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Membre
du Bloc de la libération et du développement (B.L.D.) Ali
Hassan Khalil soutient qu’en tant que “mère de toutes les institutions,
l’Assemblée ne doit être en confrontation avec aucune d’elles”.
En ce qui concerne la levée de l’immunité couvrant un député, il juge qu’elle est du ressort de la Chambre siégeant en séance plénière et statuant sur la base des recommandations des commissions parlementaires qualifiées. Quant à la réforme administrative, le parlementaire sudiste considère que l’action du gouvernement dans ce domaine appelle un certain nombre de remarques. Il incite le “Cabinet des 16” à suivre une politique plus active, visant à promouvoir le changement au double plan politique et économique. Enfin, il se prononce en faveur du mohafazat en tant que circonscription électorale. |
A propos de la demande de levée de l’immunité couvrant
un membre de l’Assemblée, M. Khalil se range à l’avis du
chef de son groupe parlementaire, le président Nabih Berri, dont
il ressort que “le dernier mot, à ce sujet, revient à la
Chambre siégeant en séance plénière”.
En tant que “mère de toutes les institutions, le parlement ne
doit être en confrontation avec aucune d’elles et, spécialement,
le corps judiciaire. Mes collègues examinent la requête du
Parquet relative à la levée de l’immunité, en se préoccupant
de sauvegarder la dignité de l’Assemblée et de conserver
au député une marge suffisante pour exprimer ses opinions
et ses idées durant tout son mandat.
D’aucuns font état de tractations entre l’Assemblée
et le gouvernement par rapport à certains projets délicats,
tel celui relatif à la décentralisation administrative. Est-ce
exact?
Le président Berri ne cesse de rappe-ler la nécessité
d’en finir au plus vite avec la décentralisation administra-tive,
conformément à l’accord de Taëf, en vue de renforcer
les prérogatives des autorités locales.
Dès que le projet de loi y relatif lui sera remis, le président
Berri le transmettra aux commissions qualifiées pour étude.
Comment le bloc parlementaire dont vous faites partie, juge-t-il
la réforme administrative?
Dès le début, nous avons proclamé notre soutien
à ce régime et à son chef. Mais cela ne signifie pas
que notre groupe approuve, aveuglément, tout ce qu’entreprend le
Cabinet.
En ce qui a trait à la réforme administrative, notre
bloc ne s’est pas opposé aux noms des fonctionnaires mis au rancart,
licenciés ou promus. Il a tout simplement émis certaines
observations à propos des principes pris comme base juridique pour
réaliser la réforme d’une façon globale et permanente,
en tenant compte des rapports des organismes de contrôle.
Nous insistons pour que le gouverne-ment suive une politique active,
vi-sant à promouvoir le changement au double plan économique
et politique, tout en procédant à une réforme radi-cale
au plan financier. Nous avons rappelé maintes fois notre position
à ce sujet et, la dernière fois, lors du débat sur
le projet de budget 99.
Qu’en est-il du principe de l’alternance entre les fonction-naires
de la première catégorie?
Nous ne nous immiscons pas dans l’action du Pouvoir exécutif
dans ce domaine. Nous estimons nécessaire de procéder à
un changement dans le cadre de la réforme, à l’effet de réactiver
les administrations étatiques, sans qu’il y ait un choix sélectif
au plan de nominations déterminées, d’autant que des règles
ont été définies pour l’attribution des fonctions
de la première catégorie.
Quoi de nouveau à propos des taxes imposées par le
gouverne-ment sur le tabac, votre bloc par-lementaire ayant accordé
une grande importance à cette affaire?
Nous sommes d’avis qu’il faut accorder à cette question l’importance
qu’elle mérite. La culture du tabac n’intéresse plus un groupe
restreint de citoyens, mais une large frange de la population rurale, surtout
dans la région du cordon frontalier (occupé) et les régions
défavorisées au Akkar et dans la Békaa. Il importe
donc d’encourager cette culture dans un double but: soutenir la résistance
des planteurs au Liban-Sud et venir en aide à ceux des régions
où l’Etat a promis de concrétiser le développement
équilibré.
On parle de changement ou de remaniement ministériel. Qu’en
pensez-vous?
Avec l’établissement du budget, nous donnons une chance au gouvernement,
avant de porter un jugement sur son action. Il ne s’agit pas de changer
de noms, mais l’action gouvernementale. Le président Hoss inspire
confiance et cette période pourrait être une occasion pour
un changement radical de l’action de son équipe ministérielle
qui regagnerait la confiance des citoyens. Nous voyons des indices positifs
en ce sens.
Quelle est l’attitude du bloc à l’égard de la loi électorale,
d’autant qu’il est question d’adopter le mohafazat comme circonscription?
Jusqu’à présent, le projet de loi électorale n’a
pas été soumis à l’Assemblée. L’attitude de
notre bloc est claire: nous préconisons des circonscriptions agrandies
et mixtes qui assureraient un maximum de cohésion nationale. Partant
de là, l’attitude du bloc est en faveur du mohafazat, avec l’agrandissement
des circonscriptions, si cela était réalisable à l’échelle
politique et technique. Notre attitude n’a pas encore été
consacrée par une décision du bloc de la libération
ou au niveau du mouvement “Amal”. L’important est d’élaborer une
loi équitable pour toutes les régions, qui assurerait une
vraie représentation et favoriserait l’évolution du système
politique.
Tout indique que le mohafazat serait adopté en tant que cir-conscription
électorale, le Mont-Liban devant être découpé
en deux mohafazats. Qu’en pensez-vous?
Les propos tenus par le président Lahoud, que nous approuvons,
prônent une loi équitable pour toutes les régions libanaises.
Mais ceci n’empêche pas le découpage du mohafazat. Le gouvernement
doit soulever la question de la loi électorale, le plus vite possible,
afin de permettre à tous ceux qui y sont concernés de se
préparer aux législatives.
Y a-t-il une coordination au niveau électoral entre le B.L.D.
et le “Hezbollah”?
Il est prématuré d’en parler. Mais, au niveau politique,
un comité central de coordination entre ces deux partis, étudie
tous les dossiers. D’ailleurs, il y a une coordination sur le terrain,
ce qui peut constituer, à l’avenir, la base d’une alliance électorale
ou autre. Quoiqu’il en soit, nos relations sont bonnes et évoluent
dans le bon sens.
On dit que le gouvernement adoptera la loi en vigueur. Qu’en pensez-vous?
Rien n’empêche cela, si le gouvernement trouve cette loi convenable.
L’Assemblée nationale envisagera, positivement, tout projet qui
lui sera soumis.
A l’ombre de la conjoncture régionale, comment envisagez-vous
le règlement du conflit proche-oriental?
Les dernières déclarations des diri-geants israéliens,
en tête desquels Ehud Barak, révèlent les vraies inten-tions
du gouvernement qui veut faire pencher l’opinion internationale en sa faveur
et tente de percer les rangs arabes par des slogans apparemment positifs.
A travers ces comporte-ments, Israël essaye de passer outre aux droits
arabes. Depuis le début, le Liban n’a pas fait montre d’un excès
d’optimisme, tout en appelant à une attitude arabe unifiée.
D’un autre côté, l’attitude de la Syrie et du Liban est claire
et intransigeante en ce qui concerne les droits, la poursuite des négociations
de paix sur base de la Légalité internationale, le retrait
israélien total des territoires arabes occupés et le retour
aux frontières du 4 juin 1967. Il est demandé, non seu-lement
la concomitance des volets li-banais et syrien mais, aussi, la for-mation
d’une délégation unifiée des deux pays, dans les négociations
de paix, afin de consolider leur position. De même, l’attachement
à la Résis-tance est une constante ayant fait l’objet d’un
consensus. Ainsi, la force de la Résistance, la cohésion
interne et l’attitude unifiée avec la Syrie sont des facteurs capables
de consolider la position du Liban et de la Syrie dans le processus de
paix. Cependant, nombre de défis sont à relever, en tête
desquels les visées d’Israël sur les eaux du Liban. Cela constitue
un grand problème.