DOSSIER
LE CELIBAT PROLONGE DES JEUNES
FEMMES LIBANAISES
CHOIX PERSONNEL OU PHENOMENE SOCIAL?
Le célibat
est un film à deux protagonistes mais à divers scénarios.
Il serait erroné de généraliser un prototype de femme
ou d’homme célibataire libanais. Tout dépend du milieu, de
la mentalité et de facteurs socio-économiques. Seule constante:
le problème de manque d’hommes propre à toutes les sociétés
d’après-guerre et principalement dû au phénomène
d’émigration excessive.
Les rares jeunes gens rentrés au pays en quête d’une épouse,
redonnent espoir aux jeunes filles se rapprochant de l’âge
critique du mariage ou le dépassant. Mais, pour certains, leur choix
est déjà fait: priorité aux jeunes nymphes, de préférence
vierges et innocentes. C’est, paraît-il, plus sûr et porteur
d’une garantie de bonne santé pour une meilleure procréation.
Diplômes, spécialisations, évolution culturelle et
intellectuelle, tout s’essouffle face à une mentalité orientale
profondément ancrée. Preuve en est, le nombre impressionnant
de jeunes filles qui se font suturer l’hymen avant le mariage.
Bien plus grave, la crise économique dans le pays jumelée
à l’augmentation, en crescendo, du nombre d’années d’étude.
Cherté de vie, smic dérisoire, les jeunes gens triment durant
des années pour se faire un avenir. Cheveux blancs, signe d’un prétendant
potentiel! Et dire qu’il y a tout juste un demi-siècle, les hommes
se mariaient à 20 ans. L’exigence de virginité chez les filles
de l’époque n’était pas tellement difficile à satisfaire!
AUTOSUFFISANCE FINANCIÈRE ET INDÉPENDANCE
Aujourd’hui, l’attente se fait longue. D’autant plus que la professionnalisation
de la femme gagne davantage du terrain. Les filles ont rattrapé,
voire dépassé, les garçons. Elles accumulent les diplômes,
brillent dans leur carrière et paraissent moins pressées
à se marier. Indépendantes, sûres d’elles-mêmes,
elles tirent leur force secrète de leurs gains pécuniaires.
L’argent est, aussi, une forme de pouvoir.
Leur autosuffisance financière justifie leurs multiples exigences
face aux futurs prétendants. Débarrassées des soucis
matériels, elles cherchent surtout un homme avec qui elles peuvent
s’entendre et vivre en harmonie; un homme de même niveau intellectuel
qu’elles. “Il vaut mieux être seule avec soi-même, que seule
avec quelqu’un”, assurent-elles.
L’aisance pécuniaire dont elles jouissent les incitent, parfois,
à exiger de leur futur mari un niveau de vie semblable au leur,
sinon supérieur.
Mais serait-il capable de le leur assurer?
Autre condition posée au futur conjoint: maintenir son activité
professionnelle après le mariage. C’est vital pour elles. Certains
hommes s’y opposent farouchement: “La place de la femme, disent-ils, est
au foyer auprès de ses enfants.”
Dr Badawi
“Mais, évitons de généraliser”, s’empresse de souligner le Dr Badawi: le “complexe de Cendrillon” est souvent omniprésent chez les jeunes filles, le travail étant pour elles, synonyme de contrainte et non de réalisation personnelle. C’est une période transitoire dans l’attente du “sauveur” qui les délivrera de cet asservissement. Elles ont beau paraître autonomes, décidées à prendre leur destin en main, elles restent imprégnées de cette formule magique: “mari-maison-bébé”, leitmotiv d’un ancrage collectif.
EXIGEANTE OU CONCILIANTE
L’observation clinique des jeunes femmes célibataires dévoile
une réalité encore plus complexe. Sans vouloir trop généraliser,
on tend à penser qu’elles réagissent, différemment,
selon les tranches d’âge auxquelles elles appartiennent.
Fortes de leurs atouts physiques et professionnels, elles se montrent plus
exigeantes dans le choix de leur partenaire et ce, jusqu’à 30 ou
32 ans.
Cet âge-là marque un revirement de situation. Elles se font,
alors, moins difficiles, plus conciliantes. Elles ne voudraient surtout
pas se voir coller l’étiquette de “vieille fille”. L’équivalent
en arabe, “aaness”, porte des connotations bien plus fortes: c’est le dénigrement,
la dévalorisation de la jeune femme non mariée qui ne jouit
d’aucun statut social au Liban, le regard de la société étant
impitoyable à son égard. Le célibat prolongé
est, parfois, interprété comme le signe d’une quelconque
anomalie ou la conséquence d’une disgrâce physique:
“Elle n’a pas trouvé quelqu’un qui puisse l’épouser, dira
le doigt accusateur. Il y a probablement quelque chose qui cloche en elle!”
Indépendante financièrement, elle devient plus exigeante dans le choix de son partenaire. |
32 ANS, L’ÂGE-LIMITE
32 ans est l’âge à partir duquel le tic tac de l’horloge biologique
se fait entendre. Fonder une famille et procréer deviennent, soudain,
une nécessité. Toutes les concessions sont bonnes pour se
marier et se “caser”. C’est à cet âge et, surtout, un peu
plus tard, vers 35 - 36 ans, que les valeurs morales auxquelles la jeune
femme s’était accrochée (virginité, chasteté...)
commencent à basculer.
32 ans, c’est aussi l’âge choisi par M. Joe Kodeih pour l’héroïne
de sa pièce de théâtre: “Matar Charles de Gaulle”,
dont il est l’auteur et le metteur en scène. Cette histoire reflète,
parfaitement, l’image dans laquelle pourrait se reconnaître bon nombre
de jeunes femmes célibataires ayant dépassé la trentaine.
Partie rejoindre, comme prévu, son futur prétendant libanais
installé en France, cette jeune femme l’attend durant des heures
à l’aéroport Charles de Gaulle. C’est très simple:
ils comptaient vivre ensemble une quinzaine de jours, pour voir “si ça
marche” avant l’engagement définitif. L’attente se fait longue.
Le prince charmant ne pointe pas à l’horizon. Ignorant son adresse,
sans le sou, déboussolée dans un milieu hostile, la jeune
femme décide, après maintes réflexions, de rebrousser
chemin.
Trois temps forts dans la pièce retiennent l’attention. Tout d’abord,
la décision pour une jeune femme attachée à son pays,
ses racines, sa famille, de tout quitter et de s’aventurer vers l’inconnu,
rien que pour se voir passer l’anneau au doigt. Bien qu’issue, apparemment,
d’un milieu conservateur, elle est prête à tout, même
à concubiner pendant deux semaines. Son alibi: “Nous aussi, assure-t-elle,
nous avons évolué!”
Autre point fort: l’attente insoutenable à l’aéroport, lui
fait hurler sa colère contre son bien-aimé et dans la foulée,
contre tous les hommes. Elle les insulte, leur trouve tous les défauts
du monde, jure par tous les dieux qu’elle ne s’y fera plus reprendre, mais
attend toujours avec un espoir renouvelé à chaque silhouette
familière. Son désir d’aimer et d’être aimée
est bien plus fort.
Enfin, à bout de force, elle s’écrie: “C’est vrai, j’ai déjà
32 ans, mais je préfère rester célibataire que me
marier!” Phrase-clé selon M. Kodeih. C’est son amour-propre qui
parle, sa conviction intime de rester toujours, quoi qu’il arrive,
l’enfant chérie de ses parents, sécurisée, entourée
par eux. Oui, elle préfère mille fois retourner dans le giron
familial que de se soumettre au bon vouloir d’un homme incapable d’aimer!
Le rêve de toute jeune fille: se marier et fonder un foyer. |
Les jeunes célibataires vivant pleinement leur sexualité, se heurtent au regard réprobateur de la société. |
SEXUALITÉ DE LA FEMME CÉLIBATAIRE
Le film du célibat continue à tourner, toujours deux protagonistes
et divers scénarios. Bientôt, la fin. Pour certaines femmes,
la chance finit par sourire. C’est le commencement d’une vie à deux
avec le prince charmant enfin rencontré. D’autres se contentent
d’un gentil mari-papa qui, loin d’être l’homme rêvé,
fera toujours l’affaire. Celles dont le tic tac de l’horloge biologique
s’est désormais tu, échappent souvent au célibat définitif
par un mariage tardif. Leurs conjoints, généralement sexagénaires,
subissent, à leur tour, le regard moqueur de la société:
“Ils ont épousé “une infirmière” pour leurs vieux
jours!”, entend-on murmurer. Mais on a souvent tendance à ignorer
que la femme ménopausée est capable de mener une vie sexuelle,
même plus épanouissante qu’avant.
Un épisode crucial fait, pourtant, défaut dans ce film. C’est
le black-out total sur la vie affective et, pourquoi pas, disons-le, sexuelle
de la jeune femme célibataire.
Selon le Dr Khair Badawi, on ne peut faire abstraction de la sexualité
en parlant de ce problème. “Il ne s’agit pas de sexualité
vue sous l’optique de fécondation ou de procréation, mais
plutôt de psychosexualité liée à l’affect, au
besoin organique, au désir, à l’envie... Les tabous touchant
la virginité, les interdits portant sur les relations sexuelles
hors mariage, jurent avec la réalité sociale. Les imposer,
c’est aussi aller à l’encontre du développement normal de
l’affectivité humaine, puisque la sexualité fait partie intégrante
de l’affect.”
Nombre de jeunes filles célibataires dépassent, actuellement,
ces interdits, vivent pleinement leur sexualité et réalisent
ce qu’elles considèrent être leur épanouissement personnel.
Pour ce faire, elles se heurtent au regard réprobateur de la
société! “Elles risquent gros, entend-on souvent répéter.
Maintenant, aucun homme ne voudra plus d’elles, même pas leur partenaire
sexuel. Elles sont en train de perdre les meilleures années de leur
vie!”
Quelles que soient leurs motivations (le font-elles par amour, désir
d’expérience sexuelle ou en perspective de mariage), ces jeunes
filles ne se casent pas nécessairement plus vite que d’autres: crise
économique, mentalité orientale et, surtout, concept de mariage
erroné chez certains Libanais dont le but se limite aux rapports
sexuels. Ils ne conçoivent pas le mariage sous l’optique d’un compagnonnage
basé sur la communication et l’affectivité.
Les difficultés économiques
retardent leurs projets de mariage.
À CHACUN SES CHOIX
Vivre en solo, procure à certaines de ces jeunes filles une indépendance
et une liberté d’action favorables à leur choix. Pionnières
dans leur genre, elles quittent le foyer paternel au risque de se faire
vilipender et traiter de filles libertines.
D’autres préfèrent se lier à un homme pour le meilleur,
mais sans le pire; autrement dit, concubiner (voir encadré). Nombreuses
sont celles qui s’engagent dans cette voie. Leurs raisons varient selon
leurs convictions et celles de leurs partenaires:
• Difficulté financière pour fonder un foyer;
• vision laïque de l’union d’un couple;
• indépendance vis-à-vis des institutions religieuses;
• liberté d’engagement et de rupture (difficulté d’obtenir
le divorce dans les mariages religieux et les dépenses qui en découlent);
• exigence d’indépendance dans le couple;
• choix inévitable du concubinage, l’un des deux partenaires étant
déjà marié.
A chacun ses choix, ses convictions et les circonstances de son existence.
Offrir sa virginité à l’homme de sa vie ou se permettre une
certaine liberté sexuelle? Nul n’est en mesure de dicter une ligne
de conduite à quiconque. Que celui qui n’a jamais péché
(même par pensée!...) jette la première pierre!
FEMMES CELIBATAIRES ET CONCUBINAGE
Jeune femme célibataire, puissiez-vous opter pour le concubinage?
Sachez, alors, que votre statut de concubine, n’est ni défini, ni
réglementé de façon précise en droit libanais.
Au Liban, les enfants issus d’unions hors mariage, sont défavorisés et privés de leurs droits. (Pour de plus amples informations, cf. “La Revue du Liban” du 25-4-98: Dossier Enfants illégitimes et du 9-1-99: Dossier Mères célibataires.) |
LE CELIBAT DE LA FEMME LIBANAISE: REPORTAGE
SUR LE TERRAIN
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TEMOIGNAGES
Maria, 24 ans: “Constantes et intolérables”, c’est en ces termes que Maria qualifie les pressions sociales exercées sur toute jeune fille en âge de se marier. “Mes sorties avec des jeunes gens sont toujours vues et commentées dans l’optique du mariage. Cette obsession chez les gens crée une véritable hantise chez la jeune fille.” La famille de Maria est très représentative de l’état actuel de la société: deux frères installés à l’étranger et mariés à des étrangères; deux sœurs, la trentaine passée, célibataires et résidant avec leurs parents. “Face au nombre grandissant de jeunes filles célibataires, les hommes se montrent de plus en plus exigeants et insupportables. Ils manquent totalement de sérieux. Leur logique: pourquoi se limiter à une fille, alors que la forêt regorge de senteurs et de saveurs diverses?!” | Amine, 35 ans: ne condamne pas les jeunes filles célibataires qui décident de vivre seules, bien au contraire: “Leur but n’est pas nécessairement de jouir d’une plus grande liberté de fréquentation. C’est, souvent, une tentative pour elles de se soustraire à l’autorité de leurs parents.” Mais vivre seules, c’est mal vu. Amine souligne la contradiction de pensée dans la société libanaise: “La femme assume beaucoup de responsabilités sur le plan professionnel, mais se voit refuser des prérogatives correspondantes sur le plan social.” Amine s’oppose à l’idée d’interdire le concubinage au Liban; par contre, il n’opterait pas lui-même pour cette solution à laquelle manque un élément essentiel à toute relation amoureuse liant deux personnes: l’engagement. |
Rita, 26 ans: critique l’outrageuse débauche chez les jeunes d’aujourd’hui: “On dirait qu’ils exorcisent un sentiment de frustration longtemps refoulé. Ils veulent vivre tout feu, tout flamme ce qu’ils ont perdu durant les années de guerre. Leur but n’est pas de trouver la personne convenable mais plutôt de multiplier les expériences sexuelles C’est le “fast food” des relations! Quant aux filles, elles sont, en général, superficielles et s’attachent trop à leur aspect extérieur, incitant ainsi les hommes à les regarder en tant que “femme-objet”. | Wassim, 27 ans: trouve très normal et même nécessaire qu’une jeune fille fasse parfois le premier pas. “Certains hommes ont besoin d’être encouragés. C’est la première approche qui compte; ensuite, ils feront eux-mêmes les avances.” Wassim accepterait l’idée de convoler avec une jeune femme ayant elle-même vécu sa vie: “On sent chez certaines filles sans expérience sexuelle, une simplicité un peu naïve. Par contre, les femmes expérimentées font preuve, parfois, d’une plus grande |
Mirna, 32 ans: option: concubinage. Lorsque Mirna tombe amoureuse d’un homme, elle n’y va pas par quatre chemins. A défaut de pouvoir se marier, elle concubine. Sa première expérience d’union libre a mal tourné. Elle s’était installée dans un quartier résidentiel de la capitale avec son bien-aimé qui trouvait l’idée de mariage prématurée. “Nos voisins nous ont dénoncés auprès de la police des mœurs. Ils ne pouvaient tolérer ce mode de comportement dans l’immeuble.” Son cher bien-aimé a disparu dans la nature à la suite de ce malencontreux épisode. Mirna a, finalement, trouvé l’amour de sa vie. Seul problème qui n’en est pas un: son nouveau partenaire est marié et père de deux enfants! Il vo | Nagi, 38 ans: “Je trouve que les jeunes filles sont, actuellement, trop entreprenantes et plutôt faciles. Elles ne donnent plus à l’homme le plaisir ou même l’enviae de “se battre” pour elles et savourer par la suite sa conquête.” Son avenir assuré, Nagi se mariera bientôt. Sa fiancée a largement dépassé la trentaine, mais n’a pas connu d’hommes avant lui. “Elle a voulu se réserver pour l’homme qu’elle aimerait. J’ai, moi-même, fréquenté beaucoup de femmes et croyais que la question de virginité ne se posait plus. Pourtant, un sentiment de fierté m’a envahi. J’ai beaucoup apprécié sa décision, car nous vivons dans un monde où les tentations sont très fréquentes.” |
Sandra, 29 ans: Issue d’un milieu aisé, elle adore
la vie de famille. Son rêve: se marier, avoir des enfants, fonder
son propre foyer. Sandra pense que les hommes de bonne famille, bien faits et bien éduqués, se comptent sur les doigts d’une main. Ils sont, aussitôt, assaillis par un essaim de jeunes filles aussi acharnées les unes que les autres: “C’est une vraie course au mari. Des mariages plutôt basés sur l’intérêt que sur l’amour” Déçue de n’avoir pas trouvé un “homme de valeur”, Sandra ne compte pas participer à cette course effrénée: “Ce n’est pas mon genre. Je préfère que l’homme prenne l’initiative lui-même, quitte à l’encourager ultérieurement.” |
Carine, 41 ans: occupe un très bon poste de responsabilité
dans une grande entreprise privée. Elle touche un salaire à
faire pâlir d’envie les plus grands directeurs et vit toujours avec
ses parents. Pourquoi ne s’est-elle pas mariée? “Tous les hommes, répond-elle, trompent leurs femmes. C’est, du moins, ce que j’observe autour de moi. Perspective pas très réjouissante, ni encourageante. Je suis indépendante, je gagne bien ma vie et je voudrais la vivre heureuse, sans soucis. De plus, le but du mariage est de fonder un foyer et d’avoir des enfants. Je ne m’y aventurerais pas; ce n’est pas recommandé à mon âge!” Carine a, toutefois, trouvé son équilibre affectif. Elle fréquente un ami intime sans vouloir s’engager à fond avec lui. Eternelle indépendante! |
“Mon choix: le célibat”
“Vous savez, j’appartiens déjà au troisième âge!” En se définissant ainsi, Hayat semble vouloir nous dire: “Mon témoignage ne vous intéressera probablement pas”. Bien au contraire! Avec le recul du temps, comment explique-t-elle son choix? A-t-elle des regrets? Hayat est une femme qui travaille. Sa compétence, son ancienneté lui valent aujourd’hui un titre de référence dans sa profession. “Je suppose que c’est un cercle vicieux: plus on brille dans une carrière, moins on pense au mariage. Le mariage représente un lien, des limites à l’indépendance et à la liberté. C’est, aussi, un compromis qui se fait presque toujours, en Orient, au détriment de la femme. Vu mon caractère, cela n’aurait jamais marché!” Hayat se réfère au “vécu” de ses amies qui refoulaient leurs envies, sacrifiaient leurs goûts et leurs loisirs, soucieuses de préserver l’unité de leur foyer. Elles étaient, toutefois, “maîtresses de maison”. “Piètre consolation! Maîtresses de quoi? De connaître l’emplacement exact des assiettes, couteaux et fourchettes? D’exercer plusieurs métiers à la fois: bonne à tout faire, cuisinière, gouvernante, garçon de courses, secrétaire?” Une seule chose aurait pu inciter Hayat au mariage: les enfants. Mais c’était un “prix trop cher à payer!”. “Au Liban, on a tendance à traiter de “vieilles filles” les jeunes femmes au célibat prolongé. A mon avis, un tel sobriquet ne doit pas désigner un état, mais plutôt un trait de caractère. J’ai eu l’occasion de rencontrer des mères de famille tellement acariâtres, envieuses, obtues, pudibondes, à l’affût du moindre petit cancan, qu’on aurait pu les prendre pour de vieilles filles!” L’opinion d’autrui n’a jamais beaucoup pesé pour Hayat: “Si j’ai le respect de moi-même, le respect des autres m’est parfaitement égal!” |