NOUVEL AMBASSADEUR D'ARGENTINE A BEYROUTH
JOSE PEDRO PICO: "JE COMPTE SUR L'APPUI DES LIBANO-ARGENTINS,
POUR RENFORCER DAVANTAGE LES RELATIONS ENTRE NOS DEUX PAYS"


 

M. José Pico est arrivé à Beyrouth
où il présentera,incessamment, ses 
lettres de créance au président Lahoud.Notre photo le montre (à droite)
en compagnie du président Carlos Menem.
La cinquantaine, l’esprit vif et l’abord chaleureux, M. José Pedro Pico, nouvel ambassadeur d’Argentine au Liban, a choisi Beyrouth pour y représenter son pays. Pourquoi?
Plus d’une raison motive son choix, dont son enfance dorée ayant vécu à l’étranger, en tant que fils de diplomate. En effet, son père a servi auprès d’organismes internationaux, à Genève, avant d’être en poste au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Et puis, plus tard, en tant qu’ambassadeur à Ankara, José Pedro Pico venait fréquemment au Liban dont il a pu apprécier et le climat et l’hospitalité de son peuple.
Homme de vaste culture, M. José Pico est un collectionneur féru d’art, toujours à la recherche d’objets et de meubles de valeur. De plus, il a eu un brillant parcours diplomatique: il a été chargé de mission auprès de l’Unesco, à Paris, à Washington et au Nicaragua.
Il a été le plus jeune diplomate argentin. Nommé à Ankara, il a contribué, activement, à la consolidation des relations argentino-turques, à tel point que ses compatriotes étaient exemptés du visa d’entrée au pays d’Ataturk, alors que les exportations vers ce pays sont montées en flèche.
Au ministère des Affaires étrangères, il a assumé les fonctions de directeur pour les affaires d’Amérique du Nord; puis, d’Europe occidentale. Avant d’être affecté au Liban, il était sous-secrétaire pour la coordination politique.
Il est francophone et a fait des études de sciences politiques.
L’entretien a eu lieu à Buenos Aires, avant le départ de M. Pico à Beyrouth.

J’AI TOUJOURS ADMIRÉ LE LIBAN
Vous avez suivi les traces de votre père, qui a été lui-même ambassadeur. Cela signifie-t-il que cette profession se transmet dans les gènes ou s’agit-il plutôt d’une tradition familiale?
Je crois que c’est un mélange des deux. Ce qui est certain, c’est que j’ai toujours eu une sorte de préférence pour le monde méditerranéen. Mon père a été ambassadeur en Algérie, au Maroc, en Tunisie et, moi-même, en Turquie, après avoir été en poste au Maroc. Etre nommé au Liban constitue une vieille aspiration qui vient de se concrétiser.

Vous avez choisi le Liban; peut-on savoir pourquoi? Quel fut votre premier contact avec ce pays et quelle impression vous a-t-il laissé?
Pendant que j’étais ambassadeur en Turquie, j’ai eu l’occasion de visiter le Liban assez souvent et d’assister à cette étonnante renaissance d’un pays que j’avais toujours admiré, car je le voyais comme l’un de ses étonnants miracles, si difficile à réaliser: l’unité dans la diversité.
J’ai eu la chance de pouvoir choisir ce poste, ce qui n’est pas habituel dans la carrière diplomatique.

MISSION MULTIPLE
Sous quels auspices aimerez-vous placer votre mission libanaise?
La tâche de tout ambassadeur est de resserrer les liens entre son pays et celui où il le représente. Ici, ma tâche sera multiple: servir de pont entre la communauté libanaise en Argentine et son pays d’origine; développer les relations commerciales. Aujourd’hui, ma mission paraît essentielle, étant donné le renouveau du Liban et la possibilité d’une paix régionale qui va faciliter les échanges. En ce sens, nous avons préparé la visite d’une mission commerciale argentine, qui se rendra fin octobre à Beyrouth. Et, bien sûr, faire fructifier les liens culturels.
A ce propos, nous prévoyons l’organisation avec l’étroite collaboration de la Chambre de commerce argentino-libanaise d’une semaine “Argentine-Liban”, pour le dernier trimestre de l’an 2000. Mon prédécesseur, l’ambassadeur Urrutia, a facilité pour moi les choses, grâce à un travail bien accompli.

Vous avez rencontré bon nombre de Libano-Argentins au fil de vos entretiens, à l’ambassade du Liban, au siège de l’archevêché maronite, au Club libanais, à la Chambre de commerce libano-argentine. On dit qu’ils sont plus d’un million. Vous êtes, aussi, leur représentant à double titre. Quelle a été votre impression?
Je vous avoue très franchement que j’ai été très heureusement surpris par la richesse et la vitalité des différentes entités et associations d’origine libanaise, en Argentine. Elles m’ont reçu avec une générosité hors du commun.
J’ai pu me rendre compte du profond attachement que cette communauté cultive vis-à-vis du pays de ses ancêtres. Ce n’est pas toujours le cas. Et ce phénomène rendra ma mission plus facile, car je sais que je peux compter sur leur appui pour mener à bien, ce travail quotidien de rapprochement de deux pays amis.

APPORT DES LIBANAIS ET DES SYRIENS
L’influence proche-orientale “arabe” en Argentine connaîtra-t-elle un déclin au terme du mandat du président Menem, fils d’émigrés syriens?
Je ne pense pas que le poids de la communauté soit lié, essentiellement, à cette période. Il y a eu évidemment un renouveau sous le mandat Menem. Mais l’existence de nombreux parlementaires, de gouverneurs de provinces, d’importants hommes d’affaires et de politiciens d’origine syrienne et libanaise est une constante de la vie argentine. Cette influence et ce rôle vont se maintenir à un niveau très élevé.
Les communautés libanaise et syrienne ont été un facteur de progrès et une source d’enrichissement permanent de la vie culturelle, politique et économique de l’Argentine. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de pays, où le fils issu d’une première génération d’émigrés puisse être élu, démocratiquement et à deux reprises à la tête de la magistrature suprême. Ce n’est pas seulement l’apport de cette communauté que je relève mais, aussi, la perméabilité et les possibilités offertes par la société argentine à ceux qui veulent participer à sa construction.
La situation au Proche-Orient traverse une phase positive. Nous suivons avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation et l’Argentine a toujours pris position en faveur d’une paix juste et globale, tout en soutenant l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité.
D’ailleurs, le président Menem a montré un intérêt certain pour le Liban. Permettez-moi de rappeler l’envoi du contingent des casques blancs (unité de paix argentine) au Liban-Sud au cours de l’été 1996.

PAR SABINE FARRA

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