SUITE A UNE ACTION DISCRETE DE BERRI
TREVE POLITIQUE JUSQU'A LA RENTREE PARLEMENTAIRE D'OCTOBRE

La semaine qui finit a été marquée par des prises de position au double plan local et régional, à l’approche de la visite que Mme Madeleine Albright, secrétaire d’Etat US a entamée mercredi, le Liban figurant, pour une rare fois, sur son itinéraire.

Comme d’habitude, Israël a eu recours à l’escalade militaire sur le terrain, sans doute pour détourner le chef de la diplomatie américaine de son principal objectif, à savoir: la relance du processus de paix.
La semaine a continué à être dominée par les remous qu’a suscités la recommandation du Conseil national de l’audiovisuel (CNA), par laquelle il a proposé la suspension de la LBCI pendant trois jours, pour des raisons que le Conseil des ministres n’a pas jugées convaincantes. Aussi, a-t-il désavoué le CNA, se limitant à mettre les moyens d’information en garde contre toute violation des constantes libanaises. Et ce, en ne laissant pas croire que le Liban officiel pourrait changer d’attitude à l’égard de la résolution 425, exigeant le retrait immédiat et inconditionnel des forces israéliennes des portions de notre territoire qu’elles occupent au Liban-Sud et dans la Békaa ouest.
Une fois de plus, le Pouvoir a réaffirmé son respect des libertés publiques et, particulièrement, de la liberté d’expression, le gouvernement prenant en considération la position adoptée, à ce propos, par les Ordres de la Presse et des journalistes et leur soutien au Pouvoir. Il y a lieu d’observer que les responsables ont réagi rapidement face aux menaces de grève, pour empêcher que ces dernières fassent boule de neige, au moment où le pays a le plus besoin de stabilité. En fait, les ministres qualifiés ont réussi à prévenir les mouvements contestataires que le personnel des Offices autonomes (eau et électricité, notamment) voulaient déclencher en signe d’appui à ses doléances.
Entre-temps, la nouvelle audience - la troisième en moins de deux mois - que le chef de l’Etat a accordée à M. Rafic Hariri, a retenu l’attention des milieux politico-parlementaires, bien que la visite de l’ancien chef du gouvernement au palais de Baabda ait été qualifiée “d’ordinaire”.
Le bureau médiatique de M. Hariri l’a qualifiée de “bonne, s’inscrivant dans le cadre de rencontres périodiques”.
Le président Lahoud avait conféré, au préalable, avec le président Nabih Berri sur la conjoncture locale, en mettant l’accent sur la nécessité de créer un climat propice en vue “d’un dialogue naturel entre les loyalistes et les opposants”.
La nouvelle visite de M. Hariri à Baabda a eu pour conséquence de favoriser la persistance d’une accalmie au plan politique et dans certains secteurs syndicalistes, surtout après que le gouvernement eut réussi à prévenir la grève du personnel des Offices autonomes.
Les observateurs relèvent le souci manifesté par le chef du Législatif à faire durer la trêve politique, tout au moins jusqu’à la rentrée parlementaire d’octobre. A cet effet, on lui a prêté l’intention de réunir les présidents Hoss et Hariri, dans une tentative de dissiper la tension qui caractérise leurs rapports. Sans que le dialogue entre les deux hommes signifie le retour de l’ex-Premier ministre au Grand Sérail.
En ce qui concerne le problème gouvernemental, le président Berri n’est pas convaincu de l’imminence d’un changement ou d’un remaniement ministériel avant les prochaines législatives de l’an 2000, ni du maintien jusqu’à cette date du “Cabinet des 16”. Tout dépendra du climat qui sera instauré dans la période allant de l’élaboration du projet de budget de l’année prochaine et de la rentrée parlementaire d’octobre.
A ce moment et passé le “délai  de grâce”, le gouvernement n’aura plus d’excuses pour justifier tout retard dans l’application des mesures destinées à relever l’économie nationale et les secteurs productifs. Et, aussi, dans la mise au point du projet de la nouvelle loi électorale et de la réalisation de la décentralisation administrative dont le projet a été transmis, pour étude, aux commissions parlementaires qualifiées.
Le Cabinet est donc appelé à prouver son efficacité d’ici au mois d’octobre. Dans la négative, l’idée du changement ministériel pourrait se poser. On s’attendait que M. Berri soulevât ce point précis dans le discours qu’il a prononcé au cours du meeting ayant marqué le vingt-et-unième anniversaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr. Mais il y a renoncé, pour la simple raison que le chef du gouvernement y représentait le président Lahoud et devait y prendre la parole.
La position du président de la Chambre part du fait que le dialogue entre l’opposition et le Pouvoir doit être engagé entre cette dernière et le gouvernement et non avec le président de la République qui reste au-dessus de la mêlée et l’arbitre suprême.
M. Berri juge ce dialogue possible entre MM. Hoss et Hariri, ceux-ci s’étant rencontrés au bureau du chef du Législatif au parlement lors du débat budgétaire.
Le Premier ministre a déclaré, à ce propos, qu’aucun conflit d’ordre personnel ne l’opposait à son prédécesseur. “Ma porte reste ouverte à quiconque désire me rendre visite”, a déclaré M. Hoss. D’ailleurs, M. Berri rappelle qu’au temps où il était dans l’opposition, le président Hoss n’a pas rompu le dialogue avec le président Hariri, ses critiques aux Cabinets haririens s’étant caractérisées toujours par la logique et la pondération.
M. Hoss ne cesse de soutenir: “L’opposition est nécessaire, mais son action doit se baser sur le dialogue et la critique constructive.”
Dans le même ordre d’idées, on pense que la cabale de l’opposition contre le Pouvoir, est motivée, principalement, par le projet de la nouvelle loi électorale, les opposants, M. Walid Joumblatt en tête, voulant obtenir une loi préservant leurs intérêts électoraux, surtout à Beyrouth et dans la montagne.
La coterie du chef du gouvernement a mis un terme à toutes les rumeurs et critiques, en  affirmant que le projet de loi électorale sera élaboré avant la fin de l’année courante, peut-être même en automne ou, au plus tard, en février prochain.
Cependant, le président Hoss est resté dans le vague. Il n’a pas fixé de délai et s’est limité à dire: “Le projet sera mis au point dans le plus bref délai”. Prié d’être plus explicite, M. Hoss a répondu: “Je ne peux, pour le moment, fixer une date”.
A propos de la proposition du président Berri, suggérant l’adoption de la “proportionnelle” aux élections législatives, au cas où le mohafazat est retenu en tant que circonscription électorale, M. Hoss a dit: “En principe, l’idée est bonne. Cependant, sur le plan pratique, la “proportionnelle” est complexe, en raison du confessionnalisme, du sectarisme et du régionalisme...”
En ce qui a trait à la suggestion formulée par le président Hussein Husseini, d’écourter de trois mois le mandat de la présente législature, le président du Conseil laisse à la Chambre toute latitude d’en décider, afin que la fin de son mandat ne coïncide pas avec les élections présidentielles.
A la question: Comment combattre l’implantation des réfugiés palestiniens et quelle stratégie le gouvernement a-t-il élaboré en vue d’empêcher sa concrétisation, le président Hoss se prononce en faveur d’une action intensive auprès des instances internationales, en particulier aux Nations Unies où il dirigera la délégation officielle au cours de la prochaine session de l’assemblée générale et à travers la tribune de l’ONU. “De son côté, poursuit-il, le président de la République profitera de sa présence au sommet francophone de Moncton pour soulever cette affaire avec les chefs des Etats amis. Et ce, en parfaite coordination avec les frères syriens.”
Comment explique-t-il les critiques qui sont décochées, de temps en temps, à l’accord de Taëf?
“Il s’agit, tout simplement, d’observations visant à améliorer l’application de l’accord, n’allant pas au point d’en réclamer sa révision et encore moins son abrogation. A mon avis, douter de l’accord de Taëf constitue un danger pour le Liban. Etant entendu que ce document n’est pas un livre sacré. Si on juge qu’il a besoin d’être amendé, on peut procéder à son évolution selon une procédure démocratique et le mécanisme défini par la Constitution.”
Pour en revenir à la nouvelle loi électorale, il importe de faire mention d’une réflexion, émise par le président Berri qui a dit: “Il faut élaborer une loi de telle manière à couper la voie à la création de cantons confessionnels.”
Le chef du Législatif regrette que le projet de la nouvelle loi électorale n’ait pas encore été élaboré, estimant que les dissensions politiques sont la cause de ce retard.
Enfin, il s’est prononcé en faveur de la grande circonscription sur base de la “proportionnelle” qu’il juge la plus valable dans les circonstances présentes.

NADIM EL-HACHEM

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