Vue d’ensemble lors de la réouverture.
nouillé devant lui, le supplie de lui rendre le corps d’Hector
tiré par un char de combat. Alors qu’ailleurs, sous les yeux de
l’empereur Septime Sévère, du dieu Mercure, de Bacchus, du
Dyonisos et de Jupiter, apparaît Alexandre au Temple de Baalbeck.
Astarté et Echmoun accompagnés des amours ivres, assistent
quant à eux du haut de leurs trônes, à l’enlèvement
de la princesse Europe, fille du roi Agénor, par Baal, devenu Zeus
en Grèce, le dieu amoureux qui, sous son masque oriental de taureau,
fend les flots emportant sa précieuse vers le continent offert en
cadeau de noces et qui portera son nom jusqu’à nos jours.
Pour revivre ces moments, le Musée national rouvre ses portes
au public.
Six mille ans de civilisations défilent sous le regard du visiteur.
Sur une superficie de 1900 m2, il peut admirer, sous l’œil vigilant des
gardes, plus de mille petits objets étalés dans un ordre
chronologique dans 70 vitrines murales, solitaires ou en pupitres, conçues
et dessinées par l’architecte français, Jean-Michel Wilmott
qui avait réalisé la scénographie du rez-de-chaussée
lors de la première ouverture du musée en 1997.
Sarcophage aux amours ivres en marbre - Tyr - IIème siècle après J.-C. |
Amphithéâtre taillé dans le roc. |
Sous le haut patronage du président de la République,
le Musée de Beyrouth a rouvert une seconde fois ses portes aux Libanais
et aux étrangers. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée
le 8 octobre en présence de plusieurs personnalités du monde
politique, économique et social, entre autres: MM. Mohamed Youssef
Beydoun, ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur,
représentant le chef de l’Etat; Arthur Nazarian, ministre du Tourisme,
Mme Mona Hraoui, présidente de la Fondation nationale du Patrimoine,
le brigadier Salim Layoun, représentant du commandant en chef de
l’Armée; MM. Marwan Hamadé, Pierre Daccache, Camille Ziadé,
Bahaëddine Itani, Jamil Chammas, Chaouki Fakhoury, Mme Bahia Hariri,
députés; les ambassadeurs de nombreux pays dont M. Daniel
Jouanneau, ambassadeur de France; M. Alain Fouquet, conseiller culturel
à l’ambassade de France, les ambassadeurs de Tunisie, d’Iran et
de Chine. Etaient également présents: Mgr Elias Audé,
métropolite de Beyrouth, le président de l’Ordre de la Presse
M. Mohamed Baalbaki, MM. Alexandre Najjar, Yacoub Sarraf, Mme May Arida,
etc...
Mme Mona Hraoui, présidente de la Fondation nationale du patrimoine prononçant son allocution. |
Mlle Suzy Hakimian entourée des deux ministres MM. Arthur Nazarian et Mohamed Youssef Beydoun devant les figurines masculines armées en bronze et feuille d’or - Byblos - Age du bronze moyen. |
Dans son allocution, M. Beydoun annonce un plan de travail culturel
et transmet l’accord du Conseil de transformer la plus grande partie du
bâtiment de la Faculté de Droit, à Sanayeh, en un local
pour la Bibliothèque nationale. “L’exécution du projet se
réalisera dans deux ans, après le transfert de la faculté
au Campus de Choueifat, ainsi que l’affectation à la Foire internationale
de Tripoli d’un local pour le Musée national des Arts plastiques
et appliqués.”
Statue en marbre richement décorée. |
Colosse en calcaire provenant de Byblos - Date intermédiaire. |
Le choix de Tripoli s’inscrit dans le cadre du développement
équilibré et du renforcement du mouvement culturel au Nord.
Le ministre annonce par ailleurs la constitution, par décision
ministérielle, d’une commission spéciale ayant pour mission
d’étudier, dans un délai de trois mois, le projet de fondation
du Musée de la ville de Beyrouth. Ladite commission adoptera un
profil culturel, éducatif et touristique qui reprendra l’histoire
architecturale, sociale et anthropologique de Beyrouth, en mettant l’accent,
particulière-ment, sur les ères modernes et contemporaines.
Priam agenouillé devant Achille le supplie de lui rendre le corps d’Hector tiré par un char de combat. |
L’une des plusieurs mosaïques à restaurer. |
Il rappelle le succès de l’exposition: “Liban: l’autre rive”
qui s’est tenue à l’Institut du Monde arabe à Paris, souhaitant
que Beyrouth devienne capitale culturelle du monde entier durant le troisième
millénaire.
Pour sa part, Mme Mona Hraoui remercie tous ceux qui ont participé
à la rénovation et au réaménagement du musée,
par leurs expériences ou moyens. Elle insiste sur la nécessité
de la collaboration entre les secteurs public et privé. “La réouverture
du Musée national consacre Beyrouth capitale culturelle du monde
arabe, dit-elle, mais prouve l’importance d’adopter les technologies de
pointe, de s’éloigner de la routine et de la mentalité figée
et traditionnelle.”
L’ouverture momentanée du Musée national, en 1997, était
incomplète. Actuellement, malgré les efforts encore à
faire, un voyage à travers le temps s’impose. Toutes les leçons
d’histoire qu’un étudiant libanais a mémorisées dans
sa vie, il peut les revivre “matériellement”. L’explorateur du passé
chemine le long d’un circuit thématique et chronologique. Et à
travers le quotidien de ces êtres, leurs outils, l’écriture,
leur art mortuaire, leurs dessins... il crypte leurs secrets, dévoile
leurs âmes.
Les enfants d’Echmoun. |
Les enfants d’Echmoun. |
Au premier étage, réaménagé à travers
les vitrines bien équipées d’un système d’alarme,
d’une loupe mobile, d’un thermomètre et hygromètre, il peut
observer différents trésors inestimables de toute époque,
cachetés de cartes et panneaux indicatifs.
De fameuses petites figurines phéniciennes en bronze et à
la feuille dorée, des stèles en pierre accompagnées
de jarres funéraires contenant les restes incinérés
de morts ainsi que des offrandes trouvées à Tyr près
de la nécropole romaine, de l’époque hellénistique.
Peigne en ivoire de Magharet Tabloun à Sidon du Vème siècle
avant J.C., de multiples objets en bronze de l’époque romaine, objets
en terre cuite de l’âge du bronze (3200-1200 avant J.C.), des récipients
attiques qui constituent un témoin des échanges qui avaient
lieu dans le bassin méditerranéen entre les VIème
et IVème siècles avant J.C. Céramique importée
de Grèce qui se caractérise par son vernis noir, canthare,
rhython, flacon, coupelle et bol inscrit de lettres phéniciennes.
Figurines masculines armées en bronze et feuille d’or de Byblos
de l’âge du bronze moyen, des pièces de monnaies allant du
VIème siècle av. J.C., des bijoux byzantins retrouvés
lors des fouilles à Beyrouth en 1997, des masques mortuaires en
pierre, des vases en albâtre...
En bref, le déploiement d’une mémoire riche et fastueuse
qui, à l’instar de notre terre, garde amoureusement les vestiges
des grandes civilisations.