Le
raid israélien perpétré au début de la semaine
sur une position de l’Armée libanaise à Iklim At-Teffah,
ne semble pas avoir fait prendre conscience à nos hommes politiques
de la gravité de la situation dans la région frontalière.
“Je ne crois pas que le climat politique est, ces temps-ci, au niveau de
la conjoncture locale”, a dit le chef du Législatif, à l’isue
d’un entretien avec le président du Conseil (notre photo).
Le raid perpétré par l’avia-tion israélienne sur
une position de l’Armée libanaise à Iklim At-Teffah - où
un soldat a été tué et plusieurs autres blessés,
en plus d’un civil - au moment où on reparle de la reprise des négociations
sur tous les volets (palestinien, syrien et libanais), traduit une velléité
de pression de la part de Ehud Barak sur le Liban, en vue de l’amener à
souscrire aux arrangements de sécurité, au lieu de la résolution
425 du Conseil de Sécurité exigeant le retrait inconditionnel
de “Tsahal”.
Le fait pour les Israéliens de prendre pour cible une position
de l’Armée libanaise à Tallet El-Khezzane, constitue un message
aux responsables, juste la veille du jour où le président
Salim Hoss devait prononcer le mot du Liban à la tribune des Nations
Unies, dans lequel il a réitéré l’appui officiel à
la Résistance et proclamé le rejet de tout projet visant
à implanter les réfugiés palestiniens dans les pays
d’accueil, le nôtre en abritant près de quatre-cent mille,
soit le plus grand nombre parmi ceux établis dans les Etats membres
de la Ligue.
Dans le même temps, le Pre-mier ministre israélien effectuait
une tournée en Europe où il laissait prévoir un rapatriement
des troupes israéliennes (avant le 7 juillet de l’an 2000) des portions
du territoire libanais qu’elles occupent, illégalement, depuis tant
d’années.
Le chef de l’Etat n’a pas man-qué de réaffirmer la position
officielle qu’il a résumée comme suit: attachement à
la résolution 425, concomitance des volets libanais et syrien, soutien
à la Résistance jusqu’à la libération du dernier
pouce du territoire national; rejet de l’implantation. Le président
du Conseil devait développer les mêmes points au palais de
Verre à New York.
De plus, le président Lahoud a tenu ce langage: “Les Israéliens
se trompent s’ils croient pouvoir contraindre les Libanais à se
soumettre où à capituler par leurs agressions... Notre décision
est claire et définitive: la 425 ne peut faire l’objet d’aucune
concession. Nous ne renoncerons à aucune pincée de la terre
libanaise et les volets libanais et syrien resteront indissociables.”
Mais Barak ne s’en est pas tenu là; il a insinué que
“les négociations avec la Syrie ne reprendraient pas, si la Résistance
poursuivait ses opérations au Liban-Sud.” Il s’agit, comme on le
constate, d’une autre forme de pression sur Damas, pour l’amener à
neutraliser le “Hezbollah” et toutes les formations engagées dans
la lutte contre l’occupant.
Tout cela laisse craindre une période perturbée dans
la région frontalière au cours des mois qui nous séparent
de juillet de l’an 2000.
D’ici là, on peut s’attendre à toutes les éventualités:
dénon-ciation par Israël de l’arrange-ment d’avril 96 et reprise
pour cible de nos infrastructures, afin de contraindre le Liban à
recourir au Conseil de Sécurité, dans l’espoir, pour l’Etat
hébreu, de troquer la 425 contre un accord sur les arrangements
de sécurité...
D’ici là, Barak continuera à louvoyer et à manœuvrer,
afin d’instaurer la paix à ses propres conditions, prouvant qu’il
est aussi habile que son prédéces-seur, à user du
système de la douche écossaise... Serait-il niais au point
de croire que ses voisins arabes - libanais et syrien, surtout - se laisseraient
manipuler? |