Au
cours des vingt-cinq dernières années, il a partagé
son temps et ses soucis entre sa profession médicale et la députation.
Elu pour la première fois en 1972, le Dr Pierre Daccache, député
de Baabda, n’a pas fait partie de la législature de 1992-96, pour
la simple raison qu’il avait boycotté les législatives, partant
de l’idée que “Si le boycottage du scrutin est amer, la participation
aux élections l’est davantage.”
Il fonde beaucoup d’espoir sur la jeunesse libanaise (“l’avenir du Liban dépendant des générations montantes”). “Elle doit savoir qui est avec elle; qui néglige ses doléances et ignore ses aspirations”. |
RÉCOMPENSE ET CHÂTIMENT
A propos de l’ouverture des dossiers et des poursuites engagées
contre les personnes impliquées dans les infractions et les abus,
le Dr Daccache émet ces réflexions: “Le président
Emile Lahoud s’est engagé à édifier l’Etat de la loi
et des institutions, tout en se considérant le gouvernant et l’arbitre
qui reste au-dessus de la mêlée. De plus, il est l’exemple
et le modèle, c’est pourquoi, je suis persuadé qu’il appliquera
la loi envers et contre tous, sur base de la justice et de l’équité.
Il ouvrira tous les dossiers, n’épargnera personne, ni ne sera injuste
envers qui que ce soit. C’est un principe démocratique sain que
j’approuve sans réserve ni hésitation, celui de la récompense
et du châtiment.
Je suis donc, en faveur de l’application de la loi à tous sans
aucune discrimination.”
La loi électorale en cours tend à plafonner les dépenses
électorales. Or, M. Rafic Hariri accorde, ces temps-ci, une aide
aux Beyrouthins dans le besoin. Aurait-il devancé la promulgation
de ladite loi et entamé, prématurément, sa campagne
en prévision des législatives?
La société libanaise, dans son ensemble, souffre actuellement,
de la crise socio-économique dont elle n’a pas connu de pareille.
Merci aux gens de bien, au président Hariri en tête, qui se
portent au secours des nécessiteux pour améliorer leurs conditions
de vie.
Cependant, je refuse que ces prestations soient un moyen d’exploiter
le citoyen à des fins électorales.
LE RETARD DANS L’ÉLABORATION DE LA LOI
ÉLECTORALE
Pourquoi, à votre avis, la nouvelle loi électorale
a-t-elle tardé à être élaborée et ce
retard affecte-t-il la vie démocratique au Liban?
Le retard est dû aux divergences dans les points de vue opposant
les différentes forces politiques, communautaires et partisanes,
chaque partie voulant obtenir le plus d’acquis personnels et tirer la couverture
de son côté, loin de tout esprit d’équité et
de justice.
Pourtant, le président Lahoud a bien précisé,
que la nouvelle loi électorale doit assurer une représentation
saine de la volonté populaire et l’intégration nationale,
en éliminant toute hégémonie d’ordre politique, financier
et communautaire.
La promulgation de la loi électorale dans un délai
rapproché brouillera-t-elle les cartes et les alliances politiques?
Dans l’affirmative, ceci ouvrira-t-il la voie du parlement aux jeunes et
le contraire est-il vrai?
Ma confiance dans les jeunes est grande, c’est pourquoi je ne pense
pas que le retard dans la promulgation de la loi électorale aura
une répercussion négative sur les candidats de la nouvelle
génération.
Je fonde beaucoup d’espoir sur notre jeunesse au plan de la réforme
et du changement, surtout après avoir eu la conviction de descendre
dans l’arène politique.
Comment concevez-vous le découpage des circonscriptions et
approuvez-vous le principe de la proportionnelle?
La nouvelle loi électorale doit faire l’objet d’un consensus
national et être le fruit d’un dialogue franc et objectif, loin des
intérêts personnels.
QUID DU PROBLÈME DES DÉPLACÉS?
Le retour des personnes déplacées à leurs villages
paraît buter contre maints obstacles. Comment se présente
la situation dans votre circonscription, plus particulièrement à
Mraijé et dans la banlieue-sud?
L’épreuve des déplacés est appelée à
se perpétuer et à empirer, si les promesses qui leur ont
été prodiguées ne sont pas tenues. Leur retour dépend,
toutefois, de trois facteurs: la décision, la force et l’argent.
Le cas des déplacés de Mraijé, Laylaki et Haret Hraïk
dépend de la réalisation de ces trois facteurs, sinon il
continuera à évoluer dans un cercle vicieux.
Que comptez-vous faire pour hâter le règlement de ce
dossier?
A la suite de contacts effectués auprès du chef de l’Etat,
du ministre des Déplacés et du responsable de la caisse les
concernant, nous avons touché du doigt leur disposition à
tout faire pour clôturer ce dossier.
Je viens d’être reçu par le président de la République
à qui j’ai exposé la situation intenable des gens et leurs
soucis, les déplacés en tête. Je lui ai soumis un plan
établi par M. Youssef Matta, président de la municipalité
de Mraijé-Laylaki, visant à installer les déplacés
dans des appartements que le conseil municipal met à leur disposition,
moyennant un loyer n’excédant pas dix pour cent du salaire minimum
vital. Et ce, en attendant qu’ils puissent réintégrer leurs
villages.
Le président Lahoud a apprécié ce plan et l’a
transmis, pour étude, au Conseil des ministres.
L’ÉTAT DE LA LOI EN COURS DE RÉALISATION
Le régime s’est engagé à édifier l’Etat
de la loi et des institutions: a-t-il tenu son engagement?
Certainement et il s’achemine vers cet objectif qu’il s’est fixé,
lentement, mais à pas fermes et sûrs. Nous devons user de
patience pour le voir réaliser sa promesse dans son intégralité.
Il n’y a rien à craindre à ce propos, étant donné
sa droiture, sa franchise, sa transparence et son opiniâtreté.
Comment jugez-vous les remous suscités par l’implantation
des réfugiés palestiniens et ce projet risque-t-il de se
concrétiser?
L’implantation concerne tous les Libanais, tant les responsables que
les citoyens. Aussi, sommes-nous tenus de nous y opposer en toute solidarité.
Ce qui rassure quelque peu, c’est le rejet de l’implantation par les Palestiniens
eux-mêmes.
Que pensez-vous des déclarations du Premier ministre israélien
relatives au processus de paix et, surtout, au retrait de “Tsahal” du Liban-Sud
avant le mois de juillet de l’an 2000?
Je suis de nature optimiste, en général, mais le pessimisme
prévaut dans ma pensée quand il s’agit du processus de paix,
étant donné la politique de l’Etat hébreu et de ses
dirigeants faite de duplicité et de faux fuyants.
J’ai tendance à croire qu’Israël ne veut pas la paix, car
son existence dépend de la persistance du conflit et sa survie lui
commande de poursuivre ses agressions.
Toujours est-il qu’on peut espérer voir les Etats Unis, en tant
que “parrain” de la paix, agir aux fins d’appliquer les résolutions
internationales auxquelles notre voisin du sud ne veut pas souscrire ni
respecter, comme ce fut le cas dans d’autres foyers de tension dans le
monde.
Quel acquis ont obtenu les Palestiniens en signant les accords de
Wye Plantation et de Charm el-Cheikh?
Wye Plantation est une des étapes du calvaire palestinien provoqué
par le sionisme mondial qui s’emploie à maintenir les réfugiés
dans les pays d’accueil. A mon avis, Israël liquide, petit à
petit, l’affaire palestinienne. Mais, j’ai l’espoir et la grande foi que
nous triompherons, en définitive et que la résurrection finira
par venir.