Puis, il a dénoncé les manœuvres de Tel-Aviv, disant “qu’Israël
ne veut pas la paix, parce qu’elle constitue une négation de son
entité.”
Le chef spirituel de la communauté sunnite a échangé
les vues avec ses hôtes sur les questions de l’heure au triple plan
local, régional et international.
M. Karam a pris, tout d’abord, la parole pour dire que les crises auxquelles
nous sommes confrontés: les dossiers chauds, les domaines maritimes,
la dette publique, la situation économique en dépit de leur
gravité, n’équivalent pas à celle de l’implantation.
“Dans les années 80, rappelle M. Karam, l’implantation signifiait
la partition. D’ailleurs, ce terme (implantation) a été radié
du préambule de la Constitution libanaise, celle de Taëf.
“Partant de là, nous nous posons la question suivante: Si l’implantation
se réalisait, serait-elle vraiment un acte libanais? L’implantation
serait-elle pareille aux deux caïmacamats, au moutassarifiat et au
Liban du 1er septembre 1920 (l’Etat du Grand Liban)?
“L’implantation peut-elle nous être imposée et serions-nous
forcés d’en payer le tribut? Notre position opiniâtre proclamée
contre l’implantation, la partition et l’exode vous l’avez vous-même
affirmée. Les trois grands promoteurs des religions célestes
ont pâti de l’exode: Moussa, Issa et Mahomet... Mais ils ont joui
de la stabilité par la suite. Devons-nous subir l’exode pour connaître
la stabilité?
LA PRESSE, LA VOIX DE CEUX QUI N’ONT PAS DE
VOIX
Dans sa réponse, cheikh Kabbani souhaite la bienvenue au président
de l’Ordre des journalistes et à ses confrères, disant que
les valeurs prônées par les instances spirituelles, sont celles-là
que défend la Presse libanaise “qui est la voix de ceux qui n’ont
pas de voix, dont elle exprime l’opinion et défend les droits....
Sans Presse et information, nous ne pouvons vivre en société,
car à travers elles, nous savons ce qui se passe autour de nous
et dans le monde.”
Puis, il félicite M. Karam pour le combat qu’il mène,
en coopération avec M. Mohamed Baalbaki, président de l’Ordre
de la Presse, en faveur des libertés publiques et, tout particulièrement,
la liberté d’expression.
HOSS, UNE CAUTION POUR LE LIBAN
Ensuite, cheikh Kabbani aborde les problèmes de l’heure, en
commençant par ceux qui nous concernent au plan local. Ainsi, rend-il
un vibrant hommage au président Salim Hoss, disant qu’il constitue
une caution à l’échelle nationale, à tous les points
de vue “d’autant qu’il joue un rôle essentiel dans la libération
du Liban et son redressement.
“Le président Hoss que les Libanais et la politique libanaise
connaissent de longue date, est un homme de réflexion et d’action
à la fois. Sa personnalité n’est remise en question par qui
que ce soit, car il accomplit en toute conscience ce qu’il estime être
son devoir national dans les circonstances présentes.”
Tout en déplorant les cabales dirigées contre le Cabinet,
cheikh Kabbani observe qu’elles ne sont nullement provoquées par
M. Hoss. “Il est même ulcéré par ce qui se passe sur
la scène politique. Nous le constatons sur son visage et par le
ton de sa voix.”
NON À L’IMPLANTATION
Par ailleurs, le mufti de la République s’élève
contre l’implantation qui est rejetée par tous les Libanais et même
par les Palestiniens qu’on veut dissoudre dans les pays d’accueil.
“La Constitution libanaise, celle élaborée à Taëf,
rejette l’implantation dans son préambule et celle-ci doit être
combattue avec la plus grande vigueur, car il s’agit d’un projet israélien.”
Cheikh Kabbani met en garde contre le règlement du conflit israélo-arabe,
sans qu’une solution soit trouvée au cas des réfugiés
palestiniens. “Celui-ci ne sera pas tranché par l’instauration de
la paix. Lorsque le Liban aura récupéré les portions
occupées de son territoire et ses droits; quand la Syrie aura repris
les hauteurs du Golan, la cause palestinienne ne sera pas résolue
pour autant. Qui libèrera la Palestine?”
QUI LIBÈRERA LA PALESTINE?
A ce propos, il émet les réflexions suivantes: Comment
rejetons-nous l’occupation française au Liban et en Syrie? Comment
condamnons-nous l’occupation britannique en Jordanie et en Irak; l’occupation
italienne du Maghreb arabe et acceptons-nous l’occupation judéo-sioniste
en Palestine?
“Même avec l’instauration de la paix, ajoute cheikh Kabbani,
l’occupation juive et hébraïque se perpétuera en Terre
sainte. Les Palestiniens doivent libérer leurs terres, pour que
la Palestine tout entière revienne à la nation arabe... La
cause palestinienne n’est pas celle des Palestiniens seuls, même
si ces derniers devaient y renoncer.... Nous autres au Liban, en Syrie,
en Egypte, en Arabie séoudite et dans la patrie arabe, nous ne pouvons
y renoncer, car cet objectif concerne une nation tout entière; c’est
l’objectif de 200 millions d’Arabes... La cause de Palestine ne prendra
pas fin, tant qu’il existera un souffle de vie sur cette terre...”