souverain souffrait de graves problèmes
pulmonaires, mais nul ne pouvait présager cette rapide aggravation
de sa santé.
Le vendredi 24 juillet en début d’après-midi, Hassan
II est transporté d’urgence à l’hôpital privé
Avicenne de Rabat, mais son décès ne sera annoncé
qu’en fin de soirée par son fils aîné et prince héritier,
Sidi Mohamed.
Plus tard, dans la nuit, Sidi Mohamed reçoit l’allégeance
des dignitaires du pays, de son frère cadet Moulay Rachid en premier.
TRENTE-HUIT ANS DE RÈGNE
Le roi Hassan II était apparu à Paris pour la dernière
fois. Il assistait, aux côtés du président Jacques
Chirac, au traditionnel défilé militaire du 14 juillet sur
les Champs-Elysées. Pour honorer le monarque, grand ami de la France,
Chirac avait demandé à la garde royale marocaine de défiler
en tête des troupes françaises. Le souverain marocain avait,
ce jour-là, un visage fatigué mais nul ne pouvait imaginer
cette mort subite, dix jours plus tard. Le 9 juillet, il avait fêté
ses soixante-dix ans, à Rabat, en compagnie du roi Juan Carlos d’Espagne
et de la reine Sophie, des amis de longue date. Au mois de mars, il avait
célébré ses 38 ans de règne.
Fils aîné du roi Mohamed V, Hassan II est né
à Rabat le 9 juillet 1929.
Le jeune prince fait ses études de droit à Rabat, les
poursuit à Bordeaux en France où il obtient, en 1951, un
diplôme d’études supérieures en droit public. En avril
1953, il est envoyé en exil avec son père en Corse; puis,
à Madagascar, en 54. De retour au pays en 56, il participe aux négociations
pour l’indépendance aux côtés de son père, qui
le nomme, une fois l’indépendance acquise, commandant en chef des
forces armées royales; puis, prince héritier, le jour de
ses 28 ans.
A la mort subite de son père, Hassan II devient, le 3
mars 1961, le 17ème souverain de la dynastie alaouite qui gouverne
le Maroc depuis le XVIème siècle. Peu de temps avant son
accession au trône, il s’est marié, dit-on, dans le plus grand
secret, car la tradition alaouite veut que le roi soit marié avant
d’être intronisé. De cette union, il a eu cinq enfants: Lalla
Mériem (1962), Sidi Mohamed (1963), Lalla Asmaa (1965), Lalla Hasnaa
(1967) et Moulay Rachid (1970).
![]() Le jeune roi du Maroc, Hassan II, rencontre le général de Gaulle en juin 1963 à l’Elysée. |
![]() 9 février 1967: le roi Hassan II du Maroc, accompagné de ses deux enfants le prince héritier Sidi Mohamed et la princesse Lalla Mériem à leur arrivée au port de New York. |
IL ÉCHAPPE À DEUX ATTENTATS
Les trente-huit années de règne de Hassan II ne
sont pas de tout repos. Il gouverne son pays d’une main de fer, mais son
génie politique le mène à assouplir, progressivement,
son pouvoir au fil des années. Au début de son règne,
il fait adopter une Constitution faisant de lui un monarque absolu et “prince
des croyants”.
Evidemment, l’opposition des partis de gauche et de certains groupes
de militaires ne tarde pas à se manifester. Il échappe, par
miracle, à deux attentats. En 1971, alors qu’il célébrait
son anniversaire, le palais de Skhirat (un des palais royaux situé
entre Casablanca et Rabat) est attaqué par des rebelles. Il y a
une centaine de tués. La rébellion est matée.
En 1972, le Boeing royal échappe aux tirs de deux avions militaires
menés par le général Mohamed Oufkir, un homme très
proche du roi. Oufkir meurt le lendemain même de cet attentat, alors
que son épouse et ses six enfants sont placés en “résidence
surveillée” dans des conditions très dures pendant dix-huit
ans.
Avec la “Marche verte”, le roi Hassan II parvient à trouver,
enfin, un terrain d’entente avec l’opposition. C’est un des moments forts
de son règne. En 1975, des millions de Marocains répondent
à l’appel de Hassan II. Armée pacifique, ils marchent sur
le Sahara Occidental, autrefois sous domination espagnole, revendiqué
et occupé par le “Polisario” qui est soutenu par l’Algérie.
La fameuse “Marche verte” a scellé l’union sacrée d’un peuple
et de son roi.
MODERNISER LE PAYS
Au contact de l’Occident, le souverain chérifien réalise
la nécessité de moderniser son pays, tout en respectant les
traditions de l’Islam, de le libéraliser, de le doter d’une économie
de marché pouvant faciliter son intégration au Gatt et à
l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
Une première réforme constitutionnelle, en 1992, fera
par ailleurs officiellement de lui un monarque moins absolu. En 1998, voulant
mettre fin à l’immobilisme politique qu’a toujours connu le royaume,
malgré l’adoption du pluralisme des partis politiques, le roi impose
le principe de “l’alternance politique”, en formant, au mois de février,
un gouvernement de centre-gauche.
Il nomme comme Premier ministre, un des ténors de l’opposition,
le socialiste Abdel-Rahman Youssoufi, signe évident de la volonté
du souverain de démocratiser le régime.
![]() Pour les Marocains, il était plus qu’un roi, un père. |
![]() 1975, la “Marche verte” a scellé l’union d’un roi et de son peuple. |
UNE DIPLOMATIE ACTIVE POUR LA PAIX
Sur le plan diplomatique, le roi Hassan II a su faire du Maroc
un membre actif au sein de la communauté internationale et, bien
évidemment, au niveau du monde arabe.
Le roi est, d’ailleurs, considéré comme un artisan et
un parrain de la paix israélo-arabe. Dans les années 70,
il a même joué un rôle de précurseur des accords
de paix entre l’Egypte et Israël, en favorisant la rencontre secrète,
en 1977 au Maroc, entre le général Moshe Dayan, alors ministre
des A.E. et le vice-premier ministre égyptien, Hassan el-Tohami.
UN AMI DU LIBAN
Le souverain marocain exprimera son amitié profonde envers le
Liban, en œuvrant pour que soit mis fin à l’état de guerre
dans notre pays. Il a, surtout, joué un rôle très actif
lors du sommet arabe sur le Liban qui s’est tenu à Casablanca et
s’est achevé par la création de la commission tripartite
formée du Maroc, de l’Arabie séoudite et de la Syrie. Le
roi participe à l’accord de Taëf qui a rétabli la sécurité
dans le pays.
Lui rendant hommage, le Premier ministre, Salim Hoss, affirme: “Hassan
II était un ami du Liban et une personnalité arabe brillante
ayant une stature internationale particulière. Le Maroc a perdu
un dirigeant sage et un habile commandant qui avait su mener le navire
à bon port. Le Liban a perdu en lui un ami qui l’a aidé aux
moments difficiles. Les Arabes ont perdu un chef exceptionnel et un pionnier
de la renaissance arabe qui a consacré sa vie à rapprocher
l’Occident des Arabes et de l’Islam.”
DES FUNERAILLES IMPOSANTES FAITES A HASSAN
II
Tout comme pour les funérailles du roi
Hussein de Jordanie, en février dernier, les grands de ce monde
ont tenu à rendre un ultime hommage au souverain marocain. Plus
de cinquante rois, princes, chefs d’Etat et de gouvernement ont participé,
le dimanche 25 juillet, aux obsèques du roi Hassan II à Rabat.
AU PALAIS DE RABAT
UNE FOULE GIGANTESQUE
RENCONTRE EN FAVEUR DE LA PAIX
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MOHAMED VI, NOUVEAU ROI DU MAROC:
UN HOMME DISCRET ET COMPETENT, ATTACHE A LA DEMOCRATIE
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