Après
avoir désespéré de réaliser l’unité
arabe, le président Mouammar Kazzafi se tourne vers le continent
africain, dans l’idée de rendre possible la création des
“Etats-Unis d’Afrique”. A cet effet, il a réuni à Tripoli
46 chefs d’Etat et pris l’initiative de raccommoder les pays ou les fractions
en conflit, à commencer par le Soudan.
Le sommet de Syrte (Libye) auquel ont pris part quarante-six chefs d’Etat
africains devait clôturer hier ses travaux et diffuser son communiqué
final dont nous ignorons la teneur au moment où nous mettons sous
presse.
Depuis que l’affaire de Lockerbie a trouvé un heureux épilogue,
le président Mouammar Kazzafi une fois sorti de son isolement, cherche
à s’affirmer sur la scène internationale, à commencer
par l’africaine.
Ayant désespéré des “unionistes” arabes qui parlent
un langage différent du sien - plusieurs de ses tentatives d’unification
territoriale ayant échoué - Kazzafi se tourne vers ses pairs
et voisins continentaux, dans l’espoir d’obtenir leur adhésion à
une formule “unitariste”, leur proposant de choisir entre l’union à
la manière des Etats-Unis, de l’Union européenne ou de l’ex-Union
soviétique...
Bien qu’ayant répondu en grand nombre à son invitation
“pour voir ce qu’il a à leur proposer”, les dirigeants africains
ne paraissent pas enclins, à ouvrir leurs frontières et,
surtout, à modifier les statuts de l’Organisation de l’unité
africaine, en vue de favoriser la création d’un “Etat africain supranational”.
En attendant, le président libyen aspire à raccommoder
les leaders d’Afrique en conflit sur des problèmes de frontières
ou d’ordre interne... Il a commencé par réunir les parties
antagonistes soudanaises: le président Omar el-Bachir et le colonel
John Garang, chef de l’Armée populaire pour la libération
du Soudan, qu’aucun médiateur n’a réussi jusqu’ici à
faire asseoir autour d’une même table...
D’ailleurs, le ministre soudanais de la Justice a émis cette
réflexion témoignant du désir de conciliation de Khartoum
avec la dissidence sudiste: “Nous sommes désireux de nous rencontrer
face à face. Si nous le pouvions, nous n’aurions pas eu besoin d’un
médiateur... Nous sommes disposés à œuvrer en faveur
de l’entente et de la paix; toute initiative susceptible de nous pousser
en avant, est la bienvenue”...
Si Kazzafi parvenait à réconcilier Al-Bachir et Garang,
peut-être se tournerait-il, ensuite, vers Alger, Rabat et Tunis,
trois Etats membres de l’Union du Maghreb arabe dont les relations ne sont
pas, ces temps-ci, au beau fixe.
De fait, après avoir manifesté de bonnes dispositions
à
l’égard du Maroc, à la suite du décès du roi
Hassan II en juillet dernier, le président Bouteflika s’en prend,
à présent, aux respon-sables marocains, les accusant “d’accorder
le refuge à des ex-trémistes islamistes qui pour-suivent
leurs opérations subver-sives en territoire algérien à
partir du royaume chérifien”...
Puis, au cours d’une visite à Annaba, localité proche
de la frontière algéro-tunisienne, le président Bouteflika
vient de dénoncer, avec vigueur, “les mauvais traitements que le
régime de Tunis inflige aux ressortissants algériens”, avant
d’ajouter: “L’unité maghrébine, est pour nous, une option
stratégique, mais la dignité de notre peuple est placée
au-dessus de toute considération”...
Ainsi, le président Kazzafi a du pain sur la planche, le continent
africain lui offrant une large possibilité pour déverser
son excès d’énergie et prouver ses qualités de médiateur
et... d’unificateur! |