Vue de la réunion conjointe des Ordres de la Presse et des journalistes, tenue en signe d’appui aux libertés publiques. |
Les sièges des Ordres de la Presse et des journalistes continuent à connaître un vaste mouvement de solidarité avec la Presse, suite aux procès intentés à plusieurs confrères et publications dont M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes. |
Des personnalités politiques de tous bords, des délégations
syndicalistes et médiatiques ne cessent de manifester leur soutien
aux confrères faisant l’objet de poursuites; ce sont en plus de
M. Karam: Walid Choucair, Ibrahim Fahim el-Khoury, Jamil Mroué,
Viviane Dagher et Salam el-Ghoreichi.
Ces personnalités et délégations proclament, également,
leur appui au communiqué qui a été diffusé
lundi, à l’issue d’une réunion conjointe que les conseils
des deux Ordres ont tenue au siège du syndicat de la Presse.
PAS DE SENS AU LIBAN SANS LIBERTÉS
M. Ghassan Matar, député, a dit: “Je fais partie de la
famille médiatique et tout ce qui la touche me concerne; ma solidarité
avec elle est sans limite.”
M. Nassib Lahoud, député du Metn, a contacté l’Ordre
des journalistes, de Londres où il se trouve, pour proclamer son
appui. De même, MM. Mounir el-Hajj, leader des Kataëb; Béchara
Merhèje, député; Ali Kanso, chef du Parti social national
syrien; Joseph el-Hachem, ancien ministre; le Dr Kamel Méhanna,
président de “Amel”; Adnan Kassar, président de la CCIB;
le brigadier Michel Khoury, ancien député; le Dr Ismaïl
Souccarié et Najah Wakim, députés; celui-ci ayant
déclaré: “Le Liban n’a pas de sens sans libertés”;
Me Nabil Mouchantaf, président du Mouvement libanais; el-Fadl Chalak,
ancien ministre; Roméo Lahoud, Khodr Majed, du bureau des syndicats
libres relevant de “Amal”; le président Rachid Solh, Me Antoine
Klimos, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth; Samir Doumet,
président de l’Ordre des ingénieurs; une délégation
de l’Association libanaise du salut islamique.
M. Melhem Karam a, également, reçu une délégation
du “Hezbollah” ayant à sa tête Hajj Mahmoud Comati. Ce dernier
a proclamé son soutien aux libertés au Liban et, spécialement,
la liberté d’expression, et sa solidarité avec toutes les
décisions visant à les sauvegarder, “car, a-t-il affirmé,
nous considérons le président Karam comme l’un des défenseurs
des libertés dans ce pays.”
De nombreuses délégations de journalistes, venues de
toutes les régions libanaises, ont afflué au siège
de leur Ordre, pour lui réitérer leur appui et leur engagement
vis-à-vis de toutes les mesures destinées à préserver
la Presse et tous ceux qui y travaillent.
LES RÉACTIONS
M. Mohamed Kabbarah, député de Tripoli, appelle avec
insistance à un soutien aux revendications des Ordres de la Presse
et des journalistes. “La liberté est indivisible, affirme-t-il,
et les poursuites engagées contre les journalistes, en plus du contrôle
des communications téléphoniques au moyen des tables d’écoute,
nous incitent à appuyer les Ordres médiatiques et à
élever la voix pour dénoncer les dangers qui menacent notre
ordre démocratique.”
De son côté, cheikh Abdel-Amir Kabalan, vice-président
du Conseil supérieur chiite, appelle à la sauvegarde des
libertés publiques au Liban, en tête desquelles la liberté
médiatique. “L’importance du Liban et de son rôle réside
dans la liberté, poumon à travers lequel les Libanais respirent”,
a-t-il déclaré, en mettant en garde contre tout procédé
négatif auquel on aurait recours pour traiter le problème
des libertés.
Aussi, invite-t-il les responsables “à user du langage du dialogue
avec les parties concernées, à l’effet de préserver
la liberté de la Presse.” De plus, il insiste sur la nécessité
d’accorder la priorité aux questions vitales engageant l’avenir
de la patrie, surtout que la région est appelée à
faire face à des échéances particulièrement
graves.
Le “Mouvement de l’unification islamique” a mis l’accent, quant à
lui, sur la nécessité de sauvegarder les libertés
publiques, la liberté d’expression en tête, dans ses volets
audiovisuel et de la presse écrite.
Le même mouvement insiste, d’autre part, sur la nécessité
de consolider le front intérieur et d’unifier les rangs nationaux,
sans perdre du temps dans des questions futiles et de peu d’importance.
“Ceci compromettrait l’unité nationale et profiterait à l’ennemi
sioniste qui susciterait la sédition sur la scène locale
pour affaiblir notre position, en prévision de la reprise des négociations,
pour pouvoir imposer ses conditions rédhibitoires.”
M. Hussein Yatim, député de Beyrouth, se demande: “Dans
l’intérêt de qui certains s’emploient à porter atteinte
aux libertés publiques et, spécialement, à la liberté
de la Presse qui donne au Liban son cachet particulier dans le monde arabe?
Qui a intérêt, demande M. Yatim, à porter atteinte
à la Presse dans cette phase particulièrement délicate,
d’autant que le président Lahoud s’est engagé à préserver
les libertés, promettant de ne poursuivre en justice aucun journaliste
durant tout son sexennat, partant de sa conviction que la Presse est la
conscience du Liban?”
Le dossier médiatique et, en tout premier lieu, le procès
intenté aux publications qu’édite “Dar Alf Leila Wa Leila”,
avait fait l’objet d’un long échange de vues au palais de Baabda
entre les présidents de la République et du Conseil, la veille
de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres.
Le chef du gouvernement devait en discuter dans son bureau au Grand
Sérail avec M. Adnan Addoum, procureur général près
la Cour de cassation qui a déclaré par la suite: “Le président
Melhem Karam connaît parfaitement, comme tout le monde le sait, notre
estime à sa personne et l’affection que nous lui vouons. Le président
Karam signifie beaucoup pour nous et l’affaire qui le concerne est désormais
entre nos mains et on peut la considérer comme réglée.”
HOSS: “LES LIBERTÉS N’ONT JAMAIS ÉTÉ
AUTANT RESPECTÉES DEPUIS TAËF”
Par ailleurs, le communiqué conjoint diffusé, lundi,
par les Ordres de la Presse et des journalistes, a suscité des prises
de position, ainsi que des commentaires et des précisions.
Le président Hoss et M. Anwar el-Khalil, respectivement Premier
ministre et ministre de l’Information, ont affirmé qu’il n’y a pas
d’atteintes à la liberté de la Presse, assurant que “les
libertés publiques n’ont jamais été autant respectées
depuis Taëf.”
Voici, par ailleurs, les principales revendications formulées
par les Ordres de la Presse et des journalistes, telles que consignées
dans le communiqué conjoint qu’ils ont diffusé lundi, à
l’issue de leur réunion conjointe:
- Préserver l’autonomie de l’autorité judiciaire.
- Elaborer une loi stipulant que l’autorisation des Ordres de la Presse
et des journalistes doit être obtenue avant que des poursuites soient
engagées contre un journaliste membre de l’Ordre. En vertu de cette
même loi, un représentant des deux Ordres assistera aux audiences
consacrées à l’instruction et au procès.
- Etablir un tribunal spécial pour les affaires des imprimés.
- Mettre fin aux atteintes injustes contre la Presse et les journalistes
parce qu’elles entraîneront, dorénavant, les réactions
qui s’imposent.