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Certains considèrent
qu’il est temps d’ouvrir le dossier des camps palestiniens, à commencer
par celui de Aïn el-Héloué. D’autant qu’il est question
de reprise des pourparlers de paix sur les volets libanais et syrien, ainsi
que d’implantation depuis la prise en charge, par Ehud Barak, de la présidence
du Conseil en Israël.
Aussi, un lien existerait-il entre la situation et les derniers événements,
à savoir: le retrait de l’ALS de Jezzine et l’assassinat des quatre
juges au palais de Justice de Saïda dont les auteurs restent encore
inconnus, mais qui pourraient être des éléments fondamentalistes
ayant fait du camp de Aïn el-Héloué leur centre de ralliement.
Ceci porte à s’interroger sur la présence des armes dans
les camps palestiniens où la Légalité libanaise n’a
pas droit d’accès, en raison d’une ligne rouge régionale
et internationale. De plus, l’Etat craint que l’ouverture prématurée
du dossier des réfugiés mène à leur implantation
avant d’étudier leur sort dans le cadre des pourparlers de paix
gelés depuis trois ans.
Mounir Makdah: de nouveau
dans les rangs de Fateh.
LE FEU VERT DONNÉ À FATEH?
Parallèlement à ces forces, on distingue à l’intérieur
du camp des forces islamiques dominant les mosquées et commandant
les questions religieuses: “Isbat Al-Ansar”, dirigée par Ahmed Abdel-Karim
Saadi, poursuivi par la Justice libanaise pour le meurtre de cheikh Nizar
Halabi, président de l’Association des œuvres de bienfaisance islamiques;
la “Jama’a Islamiya” (section Palestine) sympathisant avec Saadi; “l’Association
antagoniste à “Isbat Al-Ansar” appuyée par certains pays
arabes.
La structure politique des forces à l’intérieur du camp
paraît avoir changé, après la décision de Fateh
de se réorganiser militairement, dans une première initiative
de son genre depuis 1991, date de l’entrée de l’armée libanaise
à Saïda. Des sources sûres indiquent que Fateh possède
la force nécessaire pour dominer militairement le camp, le feu vert
lui étant donné par son commandement.
Ces sources précisent que Fateh a alloué environ un million
de dollars US pour sa réorganisation. Les raisons de cette décision
restent imprécises, à l’heure où il est question de
reprise des négociations sur les volets libanais et syrien et suite
aux événements de Saïda.
Des sources proches de Fateh font état d’une décision
prise par le “commandement du comité-Liban”, relative à la
sauvegarde de cadres, suite à l’assassinat du brigadier Amine Kayed,
responsable de la sécurité de Fateh au Liban et à
la tentative d’assassinat d’un autre responsable, Jamal Dayekh (Abou-Dib).
Le mouvement a mobilisé environ 400 éléments du
camp, dans le but “d’assurer la sécurité”. Six unités
militaires ont été réparties aux entrées principales
du camp et dans les bureaux qui paraissaient vides depuis longtemps.
Ces sources ajoutent qu’un comité militaire a éte formé
sous la présidence de Fouad Aouad, pour suivre l’évolution
de la situation dans le camp et empêcher tout attentat contre ses
cadres.
Fateh mobilise quatre cents éléments
en vue d’imposer sa loi dans le camp
RISQUE D’ESCALADE MILITAIRE
D’un autre côté, un responsable des forces opposantes
palestiniennes considère ce qui s’est passé dans le camp
comme un “renversement pacifique”. “Le but de Fateh, dit-il, à travers
la réorganisation de ses rangs est de dominer la situation dans
le camp et de négocier, ultérieurement, son sort avec l’Etat
libanais, ainsi que celui des réfugiés au cours des pourparlers
avec Israël.”
Il met en garde contre une escalade militaire qui servirait l’ennemi
israélien et considère que le retour de Mounir Makdah dans
les rangs de Fateh, a rendu au mouvement sa liberté d’action.
Ce même responsable indique que des réunions secrètes
entre les commandements des forces de l’opposition sont tenues, afin d’affronter
cette nouvelle situation, d’autant plus que Sultan Aboul-Aynaïn, responsable
de Fateh au Liban, a visité à plusieurs reprises le camp,
pour apporter l’appui nécessaire à ses hommes. Il a assuré
que l’opposition n’entrera pas dans un conflit interne, afin d’éviter
l’effusion de sang.
Quant aux forces islamiques qui gardent le silence, elles craignent
que ces préparatifs soient une tentative de les éliminer
et d’anéantir leur influence. Elles désapprouvent donc la
bataille et ne s’y engageraient qu’en cas de légitime défense.
Le camp dépassera-t-il cette situation ou serait-il le théâtre
d’un conflit interne, ce qui permettrait à la Légalité
d’y étendre son autorité?
La réponse à cette question se décanterait dans
les prochaines semaines.