l’occasion du 54ème anniversaire de l’Armée, des festivités
ont eu lieu dans toutes les régions du pays. Cela prouve l’affection
que notre peuple voue à l’institution militaire, considérée
comme notre planche de salut. Aussi, renouvelle-t-il son pari sur la Grande
Muette, au moment où les politiciens - qui n’ont rien appris des
douloureux événements - reprennent leurs discussions byzantines
sur des questions futiles... alors que tant de dangers menacent le Liban,
celui de l’implantation n’étant pas le moindre...
“L’Armée est une nation dans la nation”, lit-on dans “Servitude
et grandeur militaire” d’Alfred de Vigny.
Peut-on s’étonner de voir notre peuple vibrer à l’unisson
avec la Grande Muette à l’occasion de son cinquante-quatrième
anniversaire et renouveler, avec le chef de l’Etat, son pari sur elle?
D’autant que la devise trilogique de l’institution militaire: “Sacrifice,
Fidélité”. Honneur”, doit rassembler les citoyens autour
d’elle, toutes confessions et tendances confondues, car elle est seule
capable de défendre la patrie et de sauvegarder sa dignité.
Il importe, toutefois, que les Libanais resserrent les rangs et conjuguent
les efforts pour épauler l’Armée. Malheureusement et n’ayant
rien compris des douloureux événements, ni tiré les
leçons qui s’imposent, les hommes politiques, compromettent l’unité
nationale qui doit, normalement, se sceller autour de la grande institution.
On peut déplorer, une fois le plus, le comportement des politiciens,
dont le moins qu’on puisse dire est qu’il provient d’une inconscience totale.
Ceux-ci poursuivent leurs querelles autour de questions futiles, alors
que nous sommes tous tenus de nous regrouper autour du Pouvoir, à
l’effet de conjurer tant de dangers qui menacent l’avenir de la patrie,
celui de l’implantation n’étant pas le moins grave!
On dirait que la haine, la rancune et la volonté de détruire
ce pays inspirent notre conduite, ce qui nous mènerait, indubitablement,
au suicide collectif et, une fois de plus, au bord du gouffre où
nos ennemis du dedans et du dehors n’hésiteraient pas à nous
précipiter.
Comment guérir de cet individualisme atavique dont est affligé
le Libanais, ayant pris au lendemain de la guerre et à cause d’elle,
des proportions alarmantes, l’intérêt personnel ou sectaire
passant avant celui de la collectivité et de la nation?
“Le salut n’est plus possible, aujourd’hui, que par une transformation
de l’homme”, observe Karl Jaspers dans “La bombe atomique et l’avenir de
l’humanité”.
Si on lui en donne l’occasion, l’Armée peut contribuer à
cette transformation du citoyen libanais, celle-ci étant maintenant
plus impérieuse que jamais. Elle y contribue déjà
depuis que nos jeunes conscrits de toutes les communautés prennent
le chemin des camps aménagés par la troupe à leur
intention, où ils peuvent passer quelques mois ensemble.
Cette vie en commun aide au brassage des idées et atténue
les antagonismes de caractère social ou confessionnel, pour rendre
la coexistence plus réelle et, partant, favoriser la symbiose des
différentes franges de notre société. Alors, la concorde
ne sera plus un mot vidé de son sens, dont ont se gargarise dans
certaines circonstances, sans la vivre vraiment dans son intégralité.
Dans ce sens, l’Armée peut être considérée
comme notre planche de salut. Aussi, devons-nous renouveler notre confiance
en elle et la soutenir. |