Pour
la première fois, Yasser Arafat s’est prononcé, publiquement,
contre l’implantation des réfugiés palestiniens dans les
pays d’accueil. Mais cela ne suffit pas, comme en s’en doute, pour
dissiper les craintes des Libanais qui rejettent le fait accompli. Il leur
faut entreprendre une campagne d’envergure, à l’effet de convaincre
la communauté internationale du danger qu’un tel projet fait peser
sur le Liban, en raison de l’exiguité de son territoire et de la
forte densité de sa population.
“Nous n’avons d’autre patrie que la Palestine; qui a dit que nous acceptons
l’implanta-tion?”.
Cette déclaration, la première de cette nature, M. Yasser
Arafat, chef de l’Autorité palestinienne, l’a faite devant les ministres
arabes des Affaires étrangères réunis au Caire, dans
le cadre de la session du conseil de la Ligue.
Jusqu’ici, Abou-Ammar avait passé sous silence ce problème
et n’avait pas insisté pour qu’on y fasse mention dans les textes
des accords qu’il a signés avec les Israéliens, à
Oslo et ailleurs...
Sans doute, la campagne menée par le Pouvoir libanais qui ne
cesse de proclamer son rejet du fait accompli, en ce qui concerne l’installation
des réfugiés palestiniens dans les pays d’accueil, a incité
M. Arafat à joindre sa voix à ceux qui, au Liban s’opposent
à l’implantation pour maintes raisons, dont deux logiques et défendables:
la densité de la population libanaise et l’exiguité du territoire
national.
Cependant, la déclaration d’Abou-Ammar ne suffit pas pour conjurer
le danger, d’autant que selon des rumeurs persistantes, une campagne serait
menée à l’échelle internationale, en vue “de faire
assimiler” des centaines de milliers de réfugiés palestiniens
dans nos murs...
Jusqu’ici, le Canada, président de la commission pour les réfugiés
(dans le cadre des négociations multilatérales auxquelles
le Liban et la Syrie ne participent pas et on se demande pourquoi?), était
soupçonné de mettre au point le “mécanisme de l’implantation”;
ce qu’Ottawa ne cesse de démentir!
A présent, on parle de la Suède, ce pays ayant, semble-t-il,
pris la tête du mouvement visant à collecter des fonds, aux
fins d’indemniser les réfugiés palestiniens ou les pays où
ils seraient implantés...
A vrai dire, ce problème concerne, non seulement notre pays,
mais le monde arabe dans son ensemble et la communauté internationale.
Aussi, prête-t-on à Beyrouth et Damas l’intention d’appeler
à la tenue d’un sommet arabe, lequel serait suivi d’une conférence
internationale, à l’effet de trouver une solution au problème
de la diaspora palestinienne éparse dans le monde.
En fait, la création d’un Etat palestinien constituerait la
solution la plus valable, un tel Etat ayant le droit d’accueillir ses ressortissants,
partout où ils se trouvent et, aussi, d’accorder sa nationalité
(et un passeport) à ceux d’entre eux qui vivent en dehors de son
territoire.
Il reste à savoir si Israël tolèrerait la création
de cet Etat et, dans l’affirmative, sous quelles conditions!
Aussi, peut-on craindre que le règlement du problème
des réfugiés soit lié à la concrétisation
de l’Etat palestinien, ce qui prendrait du temps.
En réalité, Ehud Barak a déjà explicité
le fond de sa pensée, en se déclarant opposé au retour
des réfugiés et, aussi, à toute modification dans
l’attitude de l’Etat hébreu envers la ville de Jérusalem,
celle-ci ayant été proclamée “capitale unifiée
et éternelle d’Israël”.
On peut en conclure, que les problèmes inextricables que constituent
la Ville Sainte et les réfugiés s’avèrent aussi complexes
que la quadruple du cercle.
A tel point, qu’on risque de voir l’Autorité palestinienne accepter
le “fait accompli” et renvoyer leur solution aux calendes grecques... |