PREMIERE BIENNALE DE BEYROUTH
POUR LES PAYS ARABES UN SALON TRADITIONNNEL
J’applaudis
sans réserve à la décision du ministère de
la Culture et de l’Enseignement supérieur d’élargir ses activités
et manifestations artistiques à la participation inter-arabe et
internationale, ce qui prolonge et amplifie le rayonnement du Liban dans
le cadre de Beyrouth capitale culturelle du monde arabe pour 1999.
Une œuvre d’inspiration orientale signée Wagih
Nahlé.
Tout comme il paraît plus qu’évident que le ministre de
la Culture et de l’Enseignement supérieur ne peut être tenu
pour responsable de la qualité d’un bon nombre de manifestations
artistiques qui avaient déjà été programmées
par son prédécesseur, suite à des initiatives “privées”
et “personnelles”, comme c’est le cas de la première Biennale de
Beyrouth pour les pays arabes, qui se tient, actuellement, à l’Unesco
et présente, plutôt, toutes les caractéristiques d’une
exposition collective ou d’un “Salon traditionnel”.
En effet, si pour le Liban, elle se limite à “reproposer” les
noms de toujours, célébrant des fastes passés, avec
des œuvres datant, souvent, de plusieurs années, tout en ignorant
les jeunes talents prometteurs, elle fournit, par ailleurs, un panorama
plus ou moins fidèle, de l’art contemporain dans les pays arabes
et de son développement au cours des ans, durant la seconde moitié
du XXème siècle, toutes écoles confondues, du figuratif
à l’abstrait.
Un ensemble de peintures de l’artiste Abdallah Idriss Séoudi.
Une installation qui retient l’attention de Chawki Chamoun.
Entre le “figuratif” et le “non figuratif”, on peut situer un paramètre,
un créneau qui participe de ces deux tendances, sans pour autant
s’y rattacher directement.
Nombre d’artistes voient dans le “figuratif” une manière d’exprimer
leur sentiment et se réclament de plein droit du symbolisme, de
l’expressionnisme, du surréalisme, de l’art naïf, etc... alors
que l’expression “non figurative”, chez d’autres, est plus difficile à
cerner, parce que le “non figuratif” connaît de multiples facettes
et fait appel à des courants qui n’ont parfois aucun lien entre
eux. Mais de manière générale, certains artistes favorisent
un graphisme lié à l’arabesque et d’autres mettent en exergue
un informalisme qui ne tient pas compte de la composition.
Une peinture de Ali Chams toujours fidèle à lui-même.
Or, il faut le dire, dans ce lieu du conformisme, dans cet espace de la
vie artistique beyrouthine, dans tout ce qu’elle a souvent de superficiel,
d’ostentatoire, de négatif, où l’art doit être convenable,
décoratif, rassurant, une Biennale n’a de raisons d’être que
pour autant qu’elle saura sélectionner et accueillir des œuvres
échappant aux définitions traditionnelles et être le
reflet des recherches d’avant-garde.
En d’autres termes, en se servant de langages et de poétiques
différentes, la créativité devrait se tourner davantage
au-dedans d’elle-même qu’en arrière ou vers d’autres écoles
et mouvements célèbres, nés dans d’autres pays.
La vraie création artistique repose sur l’effet de choc, de
surprise. Elle est l’inattendu, le message qu’elle assume et l’impact émotionnel
qu’elle propage.