Saturnale


Par MARY  YAZBECK AZOURY

RENTREE D'AUTOMNE
C’est la rentrée.
Finies les vacances.
Bilan d’un été trop chaud?
Des tremblements de terre.
Des bombardements.
Encore plus de réfugiés.
Encore plus de malheureux.
Une éclipse sans histoire.
Le monde continue à tourner.
Le big-bang n’a pas eu lieu.
Au Liban, le même refrain.
La 425 et l’implantation.
Les mêmes reproches.
Les mêmes politiciens.
Les mêmes discours.
Les mêmes complaintes.
Quelques innovations: le Président au Canada.
Les souverains hachémites au Liban.
Enfin, c’est la rentrée.
Peut-être un peu moins d’accidents sur les routes du Liban et d’ailleurs. C’est déjà l’automne.
Bientôt l’hiver, “qui apprivoise homme, femme et bête”.

***

MAUVAISE SURPRISE: ALLOCATIONS SCOLAIRES SUPPRIMEES
Au départ, rien que des rumeurs alarmistes.
Des rumeurs vite transformées en mauvaises surprises.
Pour cette rentrée, certaines grandes sociétés, agences de voitures et entreprises ont supprimé les allocations scolaires pour les enfants de leurs employés.
A l’heure où la crise économique bat son plein, il est criminel pour de telles “grosses boîtes”, qui réalisent de très importants bénéfices et ce, malgré ou même en raison de la crise, de supprimer de telles allocations.
Il serait vain, fou et prétentieux de croire un instant que ces économies de bouts de chandelles résoudront les problèmes, s’il y en a vraiment à ce niveau.
L’ironie dans ces cas, c’est que ceux qui ont adopté cette mesure à l’égard de leur personnel, sont ceux-là même qui mènent, au vu et au su de tout le monde, un train de vie de milliardaire hollywoodien.
C’est leur droit, si c’est de l’argent honnêtement gagné. Mais de là à rogner sur les prestations sociales de la classe laborieuse... A ceux qui ont osé protester contre ces mesures, il leur a été répondu que ces bourses scolaires sont des privilèges et non un droit acquis, en sus que ceux qui ne sont pas contents, n’ont qu’à démissionner.
C’est dire ajouter l’insulte au préjudice, car ces patrons savent bien que leurs employés sont dans l’incapacité de démissionner, même s’ils le désirent.
Privilèges acquis ou pas, le ministère du Travail s’en désintéresse...

***

PLUS CELA CHANGE, PLUS C'EST LA MEME CHOSE
Si l’impôt sur le revenu était vraiment appliqué, ces bourses scolaires n’auraient pas été supprimées, car elles auraient été déduites des taxes.
Telle est la raison de la prolifération des bourses d’études aux Etats-Unis, dans les pays scandinaves, en Grande-Bretagne et d’autres pays.
Tel n’est pas le cas au Liban.
Côté taxes et impôts, plus cela change, plus c’est la même chose.
A ce propos, il est intéressant de reprendre le conseil donné par le cardinal Jacques Duèze à Philippe le Bel: “Les amendes, Monseigneur, les amendes, il n’y a rien de tel que les amendes pour corriger les gens. Plus ils seront riches, plus fortement les frappez. Si celui qui manque à la loi possède vingt livres, exigez qu’il en verse une. Mais s’il en possède mille, prenez-lui cinq cents et s’il est riche de 100.000 livres ou plus, prenez lui tout.
“Vous en trouverez trois avantages: d’abord, le rapport sera plus gros; ensuite, le malfaiteur privé de sa puissance (financière) n’en pourra faire plus; enfin, les pauvres qui sont le plus grand nombre, seront de votre côté et auront confiance en votre justice.”

***

LE SECRET LE MIEUX GARDE DE LA REPUBLIQUE
Essayez de savoir comment cela se passe au ministère des Finances et vous serez étonné de réaliser qu’il y a des secrets impénétrables au Liban.
Plusieurs personnes ayant droit à des retraites, ont voulu savoir la date à laquelle les pensions selon la nouvelle échelle des salaires, ainsi que les arriérés dus depuis la publication de cette loi au Journal officiel, leur seront versés.
Mal leur en prit. Silence et bouche cousue. Ces personnes ont passé des heures à consulter les soi-disant services compétents. Elles étaient renvoyées comme des balles de ping-pong d’un employé à un autre.
Quant à la somme qui doit leur être versée, encore plus de secrets.
Il semble qu’au Liban le citoyen, quoique cotisant, contribuable et ayant des droits, n’a pas le droit de savoir, même à l’ère des ordinateurs, ce qu’il peut attendre pour établir son budget.
Heureux encore quand il n’est pas en butte aux sarcasmes des gens avec lesquels il traite.
Quelle est la raison de ce mystère?
Gouverner c’est prévoir...
Alors, à qui s’adresser?
De même, la Mutuelle des fonctionnaires adopte la même tactique. Essayez, aussi, de savoir quand les allocations scolaires pour l’année 1998/1999 seront versées?
Les décrets les octroyant ont été signés, mais les paiements suspendus sine die.
Ni pourquoi, ni quand, épargnez votre salive. C’est cela les Finances!

***

HAUTE POLITIQUE
• La déshonnêteté commence quand on se fait payer par l’adversaire.
Mais être payé en remerciements d’un acte pour lequel on est convaincu, c’est normal.
(En d’autres termes, être payé pour changer d’avis est malhonnête, mais être payé pour maintenir ses convictions c’est bien).

• De toutes les fonctions humaines, celle qui consiste à gouverner ses semblables, encore que la plus enviée, est la plus décevante, car elle n’a jamais de fin et ne permet à l’esprit aucun repos.
Le boulanger qui a sorti sa fournée, le juge qui vient de rendre un arrêt, l’architecte qui voit poser le faîte d’un édifice, le peintre qui a signé sa toile, l’écrivain qui a terminé son livre, peuvent pour un soir, au moins, connaître un apaisement relatif que procure un effort mené à bon terme.
L’homme qui gouverne, jamais.
A peine une difficulté politique paraît-elle aplanie, qu’une autre se forme justement pendant qu’on règle la première, exigeant une attention immédiate.
 

QUESTION DE LA SEMAINE
- A quand l’instauration d’un fond de prêts aux étudiants?


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