PRINCIPAL ACQUIS DE LA PRESENCE DU PRESIDENT LAHOUD A MONCTON
LE RETOUR EN FORCE DU LIBAN SUR LA SCENE INTERNATIONALE

La semaine écoulée a connu des contacts à plus d’un niveau local, régional et international: au Canada où le sommet de la francophonie tenait ses assises; à Beyrouth et au Proche-Orient où Mme Madeleine Albright, secrétaire d’Etat US, a effectué une tournée, tous ces contacts ayant versé dans un même but: tenter de régler le conflit qui a tant duré!

Les acquis obtenus par le président Emile Lahoud en terre canadienne, lui ont valu les félicitations du président Hafez Assad, à la faveur d’un entretien téléphonique que les deux hommes d’Etat ont eu mardi.
En effet, le chef de l’Etat est revenu de Moncton avec trois acquis positifs: Primo, la reconnaissance pour le sommet du droit du Liban de libérer les portions occupées de son territoire par l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité. Secundo, la confirmation de la tenue du IXème sommet de la francophonie à Beyrouth en l’an 2001. Tertio, le retour en force du Liban sur la scène internationale, ainsi que l’a prouvé l’accueil particulièrement chaleureux que les chefs des délégations ont réservé au président de la République.
De plus, le président Chirac a fait part à son homologue libanais de l’appui de la France au Liban lors des négociations de paix.

RENCONTRE LAHOUD-CHIRAC
Le président Lahoud a eu avec le président Chirac un entretien de près de cent cinquante minutes, à l’hôtel “Beau Séjour” à Moncton, en présence de MM. Michel Murr, vice-président du Conseil, ministre de l’Intérieur et Nagi Abi-Assi, membre de la suite présidentielle. Les deux hommes d’Etat avaient eu, au préalable un tête-à-tête de près d’une demi-heure.
Après la confirmation de la tenue du prochain sommet francophone à Beyrouth en l’an 2001, le président Lahoud a remercié les chefs d’Etat présents, exprimant sa gratitude spécialement au chef de l’Etat français.
Pendant ce temps, la visite-éclair de Mme Albright à Beyrouth, n’a débouché, pratiquement, sur aucun résultat concret. Au contraire, elle a laissé appréhender d’éventuels développements dramatiques au Liban-Sud. “Les opérations du “Hezbollah”, devait déclarer le secrétaire d’Etat US, n’aident pas à l’instauration de la paix”.
Cette réflexion n’a pas eu l’heur de plaire et pour cause, aux milieux de la Résistance, d’autant que Mme Albright n’a apporté rien de nouveau permettant de fixer une date, ne serait-ce qu’approximative, quant à la relance du processus de paix au P.-O.
Autre point soulevé par le chef de la diplomatie américaine: la poursuite et le jugement des éléments ayant procédé à la prise d’otages et à des attaques contre les intérêts US dans la région.
Cependant, le président Hoss a répliqué à Mme Albright, en attirant son attention sur le fait que ces faits qu’elle évoque remontent au temps où la situation au plan sécuritaire laissait à désirer dans nos murs...

QUID De L’IMPLANTATION?
Il y a lieu de signaler que le chef du département d’Etat US est restée dans le vague, quand elle a été interrogée à propos du problème des réfugiés et du danger de l’implantation, en disant que cette question sera débattue au cours des négociations pour l’étape finale.
Le président Hoss n’a pas manqué de rappeler la position du Liban et des Palestiniens, hostile à l’implantation des réfugiés dans les pays d’accueil, son rejet étant consigné dans le préambule de la Constitution libanaise.
Par ailleurs et pour en revenir à la présence du président Lahoud au sommet de Moncton, les observateurs soulignent l’importance de la rencontre du chef de l’Etat avec les Libanais du Canada. Au nombre de plusieurs dizaines (200 environ), ceux-ci étaient venus des différentes provinces et représentaient toutes les communautés et tendances.
Cela dit, il serait question d’un sommet libano-syrien, à l’effet de procéder à une évaluation des résultats de la tournée proche-orientale de Mme Albright. Cette possibilité s’est accentuée à la suite d’un entretien téléphonique entre les présidents Lahoud et Assad qui ont échangé les vues sur la conjoncture régionale dans son ensemble.
Par la suite, l’ambassadeur des Etats-Unis, M. David Satterfield, a été reçu par le chef de l’Etat; puis, par le chef du gouvernement pour leur faire part des suites à donner à la visite du secrétaire d’Etat US.
Quoi qu’il en soit, si la date du sommet libano-syrien reste à fixer, on présume que le président Hoss qui dirigera la délégation libanaise à la nouvelle session de l’assemblée générale des Nations Unies, confèrera longuement avec M. Farouk el-Chareh, chef de la diplomatie syrienne, à New York, après avoir eu avec lui une conversation au téléphone ces derniers jours et réaffirmé la concomitance des volets syrien et libanais dans les négociations avec Israël.
Au cours du périple proche-oriental de Mme Albright, la situation est restée chaude au Liban-Sud, le “Hezbollah” ayant tiré des katiouchas sur le nord d’Israël, ce qui a porté Ariel Sharon, dès son élection à la tête du Likoud, à réclamer “des raids de représailles contre les infrastructures du Liban”.
L’atmosphère a recommencé à se dégrader, également, dans les camps palestiniens, suite à l’accord que Yasser Arafat et Ehud Barak ont signé à Charm el-Cheikh. Des attentats à l’explosif se sont produits à Aïn el-Héloué.

LA NOUVELLE LOI ÉLECTORALE?
Mais tous ces développements n’ont pas occulté tout à fait certains problèmes intérieurs, celui de la nouvelle loi  électorale venant en tête de liste.
A ce propos, le projet gouvernemental tarde à être élaboré, en raison des profondes divergences résultant du découpage des circonscriptions. La tendance est, actuellement, en faveur du mohafazat en tant que circonscription électorale.
Cependant, le nœud que constitue le découpage de la montagne n’a pas encore été tranché.
En effet, M. Walid Joumblatt, contrairement aux autres chefs de partis et blocs parlementaires, insiste pour l’adoption du caza. L’ancien chef du gouvernement, Rafic Hariri, qui a visité Damas, dernièrement, où il a rencontré le Dr Bachar Assad, appuie la position du leader druze dont il est le principal allié.
Toujours est-il, que le chef de l’Etat continue à insister sur la nécessité de mettre au point une loi électorale équilibrée et égale pour tous les districts, les citoyens devant être traités sur le même pied d’égalité.
La loi électorale, telle que la conçoit le président Lahoud, rappelons-le, doit atteindre un double objectif: assurer une représentation la plus parfaite possible de la volonté populaire  et réaliser l’intégration nationale.
A ce sujet, il y a lieu de préciser que, dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de l’anniversaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr, le président Nabih Berri a réitéré son entière disposition à coopérer avec le régime et à appuyer ses vues en ce qui concerne le processus électoral, en sa qualité de chef de “Amal”, avant sa position en tant que chef du Législatif, optant pour la transparence qui caractérise le sexennat du président Lahoud.
Le président Berri a, d’ailleurs, ouvert une nouvelle page de coopération avec le président Salim Hoss, à la faveur de leur rencontre la semaine dernière à Aïn el-Tiné. Et ce, au moment où la Chambre des députés est appelée à discuter des projets gouvernementaux ayant une grande importance nationale, tels ceux relatifs à la décentralisation administrative et à la naturalisation, en plus de la nouvelle loi électorale.
En recevant le conseil de l’Ordre des journalistes, M. Berri s’est engagé “à abolir le confessionnalisme politique en moins d’un quart de siècle, si une loi électorale valable était élaborée”.
Le président Berri s’est prononcé en faveur du mohafazat, “l’adoption du caza en tant que circonscription électorale pouvant attiser l’esprit confessionnel et provoquer une nouvelle guerre en moins de cinq ans”.
D’autre part, il a émis l’avis de poursuivre ceux qui font des déclarations incendiaires tombant sous le coup de la loi et non les journalistes “parce que ceux-ci accomplissent leur devoir professionnel qui consiste à informer l’opinion publique.”

NADIM EL-HACHEM

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