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LA LIBERTE DE L'IMAGE MENACEE?
par EDOUARD BASSIL |
Une nouvelle législation - le “projet
Guigou” - suscite des remous en France, surtout dans les milieux médiatiques
qui craignent pour la liberté de l’image.
Ce projet, adopté en première lecture, restreint le droit de photographier, sous prétexte “de protéger les victimes”, lesquelles seraient les Français eux-mêmes qui seraient privés d’images montrant les conditions de vie dans l’Hexagone et partout dans le monde. Il s’agit, en quelque sorte, d’une censure sur l’image qu’ont dénoncée mille professionnels réunis à Perpignan, lors du XIème festival du photojournalisme. Ceux-ci ont adressé aux responsables une lettre ouverte leur demandant de garantir le droit de montrer la vérité, partant du fait que “la dignité humaine ne doit pas occulter la mémoire collective.” Aussi, les festivaliers ont-ils accueilli avec satisfaction, le non-lieu rendu en faveur des photographes poursuivis dans “l’affaire Diana”, sous l’inculpation “d’homicide, de blessures involontaires et de non assistance à personnes en danger”. Cela dit, le “projet Guigou” qui interdit la publication d’images portant atteinte à la dignité des victimes, pose une question: A partir de quel seuil cette dignité est atteinte ou menacée? “Un événement qui n’a pas d’images, n’existe pas. Et c’est là où la loi devient dangereuse”, dit Raymond Dépardon, Grand prix national de la photo en 1991. Peut-on restreindre la liberté de l’image, aussi importante que la liberté d’expression? Et un pays qui défend les libertés publiques, après avoir découvert la photographie, peut-il se placer en marge des grandes démocraties? Dans ce cas, qu’en serait-il des Etats où les droits de l’homme sont bafoués? |