LA FRANCE DOIT JOUER UN RÔLE DE CATALYSEUR
S.A.R. le prince Sixte-Henri de Bourbon Parme, descendant direct de
Louis XIV, s’est, ensuite, exprimé en faisant une distinction entre
l’attitude de la France et celle des Français à l’égard
des pays avec lesquels existent des liens historiques. Il a stigmatisé
la situation tant au Proche-Orient que dans d’autres pays de la Méditerranée,
notamment au Kosovo: “La France jouit d’une certaine image de confiance
auprès des pays du Proche-Orient et du monde méditerranéen,
grâce à son passé historique. Je pense donc qu’elle
peut et doit intervenir dans le cadre d’une paix qui se dessine dans cette
région du monde. Encore, faut-il que cette intervention ne se fasse
pas à travers certains réseaux qui servent plus les partis
politiques que l’intérêt de la Nation et s’écartent
donc de ces relations séculaires que nous avons avec nos amis traditionnels.
Néanmoins, il ne faut pas que cette intervention porte atteinte
à la souveraineté de ces pays. La France doit assumer un
rôle de catalyseur et non d’une force interventionniste appelée
à modifier des régimes politiques.”
Vice-président de l’association “SOS enfants d’Irak”, lié
d’une amitié personnelle avec M. Tarek Aziz, S.A.R. le prince Sixte-Henri
de Bourbon Parme a rappelé les conséquences désastreuses
de l’embargo contre l’Irak: “Les hôpitaux sont de plus en plus chargés
d’enfants et de vieillards qui viennent le plus souvent y mourir, car l’absence
de médicaments et la sous-alimentation généralisée
ne permettent pas de les soigner... Le chiffre d’un million de morts dont
700.000 enfants du fait de l’embargo, chiffre que reconnaissent les organismes
internationaux, ne me paraît pas exagéré. Sur une population
de 22 millions d’habitants, on peut bien parler d’un génocide conçu
et réalisé pour éliminer de la planète un des
peuples arabes les plus capables de développement autonome. Ce génocide-destruction
reflète donc une stratégie qui cherche à supprimer
de facto un des deux Etats pétroliers du Proche-Orient composés
de populations ayant le sens des responsabilités, c’est-à-dire
pouvant avoir leur mot à dire et s’opposer à la stratégie
de contrôle américain dans cette région du monde.”
Et, le prince de Bourbon Parme de poursuivre son indignation contre
la politique “des deux poids et deux mesures” qui condamne l’épuration
ethnique au Kosovo, mais passe sous silence les exactions israéliennes
qui utilisent des moyens de lutte disproportionnés contre les résistants
palestiniens, lesquels mènent un combat légitime de libération
nationale. Il rappelle, aussi, l’amitié séculaire entre la
France et les pays arabes, en particulier avec le Liban, en faisant allusion
à l’attention particulière que prêtaient ses ancêtres,
les rois Saint-Louis et Louis XIV au pays des Cèdres.
NE PAS RÉGLER LE PROBLÈME PALESTINIEN
AUX DÉPENS DU LIBAN
Le général Michel Aoun analyse la situation générale
du Liban d’un point de vue politique, économique, juridique et social.
Un débat juridique l’oppose, alors, à Me Hatem qui, en relatant
les circonstances qui ont conduit le Liban à son état actuel,
lui rappelle la phrase célèbre de Georges Clemenceau: “La
guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée
aux militaires”. Le général Aoun rétorque, alors,
en soulignant: “On pourrait donc aussi dire que la politique est une chose
trop sérieuse pour être confiée à des politiciens.”
Chiffres à l’appui, il dénonce le processus d’implantation
des Palestiniens au Liban et rappelle que, dès l’origine, la guerre
a été complotée contre son pays dans l’objectif de
régler le problème palestinien au détriment du Liban:
“Récemment, M. Barak a déclaré qu’il refuse, catégoriquement,
le retour des réfugiés palestiniens à leur mère-patrie.
Dès lors, les Libanais se sont, pour une fois, mis tous d’accord
pour s’opposer à l’implantation des Palestiniens au Liban. Tous
les principes, aussi bien de droit que de morale internationale, bien que
la morale n’ait pas de place en politique, condamnent cette attitude. Tout
réfugié a le droit de retourner chez lui. L’exemple du Kosovo
le confirme. En outre, il convient de rappeler que le Liban n’est ni responsable
du partage de la Palestine, ni du conflit israélo-palestinien. Je
ne vois donc pas pourquoi il devra en payer le prix!
“Je lance donc ici un appel aux instances et à l’opinion publique
internationales, afin d’éviter ce mécanisme qui porte atteinte
tant aux réfugiés palestiniens qu’au Liban. Permettez-moi,
à cet égard de rappeler les éléments suivants:
du point de vue densité démographique, le Liban est le 6ème
pays au monde avec une densité de 363 habitants au km2, selon un
recensement de 1996. Cette densité est trois fois plus grande que
celle de la France (107 habitants au km2), 13 fois plus que celle des Etats-Unis
(27,82 habitants au km2). Le Liban n’a ni ressources, ni richesses naturelles
qui lui permettent d’admettre une nouvelle population. L’économie
libanaise fonctionne grâce au tertiaire et aux contributions financières
de la diaspora libanaise. L’éventuelle implantation des réfugiés
palestiniens risque donc de déstabiliser notre économie et
notre équilibre démographique. C’est comme si la France naturalisait
15 millions de personnes d’un seul coup, les Etats-Unis 75 millions ou
la Chine 400 millions.”
UNE PAIX DES CŒURS
Aoun procède, ensuite, à une analyse géopolitique
objective de la situation au Proche-Orient, en soulignant que la paix ne
pourra pas procéder, uniquement, des accords et des compromis, mais
d’une participation réelle de toutes les parties concernées:
“Il va falloir aboutir à une paix des cœurs avant celle des papiers,
afin d’arriver à une solution durable... Le processus de paix tel
qu’il se manifeste actuellement, constitue en fait, une trêve. On
peut s’inspirer, à cet égard, de la paix signée entre
l’Egypte et Israël: bien qu’un traité ait été
signé entre ces deux pays en 1978 et bien que le Sinaï ait
été évacué en 1982, il n’en demeure pas moins
qu’il n’existe pas de véritables relations entre les populations
égyptienne et israélienne.
“En ce qui concerne le Liban, je l’ai dit et le répète:
le Liban doit participer, activement, aux négociations entre Israël
et la Syrie, sur le même pied d’égalité et ne pas se
contenter des solutions qu’on lui impose.”
SEULE LA DÉMOCRATIE PEUT SERVIR DE FONDEMENT
à LA PAIX
Le colonel Hassan Aghilipour, président de la Commission consultative
des droits de l’homme iranienne a, quant à lui, souligné
le dilemme général à tout le Proche-Orient, assoiffé
de paix et de démocratie: “Seule cette dernière alternative
pourra servir de fondement pour la paix dans cette région.”
Il a rappelé les derniers événements survenus
en Iran, en soulignant leur ampleur: “Les dernières manifestations
survenues en Iran ont été écrasées par le pouvoir
révolutionnaire, entraînant une dizaine de morts à
Téhéran et en province et plusieurs centaines d’arrestations...
Les étudiants qui manifestaient et la partie de la population qui
a osé leur témoigner sa sympathie, réclament un peu
plus de liberté, davantage de franchises universitaires. Puis, vite,
un mot d’ordre a fait l’unanimité et donné plus d’ampleur
à la contestation: la séparation de la religion et de l’Etat,
la fin de la théocratie. L’opinion iranienne réclame dans
son immense majorité l’adoption d’institutions séculières
démocratiques.”
ALTERCATION AGHILIPOUR-HATEM
Une altercation verbale a, ensuite, opposé le colonel Aghilipour
à Me Hatem, quand ce dernier lui a rappelé que “le régime
actuel des Ayatollahs en Iran a pourtant changé, notamment avec
M. Khatami qui est bien plus modéré que ses prédécesseurs
et qu’il est en train de donner un nouveau souffle de liberté à
l’Iran”.
Aghilipour rétorque: “Je suis étonné d’entendre
ces propos de votre part, alors que vous êtes professeur de droit
et de relations internationales dans un pays, les USA, qui prône
la démocratie. Vous êtes, également, avocat à
Paris, défendant les droits de l’homme...
“Je pense que vous êtes victime de la manipulation médiatique.
Il n’y a pas d’Ayatollahs modérés. Le seul Ayatollah modéré
était Khomeini! D’ailleurs, en Iran, on ne dit plus “Ayatollah”
mais plutôt “Ahfatollah” pour désigner le clergé...
Comment qualifiez-vous, alors, le fait que, lors des dernières manifestations
en Iran, les étudiants aient conspué Khatami et l’Ahfatollah
Khaménéï, brûlé leurs portraits et chassé
à coups de pierres le directeur de cabinet de ce dernier venu “dialoguer”
avec eux?”
Aghilipour adresse un message “en direction des courageux et héroïques
étudiants, des personnes qui soutiennent en Iran leur révolte.
Je leur dis qu’ils peuvent compter sur moi pour, qu’en dehors de l’Iran,
nous mettions tout en œuvre, de toutes nos forces, sur la scène
internationale, en vue de les soutenir.”