SON NOM EST CITE DANS LE RAPPORT SUR LES INFRACTIONS A LA DOUANE
LE DEPUTE ABDO BEJJANI: "CETTE ACTION VISE A EXERCER DES PRESSIONS SUR NOTRE GROUPE"

Son nom est cité dans le rapport de la Cour des comptes sur les infractions commises à la direction des douanes dont il était directeur général avant d’accéder au parlement.
M. Abdo Bejjani soutient que ce rapport abonde en erreurs. Aussi, se propose-t-il d’y répondre, tout en fondant beaucoup d’espoir sur les organismes de contrôle dans la réforme administrative.
Membre du Front de lutte nationale, bloc parlementaire de M. Walid Joumblatt, le député d’Aley reconnaît avoir dérogé à la décision de ce groupe et voté en faveur du général Emile Lahoud lors de l’élection présidentielle, se disant prêt à le refaire, partant de sa conviction que le président de la République est un homme probe, déterminé à édifier l’Etat de la loi et des institutions.
 

A la question: Pourquoi votre nom a-t-il été cité dans le rapport de la Cour des comptes?
 M. Bejjani répond: Les Pouvoirs publics voulant évincer M. Khalil Abou-Mansour, membre du Conseil supérieur des douanes, ont voulu trouver un prétexte pour le faire. Peut-être que l’homme a des accointances politiques qui ne seraient pas du goût de l’Autorité, mais il n’a commis aucune erreur, ni infraction.
Mon nom a été également cité dans le même rapport, sans doute pour exercer des pressions sur notre groupe afin qu’il ne soulève pas cette affaire. Je ne vois pas d’autres motifs.

Parce que vous faites partie de l’opposition?
On me considère de l’opposition parce que je fais partie du Front de lutte nationale et me conforme à ses décisions. Pourtant, j’avais dérogé, il y a près d’un an, à l’une de ces dernières en votant en faveur du général Emile Lahoud, lors de l’élection présidentielle.
Je l’avais fait par conviction, persuadé que le chef de l’Etat est un homme probe, déterminé à combattre la corruption et à édifier l’Etat des institutions.

Le président Lahoud peut-il tolérer la rédaction de rapports pêchant par le manque de transparence?
Le président devrait savoir ce qui se passe dans tout le pays et non être informé de ce qui touche sa coterie.

L’avez-vous rencontré pour lui expliquer la situation?
Non et je ne suis pas supposé donner des directives au président de la République. Je le dis à travers votre périodique et il pourra lire ma déclaration.

D’aucuns se plaignent de ce que les libertés publiques seraient bâillonnées. Qu’en pensez-vous?
Le gouvernement ne s’en prend pas à ces libertés, à ma connaissance. Cependant, des parties œuvrent à son insu pour le discréditer. Sinon comment expliquez-vous le fait pour le rapport de la Cour des comptes d’avoir été communiqué à deux journaux seulement, mon nom y figurant à la fin dudit rapport? Il est cité dans une affaire stupide et le journal prétend que je fais l’objet de poursuites auprès de la Cour. Un imprimé qui se respecte ne se permet pas de publier de telles inepties.

Comment qualifiez-vous votre relation avec le président Lahoud?
Elle est excellente et basée sur le respect mutuel.

Et avec le président Salim Hoss?
Je n’ai aucune relation au plan politique ou personnel avec le chef du gouvernement que je considère comme un homme digne de confiance.

Pourtant, vous vous êtes abstenu lors du vote de confiance à la Chambre?
J’ai adopté une telle attitude, aussi, au cours du vote du projet de budget 99, en expliquant les raisons de ma position dans les deux cas, sans aborder les questions d’ordre politique.
Dans mon intervention au cours du débat, j’ai montré chiffres à l’appui, que les prévisions officielles étaient erronées, notamment en ce qui concerne les recettes provenant des surtaxes imposées sur l’essence, le tabac et du relèvement des tarifs douaniers. Je me suis montré réaliste dans mon exposé.

De quoi s’agit-il, au juste, dans l’affaire du “Celion”, navire auquel a été infligée une forte amende?
Il s’agit d’une infraction d’ordre administratif. Les décisions du Conseil supérieur des douanes doivent être prises à l’unanimité pour devenir exécutoires. Or, certains membres dudit conseil ont pris une décision en l’absence du président et sans l’en informer; là réside l’infraction.
Puis, Abou-Mansour et Souccar ont évalué l’amende infligée au navire à dix millions de livres, alors que le rapport l’a estimée à 13 millions. Par la suite, le conseil d’administration s’est réuni et a confirmé le montant de l’amende, la fixant à 13 millions de livres. Tout a donc été mis en règle.
Je prépare une étude détaillée pour réfuter les éléments du rapport et je crois que la Cour des comptes décidera, quand elle en aura pris connaissance, de classer l’affaire.

A votre avis, quels sont la couleur et l’objectif de la néo-opposition?
Des erreurs ont été commises, sans nul doute, sous les Cabinets de M. Hariri à qui des critiques ont été adressées sans, pourtant, chercher à discréditer le Pouvoir. Il importe que la critique soit objective, logique et constructive.

Quelle est la nature de vos rapports avec M. Walid Joumblatt?
Je suis l’ami de Walid bey avant qu’il devienne ministre et que j’accède au parlement, notre amitié remontant à plus de vingt ans. Je lui voue une entière confiance et beaucoup de respect, car c’est l’un des rares hommes politiques qui dit tout haut ce que les autres disent entre quatre murs.

Comment jugez-vous l’action actuelle de M. Rafic Hariri?
Le  président Hariri donne l’impression de courir derrière le Pouvoir, alors qu’il devrait laisser ce dernier courir derrière lui. L’ex-Premier ministre jouit de grandes qualités qui peuvent en faire un excellent duo avec le président Lahoud, capable de ramener le Liban sur la bonne voie.

Ne croyez-vous pas que l’affaire des personnes déplacées tarde à être réglée et que certains, M. Joumblatt en tête, entravent leur retour?
Ceci n’est pas exact. Qu’il soit au gouvernement ou en dehors du Sérail, M. Joumblatt souhaite vivement voir cette affaire réglée dans le plus bref délai possible, partant de sa conviction que, sans leur retour, les régions d’Aley et du Chouf ne peuvent retrouver leur train de vie normal et prospérer. Nos frères druzes ont tous la même impression.

Comment concevez-vous la nouvelle loi électorale et quelle est votre préférence par rapport au découpage des circonscriptions?
Je suis pour la petite circonscription, parce qu’elle assure une meilleure représentation de la volonté populaire, à condition qu’elle soit étendue à tous les districts.
En ce qui concerne la loi électorale, il est souhaitable qu’elle soit élaborée le plus tôt possible, étant donné son importance quant à l’avenir du pays, toutes les instances politiques, culturelles, religieuses et autres devant être consultées avant sa mise au point.

On parle beaucoup, ces temps-ci, de l’implantation des réfugiés palestiniens; la craignez-vous?
Nous devons êtres unis et solidaires face à cette affaire qui constituerait une véritable catastrophe si elle venait à se réaliser. Il faut regretter que l’Autorité palestinienne se soucie peu et même néglige le problème des réfugiés.

La paix au Proche-Orient serait-elle proche ou imminente?
La paix véritable n’est pas proche; je veux dire par là  la paix des peuples et non celle des gouvernants. Ce qui se passe en ce moment n’est qu’une manœuvre américano-israélienne visant à camoufler la vérité et à occulter les problèmes de la région.

Propos recueillis par
JOSEPH MELKANE

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