Comme d’habitude, Israël a eu recours à l’escalade militaire
sur le terrain, sans doute pour détourner le chef de la diplomatie
américaine de son principal objectif, à savoir: la relance
du processus de paix.
La semaine a continué à être dominée par
les remous qu’a suscités la recommandation du Conseil national de
l’audiovisuel (CNA), par laquelle il a proposé la suspension de
la LBCI pendant trois jours, pour des raisons que le Conseil des ministres
n’a pas jugées convaincantes. Aussi, a-t-il désavoué
le CNA, se limitant à mettre les moyens d’information en garde contre
toute violation des constantes libanaises. Et ce, en ne laissant pas croire
que le Liban officiel pourrait changer d’attitude à l’égard
de la résolution 425, exigeant le retrait immédiat et inconditionnel
des forces israéliennes des portions de notre territoire qu’elles
occupent au Liban-Sud et dans la Békaa ouest.
Une fois de plus, le Pouvoir a réaffirmé son respect
des libertés publiques et, particulièrement, de la liberté
d’expression, le gouvernement prenant en considération la position
adoptée, à ce propos, par les Ordres de la Presse et des
journalistes et leur soutien au Pouvoir. Il y a lieu d’observer que les
responsables ont réagi rapidement face aux menaces de grève,
pour empêcher que ces dernières fassent boule de neige, au
moment où le pays a le plus besoin de stabilité. En fait,
les ministres qualifiés ont réussi à prévenir
les mouvements contestataires que le personnel des Offices autonomes (eau
et électricité, notamment) voulaient déclencher en
signe d’appui à ses doléances.
Entre-temps, la nouvelle audience - la troisième en moins de
deux mois - que le chef de l’Etat a accordée à M. Rafic Hariri,
a retenu l’attention des milieux politico-parlementaires, bien que la visite
de l’ancien chef du gouvernement au palais de Baabda ait été
qualifiée “d’ordinaire”.
Le bureau médiatique de M. Hariri l’a qualifiée de “bonne,
s’inscrivant dans le cadre de rencontres périodiques”.
Le président Lahoud avait conféré, au préalable,
avec le président Nabih Berri sur la conjoncture locale, en mettant
l’accent sur la nécessité de créer un climat propice
en vue “d’un dialogue naturel entre les loyalistes et les opposants”.
La nouvelle visite de M. Hariri à Baabda a eu pour conséquence
de favoriser la persistance d’une accalmie au plan politique et dans certains
secteurs syndicalistes, surtout après que le gouvernement eut réussi
à prévenir la grève du personnel des Offices autonomes.
Les observateurs relèvent le souci manifesté par le chef
du Législatif à faire durer la trêve politique, tout
au moins jusqu’à la rentrée parlementaire d’octobre. A cet
effet, on lui a prêté l’intention de réunir les présidents
Hoss et Hariri, dans une tentative de dissiper la tension qui caractérise
leurs rapports. Sans que le dialogue entre les deux hommes signifie le
retour de l’ex-Premier ministre au Grand Sérail.
En ce qui concerne le problème gouvernemental, le président
Berri n’est pas convaincu de l’imminence d’un changement ou d’un remaniement
ministériel avant les prochaines législatives de l’an 2000,
ni du maintien jusqu’à cette date du “Cabinet des 16”. Tout dépendra
du climat qui sera instauré dans la période allant de l’élaboration
du projet de budget de l’année prochaine et de la rentrée
parlementaire d’octobre.
A ce moment et passé le “délai de grâce”,
le gouvernement n’aura plus d’excuses pour justifier tout retard dans l’application
des mesures destinées à relever l’économie nationale
et les secteurs productifs. Et, aussi, dans la mise au point du projet
de la nouvelle loi électorale et de la réalisation de la
décentralisation administrative dont le projet a été
transmis, pour étude, aux commissions parlementaires qualifiées.
Le Cabinet est donc appelé à prouver son efficacité
d’ici au mois d’octobre. Dans la négative, l’idée du changement
ministériel pourrait se poser. On s’attendait que M. Berri soulevât
ce point précis dans le discours qu’il a prononcé au cours
du meeting ayant marqué le vingt-et-unième anniversaire de
la disparition de l’imam Moussa Sadr. Mais il y a renoncé, pour
la simple raison que le chef du gouvernement y représentait le président
Lahoud et devait y prendre la parole.
La position du président de la Chambre part du fait que le dialogue
entre l’opposition et le Pouvoir doit être engagé entre cette
dernière et le gouvernement et non avec le président de la
République qui reste au-dessus de la mêlée et l’arbitre
suprême.
M. Berri juge ce dialogue possible entre MM. Hoss et Hariri, ceux-ci
s’étant rencontrés au bureau du chef du Législatif
au parlement lors du débat budgétaire.
Le Premier ministre a déclaré, à ce propos, qu’aucun
conflit d’ordre personnel ne l’opposait à son prédécesseur.
“Ma porte reste ouverte à quiconque désire me rendre visite”,
a déclaré M. Hoss. D’ailleurs, M. Berri rappelle qu’au temps
où il était dans l’opposition, le président Hoss n’a
pas rompu le dialogue avec le président Hariri, ses critiques aux
Cabinets haririens s’étant caractérisées toujours
par la logique et la pondération.
M. Hoss ne cesse de soutenir: “L’opposition est nécessaire,
mais son action doit se baser sur le dialogue et la critique constructive.”
Dans le même ordre d’idées, on pense que la cabale de
l’opposition contre le Pouvoir, est motivée, principalement, par
le projet de la nouvelle loi électorale, les opposants, M. Walid
Joumblatt en tête, voulant obtenir une loi préservant leurs
intérêts électoraux, surtout à Beyrouth et dans
la montagne.
La coterie du chef du gouvernement a mis un terme à toutes les
rumeurs et critiques, en affirmant que le projet de loi électorale
sera élaboré avant la fin de l’année courante, peut-être
même en automne ou, au plus tard, en février prochain.
Cependant, le président Hoss est resté dans le vague.
Il n’a pas fixé de délai et s’est limité à
dire: “Le projet sera mis au point dans le plus bref délai”. Prié
d’être plus explicite, M. Hoss a répondu: “Je ne peux, pour
le moment, fixer une date”.
A propos de la proposition du président Berri, suggérant
l’adoption de la “proportionnelle” aux élections législatives,
au cas où le mohafazat est retenu en tant que circonscription électorale,
M. Hoss a dit: “En principe, l’idée est bonne. Cependant, sur le
plan pratique, la “proportionnelle” est complexe, en raison du confessionnalisme,
du sectarisme et du régionalisme...”
En ce qui a trait à la suggestion formulée par le président
Hussein Husseini, d’écourter de trois mois le mandat de la présente
législature, le président du Conseil laisse à la Chambre
toute latitude d’en décider, afin que la fin de son mandat ne coïncide
pas avec les élections présidentielles.
A la question: Comment combattre l’implantation des réfugiés
palestiniens et quelle stratégie le gouvernement a-t-il élaboré
en vue d’empêcher sa concrétisation, le président Hoss
se prononce en faveur d’une action intensive auprès des instances
internationales, en particulier aux Nations Unies où il dirigera
la délégation officielle au cours de la prochaine session
de l’assemblée générale et à travers la tribune
de l’ONU. “De son côté, poursuit-il, le président de
la République profitera de sa présence au sommet francophone
de Moncton pour soulever cette affaire avec les chefs des Etats amis. Et
ce, en parfaite coordination avec les frères syriens.”
Comment explique-t-il les critiques qui sont décochées,
de temps en temps, à l’accord de Taëf?
“Il s’agit, tout simplement, d’observations visant à améliorer
l’application de l’accord, n’allant pas au point d’en réclamer sa
révision et encore moins son abrogation. A mon avis, douter de l’accord
de Taëf constitue un danger pour le Liban. Etant entendu que ce document
n’est pas un livre sacré. Si on juge qu’il a besoin d’être
amendé, on peut procéder à son évolution selon
une procédure démocratique et le mécanisme défini
par la Constitution.”
Pour en revenir à la nouvelle loi électorale, il importe
de faire mention d’une réflexion, émise par le président
Berri qui a dit: “Il faut élaborer une loi de telle manière
à couper la voie à la création de cantons confessionnels.”
Le chef du Législatif regrette que le projet de la nouvelle
loi électorale n’ait pas encore été élaboré,
estimant que les dissensions politiques sont la cause de ce retard.
Enfin, il s’est prononcé en faveur de la grande circonscription
sur base de la “proportionnelle” qu’il juge la plus valable dans les circonstances
présentes.