Dans le même temps, il est de nouveau question de poursuivre des
députés impliqués dans certains dossiers chauds, l’incinérateur
de Bourj Hammoud notamment, en marge de l’ouverture d’une session extraordinaire
de la Chambre à dater du 1er août et devant se poursuivre
jusqu’à la mi-septembre.
A cet effet, les autorités judiciaires qualifiées auraient
transmis à l’Assemblée, par l’intermédiaire du ministre
de la Justice, une demande réclamant la levée de l’immunité
parlementaire couvrant des députés, dont M. Habib Hakim.
Il reviendra au parlement siégeant en séance plénière,
de statuer sur la requête du Parquet.
Le président Nabih Berri a dit au cours de la réunion
du bureau de la Chambre, qu’il ne s’opposerait pas à la levée
de l’immunité, s’il lui apparaît qu’elle se justifie, mais
a posé comme condition que la demande y relative soit conforme aux
dispositions définies par la Constitution et la loi.
LA CHAMBRE EN VACANCE
Cependant, une séance plénière ne semble pas devoir
se tenir de si tôt, pour la raison que le parlement n’est saisi que
de peu de projets ou de propositions de loi revêtus du caractère
d’urgence, tels ceux ayant trait à la décentralisation
administrative et à la naturalisation.
De plus, la Chambre sera en vacance d’été du 20 août
au 15 septembre. Aussi, les commissions parlementaires tiendront-elles
peu de réunions de travail durant cette période.
D’autre part et d’après des sources renseignées, la commission
de l’Administration et de la Justice étudiera, au ralenti, le projet
sur l’enrichissement illicite qui ne serait soumis à l’Assemblée,
pour ratification, que durant sa session ordinaire d’octobre.
Par ailleurs, le chef du Législatif accorde une certaine importance
au sujet des tables d’écoute, preuve en est qu’il présidera
la réunion que la commission de l’Information et des Postes doit
consacrer, mardi prochain, à l’examen de ce projet.
LA NÉO-OPPOSITION REPART À L’ATTAQUE...
Pendant ce temps, les opposants reprennent leur offensive contre le
“Cabinet des 16”, en exploitant les remous suscités par les poursuites
judiciaires engagées contre plusieurs journalistes et publications.
Le président Rafic Hariri qui ameute ses alliés contre
le chef du gouvernement vise, à travers sa cabale, à exercer
des pressions sur le Pouvoir pour l’amener à élaborer une
nouvelle loi électorale répondant à ses souhaits.
M. Hariri a, d’ores et déjà, entamé sa campagne
électorale et voudrait obtenir un nombre record de voix, dépassant
celui que recueillera le Premier ministre, dans l’espoir de voir ses chances
croître de réintégrer le Grand Sérail.
S’opposant au découpage de la capitale qu’il considère
comme une “unité politique”, l’ancien président du Conseil
ne semble pas parvenu à convaincre M. Tammam Salam, député
de Beyrouth, de faire partie de sa liste, le président des Makassed
paraissant plus enclin à s’allier au président Hoss, d’autant
qu’il a beaucoup de chance de faire partie de la future équipe ministérielle
que l’actuel président du Conseil serait chargé de constituer.
Selon une source fiable, une importante somme d’argent (6 millions
de dollars) aurait été affectée à la nouvelle
cabale contre le Cabinet, la néo-opposition ayant profité
des remous provoqués par les poursuites contre les journalistes
pour partir en guerre contre le Pouvoir.
LE CABINET RESTE
Les promoteurs de l’offensive anti-gouvernementale partent de renseignements
selon lesquels un changement ministériel devrait intervenir
après la ratification de la loi de finances. Mais le projet de budget
99 a été voté, alors que le gouvernement reste en
place et rien ne semble devoir le déboulonner dans un avenir prévisible.
Les milieux officiels ne voient pas d’un bon œil les agissements des
opposants dont l’action risque de perturber le climat politique, au moment
où il est question d’une reprise des négociations de paix
sur les volets libanais et syrien. Ce qui indispose Damas, étant
donné la concomitance des deux volets.
M. Hariri avait donné le coup d’envoi de sa campagne, vendredi
dernier, au cours d’un dîner à Aley, quand il a dénoncé
ce qu’il a appelé “l’utilisation de la magistrature à des
fins politiques, ce qui se traduira par une perte de confiance dans les
instances judiciaires”. Il a dit encore: “Le fait de dévier de la
Constitution, des lois en vigueur et de l’entente nationale, a eu pour
conséquence de valoir des catastrophes au pays. Il n’est donc pas
permis de ramener les aiguilles de l’horloge en arrière”, (sic).
Les milieux politiques ont trouvé étranges de tels propos
dont il ressort que l’homme a décidé de rompre tous les ponts,
non seulement avec le Grand Sérail mais, également, avec
le palais de Baabda. Alors que son allié, Walid Joumblatt disait,
il n’y a pas longtemps, “qu’il est prêt à dialoguer avec Baabda,
si le président Lahoud veut bien prendre la main qu’il lui tend”...
Puis, les mêmes milieux s’étonnent d’entendre M. Hariri
accuser ou, du moins, soupçonner le régime de s’immiscer
dans les affaires de la Justice, comme si cette dernière avait échappé
à ses ingérences et à ses pressions, dans le proche
passé.
De plus, on est surpris d’entendre l’ancien Premier ministre déplorer
les entraves empêchant la Presse d’accomplir son rôle, alors
qu’il avait interdit les manifestations et les sit-in, plusieurs imprimés
ayant été poursuivis et sanctionnés au temps où
il était au pouvoir.
LOI ÉLECTORALE ET NÉGOCIATIONS
DE PAIX
Sur un autre plan, il y a lieu de mentionner la déclaration
faite par le vice-président du Conseil, M. Michel Murr, à
l’issue d’une rencontre avec le président Hoss, dans laquelle il
a annoncé l’élaboration de la nouvelle loi électorale
dans un délai de deux mois.
Cette question préoccupe, sans doute, les cercles parlementaires
et les partis, autant que les informations relatives à une éventuelle
reprise des négociations de paix, à l’approche de la tournée
que Mme Madeleine Albright, secrétaire d’Etat US, effectuera dans
la région.
Aussi, les responsables libanais et syriens ont-ils entrepris des concertations
visant à coordonner la position des deux pays. De fait, une délégation
formée de MM. Zafer el-Hassan, secrétaire général
du palais Bustros et Yéhia Mahmassani, conseiller du président
Hoss pour les affaires diplomatiques, s’est rendue au début de la
semaine à Damas où elle a conféré avec M. Farouk
el-Chareh, chef de la diplomatie syrienne qui avait eu, samedi, un entretien
téléphonique avec le chef du gouvernement.
Les deux pays feront part au secrétaire d’Etat US de leur attachement
à la paix juste et globale, sur la base des résolutions de
la légalité internationale et des principes définis
à la conférence de Madrid. Comme de leur décision
de reprendre les négociations au point où elles avaient abouti
il y a trois ans.
La veille des entretiens libano-syriens, le président Assad
avait réaffirmé le désir de la Syrie d’instaurer une
paix véritable dans la région, mettant fin à l’occupation,
à l’agression et assurant un climat propice à la promotion
d’une vie paisible à tous les peuples du Proche-Orient.
“Si, a-t-il ajouté, il existe une chance de réaliser
cette paix, nous ne serons pas responsables de son torpillage et nous attendons
des autres de partager notre désir de l’instaurer”.