L'ART NUMERIQUE ET AUDIOVISUEL
UNE PREMIERE AU MOYEN-ORIENT ORGANISEE PAR
L'ALBA ET LE CCF AVEC MIGUEL CHEVALIER

Dans le cadre de Beyrouth capitale culturelle pour l’année 1999 et sous le patronage: de MM. Mohamed Youssef Beydoun, ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur; Daniel Jouanneau, ambassadeur de France au Liban, le ministère libanais de la Culture, l’Association française d’action artistique “AFAA” (ministère français des Affaires étrangères), l’Académie Libanaise des Beaux-Arts, Université de Balamand et le Centre culturel français de Beyrouth présentent du 27 septembre au 1er octobre, dans le cadre de la Fabrika (Imprimerie catholique), une manifestation d’arts plastiques numérique et audiovisuel, interactive: “Réseaux Croisés”.

Depuis plusieurs années, des artistes plasticiens utilisent des ordinateurs comme moyen de création. Ainsi, Miguel Chevalier, le défricheur de “l’Art numérique” crée lui-même, depuis plus de vingt ans ses propres logiciels. Il a même développé de nouvelles techniques de projection, utilisant à la fois: ordinateurs, écrans géants et vidéo-projecteurs pour créer des images tridimensionnelles, en mouvement et interactives.
Cette technologie moderne, qu’il maîtrise parfaitement, lui a ouvert un champ d’exploitation énorme. Grâce aux nouvelles puces électroniques, qui sont en train de reléguer dans les placards les anciennes unités centrales de traitement, il peut représenter et explorer des effets visuels très complexes.
Le projet “d’exposition/installation”, que Miguel Chevalier présente à Beyrouth, comporte quatre créations liées à une réflexion globale sur le problème des villes, aujourd’hui, leur croissance et la prolifération des banlieues.
La plus grande des créations intitulée “Mémoires et Mutations” est réalisée en grande partie sur place avec la collaboration d’un groupe d’étudiants de l’Ecole de cinéma et de réalisation audiovisuelle et de l’Ecole des Arts plastiques à l’ALBA. Un tournage est réalisé sur place, dans divers quartiers de la ville et l’ensemble sera remixé. Il s’agit de créer une vidéo constituée d’images réelles de l’ancien Beyrouth, mélangées à des images du grand chantier de la “reconstruction”.
D’après Miguel Chevalier, aujourd’hui on ne peut plus seulement penser en termes d’images fixes; il faut introduire dans l’expression d’une ville comme Beyrouth, placée sous le signe du mouvement, les notions fondamentales de mobilité, de circulation, de déplacement.

BEYROUTH, PLAQUE TOURNANTE ET CARREFOUR DE CIVILISATIONs
En effet, l’histoire de Beyrouth montre comment cette ville, à la frontière de l’Occident et du Moyen-Orient, est une sorte de plaque tournante, de carrefour de civilisations. Hier, la guerre et, aujourd’hui, sa reconstruction modifient complètement sa structure urbaine et ses quartiers.
Miguel Chevalier affirme que les modes d’expression traditionnels - peinture, photographie - ne suffisent plus, aujourd’hui, à exprimer cette mutation si particulière.
Ainsi, pour créer une œuvre forte, capable de raviver la mémoire de ce qui a été et de ce qui reste de Beyrouth, il a imaginé dans la nef de la Fabrika (Imprimerie catholique), un espace de “peine-ombre” où les visiteurs pourront voir un immense écran en diagonal, tendu entre sol et mur, sur lequel seront projetés des fragments de mémoires mélangés avec le paysage actuel, sa topographie.
L’ensemble de ces images seront de nature à générer un maillage cybernétique où l’espace est perçu entre réalité et simulation. Il devient, ainsi, un espace transformable sans cesse recréé par l’imaginaire, métaphore de cette ville en mutation et des grands changements qui la modifient en profondeur.
Les spectateurs pourront aller sous l’écran translucide ou monter sur la mezzanine, pour avoir une vision géographique et aérienne à l’image des cartes satellites.
Fait à noter: les trois autres œuvres sont des créations qui vont être adaptées par rapport au lieu. Elles viendront en complémentarité de la nouvelle installation: “Mémoires et Mutations”.

PAR NICOLE MALHAME HARFOUCHE

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