OUSSAMA HAMADANE:
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Notre
mouvement et le peuple palestinien rejettent le projet d’implantation au
Liban et à l’étranger, pour la simple raison qu’ils
sont attachés au droit du retour en Palestine”, assure M. Oussama
Hamdane, représentant de “Hamas” au Liban.
Réaffirmant que la résistance est l’unique option pour la libération de Jérusalem, comme de tous les territoires palestiniens et arabes occupés, il met en garde contre le rôle dont s’acquitte l’Autorité palestinienne dans les zones où est appliqué le régime d’autonomie (à Gaza et en Cisjordanie), “car ce rôle va à l’encontre des intérêts” de notre peuple”. D’autre part, il souligne les excellents rapports existant entre “Hamas”, d’une part, l’Autorité libanaise et le “Hezbollah”, d’autre part, sans manquer de saluer la Résistance libanaise pour ses réalisations. |
PAS DE RAISON DE SE MONTRER OPTIMISTE
Invité à émettre son opinion à propos du
vent d’optimisme survenu après l’accession d’Ehud Barak à
la présidence du Conseil en Israël et de la possibilité
pour les Palestiniens et les Arabes d’instaurer la paix au Proche-Orient,
M. Hamdane déclare: “L’arrivée de Barak au pouvoir ne peut
ni ne doit susciter cette vague d’optimisme, car le passé
de Barak et de son parti ne la justifie pas.
“Netanyahu, il est vrai, a bloqué le processus de paix mais,
en même temps, il a dévoilé les véritables objectifs
du projet sioniste et son hideux visage. Son successeur n’offrira rien
de plus ou si peu; cela est clair du fait du soutien illimité que
lui accorde l’Amérique, sur la base d’un partenariat plus profond
que la stratégie. Les nouveaux avions de combat “F-15” que Washington
vient de livrer à Tel-Aviv, permettront à l’armée
de l’air israélienne de renforcer sa suprématie dans l’espace
aérien de la région.
Au plan palestinien, également, je ne vois aucune raison de
se montrer optimiste. En effet, Barak a réaffirmé les précédentes
prises de position proclamées par Netanyahu, en ce qui concerne
Jérusalem, les réfugiés, l’Etat palestinien et la
solution finale.
“En toute franchise, le mouvement “Hamas” ne croit pas que la
cause palestinienne peut être réglée par une transaction,
en vertu de laquelle nous renoncerions à une partie de nos droits.
C’est pourquoi, la lutte de notre peuple se poursuivra jusqu’à l’extirpation
définitive de l’occupation.
Le président Clinton et Barak ont fixé un délai
expirant à la fin de l’an 2000 pour instaurer la paix au Proche-Orient.
Qu’en pensez-vous?
Moins de vingt-quatre heures après cette déclaration
commune, Barak a précisé que cette date n’était pas
contraignante, mais suffira à juger de la possibilité
de parvenir à un accord sur toutes les questions litigieuses.
Puis, ce n’est pas la première fois qu’un tel délai est
fixé pour réaliser la paix. Il y a eu, à ce sujet,
bien des précédents et le nouveau Premier ministre israélien
ne fera pas exception à la règle.
RAPPORTS GELÉS AVEC L’AUTORITÉ
PALESTINIENNE
Comment qualifiez-vous la nature de vos rapports avec l’Autorité
palestinienne, six années après la signature de l’accord
d’Oslo?
Nos rapports avec l’Autorité palestinienne sont gelés,
en dépit du souci manifesté par notre mouvement de veiller
à la consécration de l’unité nationale, en vue de
persévérer dans la lutte contre l’ennemi.
Je crois que l’Autorité palestinienne ne soit pas concernée
par cette unité, ni par le regroupement de notre peuple autour de
ses objectifs. Elle est plutôt soucieuse d’œuvrer sur une base tactique
déterminée, aux fins de servir le but qu’elle veut
atteindre, en définitive aux dépens de nos droits. Les agissements
de l’Autorité envers “Hamas”, en sont autant de preuves. Elle a
arrêté les frères combattants, dont les symboles de
notre mouvement tels le Dr Abdel-Aziz Rantissi, Kamal Nakchi, Kamal Mansour,
Mahmoud Maklah et d’autres encore.
De plus, elle a placé cheikh Ahmed Yassine en résidence
surveillée, livré aux Israéliens des militants et
liquidé certains autres, tout en réduisant au silence bon
nombre de nos compagnons d’arme. L’action menée par l’Autorité
palestinienne mène notre peuple vers le gouffre.
Quant à “Hamas”, il a à son actif bien des faits qui
lui font honneur. Il lui suffit de rappeler d’avoir empêché
une guerre interpalestinienne et, partant, sauvegardé l’unité
nationale.
QUID DES OPÉRATIONS-SUICIDE?
Comment expliquez-vous l’absence d’opérations-suicide de
“Hamas”, surtout à l’occasion des législatives israéliennes,
comme ce fut le cas en 1996?
La lutte est une action stratégique et ne dépend nullement
de la présence à la tête du pouvoir en Israël
d’un titulaire déterminé, quelle qu’en soit l’affiliation
ou la tendance.
La lutte est tributaire, en fait, de la foi du mouvement quant à
la nécessité impérieuse de libérer la Palestine.
Elle est, également, liée à des données logistiques
sur le terrain.
Dieu merci, les frères militants des “cellules de Izzeddine
Al-Kassam” (aile militaire) jouissent toujours d’un moral élevé
et d’une ferme détermination à affronter l’occupant. Aussi,
espérons-nous qu’ils réaliseront des faits glorieux dans
un proche avenir.
“Hamas” a joué un rôle déterminant dans le soulèvement
et la “révolte des pierres” au cours des dernières années:
cette arme sera-t-elle utilisée une fois de plus en vue de torpiller
les accords précédemment conclus ou qui seront signés
entre l’Autorité palestinienne et Israël?
Depuis le mandat britannique en 1917, le peuple palestinien a utilisé
divers moyens pour faire face à l’occupant. Sa lutte a visé,
de tout temps, à libérer la Palestine, non à empêcher
l’application d’un accord. Nous emploierons donc tous les procédés
et opterons pour toutes les options en vue d’atteindre notre objectif.
On constate que les fractions palestiniennes opposées à
l’accord d’Oslo n’ont pu empêcher son application, leur rôle
se limitant aux domaines politique et médiatique traditionnels...
Notre programme politique n’est pas lié au projet de règlement,
mais vise à libérer la Palestine. Nous considérons
que les accords conclus jusqu’ici constituent une régression par
rapport à notre cause et autant d’acquis pour l’occupation sioniste.
En plus de la légalisation de l’occupation, ces accords ont
fait émerger une catégorie agissant à l’encontre de
son peuple. Notre rôle n’est pas limité aux domaines politique
et médiatique, mais s’étend aux plans populaire et de la
lutte perpétuelle.
Quant au programme capitulard, il n’a pas de chance de réussir,
car il va à l’encontre des droits et des intérêts de
notre peuple. Nous ne modifierons donc pas notre programme et n’y renoncerons
pas, pour la simple raison que nous ne tenons pas compte des calculs de
la politique internationale.
NON À L’IMPLANTATION
Libanais et Palestiniens appréhendent la concrétisation
de l’implantation des réfugiés au Liban et dans les pays
arabes où ils sont établis, les accords conclus entre l’Autorité
palestinienne et l’Etat hébreu ne comportant aucune clause les concernant.
De plus, Ehud Barak s’oppose à leur retour. Quelle est la position
de “Hamas”?
Ces appréhensions ont leur justification, surtout depuis la
signature de l’accord d’Oslo qui passe sous silence les droits des réfugiés
palestiniens, au nombre de quatre millions. Ceci prouve que le projet de
règlement sert l’occupation et la consacre, tout en niant le droit
de notre peuple à retourner en Palestine après sa libération.
Nous refusons l’implantation sous toutes ses formes. C’est pourquoi,
il faut s’opposer à ce projet en soutenant la lutte et la résistance
de notre peuple dans les pays où ils vivent, en l’aidant à
préserver son identité et à recouvrer ses droits.
Il est, également, demandé d’appuyer la résistance
de l’intérieur, en Palestine, en lui assurant le succès,
car c’est l’unique garantie du retour des Palestiniens à leurs terres
et de la mise en échec de l’implantation. Ceci est de la responsabilité
de la nation arabe tout entière.
Le commandement de “Hamas” a, dans le passé, menacé
d’entreprendre des opérations-suicide contre des bases israéliennes
en Palestine, au cas où l’infrastructure au Liban serait bombardée.
Cette menace a-t-elle été mise en vigueur?
Notre bataille est la même tant en Palestine qu’au Liban. Elle
est menée contre le même ennemi et vise le même but:
la libération des territoires occupés et la restitution des
droits spoliés. Nous sommes concernés par l’agression contre
le Liban ou tout autre pays arabe et notre riposte est naturelle. C’est
un droit que nous exerçons dans la mesure de nos capacités.
Des informations indiquent l’implication d’éléments
palestiniens dans des événements en rapport avec la sécurité
au Liban. Comment expliquez-vous de tels actes et comment sont vos relations
avec le Pouvoir libanais et le “Hezbollah”?
En principe, nous condamnons tout acte contre la sécurité
et la loi au Liban. Nous avons déjà dénoncé
ces crimes qui portent atteinte aux intérêts de notre nation,
à notre cause et servent l’ennemi. Les responsables de tels actes
n’ont pas d’identité nationale et servent les intérêts
d’Israël.
Notre relation avec le Pouvoir libanais est bonne et part de notre
conviction d’entretenir des relations positives avec nos frères
arabes. Le Liban dans sa résistance à l’occupation, constitue
une page honorable de notre Histoire. De même, nos relations avec
le “Hezbollah” sont bonnes et remarquables parmi celles que nous entretenons
avec les forces et partis arabes.
Durant cette dernière période, la présence à
l’échelle politique et sécuritaire des dirigeants de Fateh
(partisans de Abou-Ammar) dans le camp de Aïn el-Héloué,
a été remarquée. Ces agissements sont-ils en rapport
avec les événements politiques de la région? Inquiètent-ils
“Hamas” et ses alliés sur la scène libanaise?
Ces agissements suspects inquiètent le peuple palestinien au
Liban, parce qu’ils relèvent du projet consistant à servir
l’ennemi. Ceux qui agissent dans le cadre de ce projet sont, actuellement,
à la recherche d’une carte pour la vendre à l’occupant sur
la table des négociations. Puisqu’ils ont vendu les réfugiés
depuis la signature du traité d’Oslo, ils ne seront pas embarrassés
de céder cette carte encore une fois dans le cadre de l’implantation,
afin de servir les intérêts de certaines personnes ou les
bénéficiaires du pouvoir autonome.
Il valait mieux pour eux dépenser les sommes reçues au
nom du peuple palestinien, pour alléger ses souffrances que de les
affecter à l’achat des armes et munitions qui seront utilisées,
non contre l’occupation, mais pour sauvegarder les projets d’implantation.
La conjoncture politique palestinienne et régionale est-elle
favorable à la participation de “Hamas” à la décision
politique palestinienne à travers le pouvoir national, bien que
ce mouvement soit représenté, actuellement, par l’un de ses
proches, le ministre Imad Falouji?
Le mouvement n’est représenté par aucune personne au
sein de l’Autorité autonome. Ces propos défigurent la réalité
et portent préjudice à “Hamas”. Notre refus de participer
au Pouvoir s’explique par notre rejet des traités d’Oslo dont ce
pouvoir est issu. Nous refusons de participer à un pouvoir soumis
à l’occupant, dont la corruption politique et financière
est dénoncée même par ceux qui l’appuient. La vraie
décision nationale est celle qui sauvegarde les principes et constantes
et qui use de moyens pour préserver les droits, non de les abandonner
comme le fait l’Autorité autonome.
Y a-t-il des limites à l’action des dirigeants de “Hamas”
dans les pays arabes? Quelle est la véracité des renseignements
provenant de Damas, faisant état de l’imposition de certaines limites
à l’action des organismes et fractions opposés à l’accord
d’Oslo?
Ces limites sont imposées dans les régions dirigées
par l’Autorité autonome. L’interdiction de cheikh Ahmed Yassine
de quitter Gaza pour la Cisjordanie, ainsi que l’arrestation de dirigeants
et de symboles de “Hamas” sont la preuve de cette politique.
Ces informations provenant de Damas relèvent d’une campagne
médiatique à laquelle nos frères en Syrie ont répliqué.
Elles sont une tentative de justifier l’allégeance de certains dirigeants
à Arafat. La Syrie appuie notre cause et la résistance de
notre peuple.