Le président Emile Lahoud a relevé cela devant ses visiteurs
et fait état de ses visions futuristes en disant: “Il nous reste
beaucoup à accomplir et soyez sûrs que nous ferons tout ce
qui est en notre pouvoir en faveur de la patrie. Vous entendrez beaucoup
de paroles, surtout avant les législatives et chaque citoyen a le
droit de dire ce qu’il veut. De notre côté, nous avons la
capacité de supporter les critiques, en retenant celles qui nous
paraissent profitables et en disant: Que Dieu pardonne aux autres.”
La situation politique s’est apaisée, en dépit de la
réplique virulente du président Hoss aux attaques de la néo-opposition.
Serait-ce à cause d’une intervention des ”décideurs” ou la
conséquence de la médiation effectuée, ces derniers
jours, par le chef du Législatif entre Koraytem et Aïché
Bakkar?
LAHOUD TIENDRA SES PROMESSES
Quoi qu’il en soit, le ton imprimé ces temps-ci par le chef
de l’Etat à ses déclarations, porte à l’optimisme,
d’autant qu’il a annoncé de “beaux jours” aux Libanais, tout en
réaffirmant l’édification de l’Etat des institutions, tel
qu’il l’a promis dans son discours d’investiture.
D’autre part, le président Lahoud a réitéré
son engagement à préserver la liberté d’expression,
en promettant de ne poursuivre personne en justice durant son sexennat,
tout en insistant sur “la nécessité de sauvegarder l’autonomie
de la magistrature, à l’ombre du système démocratique”.
Le Conseil des ministres a pris connaissance, mercredi, au cours de
sa réunion hebdomadaire des développements de la conjoncture
locale, après que le président Hoss eut exposé les
résultats de sa visite à New York et de ses rencontres avec
plusieurs chefs de délégations ayant participé à
la 54ème Assemblée générale des Nations Unies.
Dans son discours prononcé à la tribune de l’ONU, le
chef du gouvernement a réclamé l’application de la résolution
425 du Conseil de Sécurité, tout en affirmant le droit du
Liban à des dédommagements pour les préjudices que
lui ont causés, au plan humain et matériel, les agressions
quasi-quotidiennes d’Israël et l’occupation de portions de son territoire
au Liban-Sud et dans la Békaa-ouest depuis 1978.
De plus, tout en proclamant l’attachement du Liban à la Résistance
nationale jusqu’à la libération de son territoire jusqu’aux
frontières internationalement reconnues, M. Hoss s’est prononcé,
une fois de plus, en faveur du processus de paix et confirmé la
concomitance des volets libanais et syrien aux négociations, tout
en doutant des intentions pacifiques d’Israël.
Le Premier ministre a rappelé le rejet par le Liban, gouvernement
et peuple, de l’implantation des réfugiés palestiniens dans
les pays d’accueil, notre pays accordant l’hospitalité au plus grand
nombre d’entre eux (plus de 350.000 personnes).
HARIRI MET DE L’EAU DANS SON VIN
Pour en revenir à la scène locale, il sied de s’arrêter
à la nouvelle cabale déclenchée par les opposants
contre le chef du gouvernement et le “Cabinet des 16”, en vue de provoquer
un changement gouvernemental. Cependant, après avoir orchestré
la campagne contre M. Hoss et suite à une démarche effectuée
par le président Nabih Berri auprès du président du
Conseil et de M. Rafic Hariri, celui-ci a accepté de mettre de l’eau
dans son vin et une sourdine à ses attaques, du moins dans l’étape
présente, étant donné la situation jugée préoccupante
au Liban-Sud.
En réalité, M. Hariri appréhende la réaction
du Grand Sérail qui se traduirait par l’ouverture de nouveaux dossiers
forcément compromettants pour l’ancien chef du gouvernement, car
chaque fois, des poursuites sont engagées contre de hauts fonctionnaires
proches de lui.
Il serait question, en effet, d’ouvrir les dossiers de “Solidere” -
société dont M. Hariri est le principal actionnaire - des
domaines maritimes et d’autres biens publics, de la Caisse des déplacés
et divers autres organismes dont la gestion semble être faite contrairement
aux lois et règlements en vigueur.
NI CHANGEMENT, NI REMANIEMENT MINISTÉRIEL
En fait, M. Hariri et son braintrust auraient changé de ton,
après avoir été rappelés à l’ordre par
les “décideurs”, par personnes interposées. Ceux-ci leur
ont fait savoir qu’il n’est nullement question, ni de changer le “Cabinet
des 16”, ni de le remanier avant les législatives de l’an 2000.
La prochaine consultation populaire, disent-ils, fera mieux connaître
les forces en présence sur la scène politique. Il sera, alors,
possible de déterminer quelles sont les parties les plus représentatives,
jouissant de la confiance et de l’appui du peuple et, partant, habilitées
à assumer les charges du Pouvoir.
En ce qui concerne la polémique ayant opposé le président
Hoss à la néo-opposition, le chef du gouvernement a justifié
sa riposte virulente, en disant qu’il n’avait fait que répondre
à ses détracteurs, lesquels ont cru pouvoir ébranler
les assises du Cabinet, en montant en épingle de prétendues
dissensions entre certains de ses membres, plus précisément,
le président Hoss et le ministre de l’Intérieur, Michel Murr.
En réalité, il n’y a pas de dissensions interministérielles,
à proprement parler, mais des divergences dans les points de vue
que le Conseil des ministres est parvenu toujours à dissiper.
“FOYER DE TENSION” SIDONIEN...
Il y a lieu de signaler que le “foyer de tension” persiste à
Saïda où les deux parties antagonistes - les Saad et les Hariri
- mènent une bataille acharnée qui deviendra de plus en plus
féroce au fur et à mesure que l’on approchera des élections
générales.
En effet, Mme Bahia Hariri, sœur de l’ancien Premier ministre, a dirigé
ses critiques contre M. Moustapha Saad, député de la circonscription
- et son allié, M. Zaher Khatib, député d’Iklim el-Kharroub
- les accusant de chercher à discréditer son frère
et de susciter le doute quant à son action au plan de la reconstruction.
A ce propos, elle leur fait grief d’avoir légué à
M. Rafic Hariri, des régions du pays dévastées, des
institutions délabrées et dans un piteux état. Et
d’enchaîner: “Nous disons à tous ceux qui tentent de porter
atteinte à Rafic Hariri, que les gens ne se gouvernent ni par la
force, ni par les armes, encore moins par les tables d’écoute et
l’argent (!), mais par la liberté, l’amour et l’interaction positive
et constructive... La politique des patries et leur gestion requièrent
surtout de la sagesse et des pseudo-hommes ne peuvent assumer les charges
du pouvoir et ses responsabilités” (sic).
De leur côté, MM. Arakji et Diab, députés
membres du bloc haririen, s’en prennent à M. Issam Naaman, ministre
des Postes et Télécommunications, le taxant d’ingratitude
pour ses attaques contre M. Hariri “alors que ses deux filles ont pu faire
leur spécialisation grâce à des bourses d’études
accordées par la Fondation Hariri.” De plus, ils lui conseillent
de ne pas présenter sa candidature aux législatives de l’an
2000...
Alors que M. Naaman a été plutôt poli dans sa réponse,
un porte-parole de l’Organisation populaire nassérienne, proche
de M. Moustapha Saad, a diffusé un manifeste particulièrement
violent dans lequel elle va jusqu’à accuser M. Hariri et sa fondation
“d’avoir collaboré avec les Israéliens, lors de l’invasion
du Sud, au point d’aménager des prisons à la demande de l’ennemi
sioniste, au sérail de Saïda et à Tallet Mar Elias,
à Kfarfalous”... De plus, “ses équipes ont procédé
au nettoyage des décombres au siège du gouverneur militaire
israélien à Tyr, après que ce dernier eut été
plastiqué par les héros de la Résistance.”
On doit, donc, s’attendre à la poursuite de ce déballage
médiatique dans les jours à venir.
En ce qui concerne la demande de levée de l’immunité
couvrant M. Habib Hakim, député du Metn, impliqué
dans l’affaire de l’incinérateur de Bourj Hammoud, tout porte à
penser que l’Assemblée convoquée pour les 13 et 14 octobre
en séance plénière, se prononcera en faveur de la
requête du Parquet, la preuve étant donnée de la dilapidation
de 52 millions des fonds publics pour la réalisation de ce projet
qui n’a pas reçu un début d’exécution...