Le
dossier de la naturalisation continue et, pour cause, d’entretenir une
controverse autour des conditions conformément auxquelles des centaines
de personnes ont obtenu la nationalité libanaise. D’aucuns soutiennent
qu’il s’est agi d’une opération douteuse, alors que l’ex-ministre
de l’Intérieur avant apposé sa signature sur le décret
y relatif, affirme qu’elle a été parfaitement légale.
Le dernier mot est au Conseil d’Etat qui a été saisi d’une
demande d’invalidation.
La naturalisation de centaines d’étrangers, en vertu d’un décret
promulgué sous le précédent régime, exactement
en juin 1994, continue et pour cause, à entretenir une vive controverse.
On sait que la Ligue maronite, soutenue par d’autres associations nationales,
a présenté une demande d’invalidation dudit décret
devant le Conseil d’Etat dont l’arrêt est attendu, comme on s’en
doute, avec impatience.
Un ancien responsable ex-ministre de l’Intérieur, ayant apposé
sa signature sur le décret de juin 94, soutenait il y a quelques
jours dans une interview télévisée: “J’ai la conscience
tranquille, car il s’agit d’une opération parfaitement légale...
Si des erreurs involontaires avaient été commises, on aurait
pu les détecter au moment de l’application du décret. Dans
ce cas, les bénéficiaires de la naturalisation auraient été
privés de la nationalité libanaise”.
Drôle de logique! Pourquoi l’Intérieur, dont l’ex-ministre
détenait, alors, le portefeuille, n’a-t-il pas mené les enquêtes
nécessaires, pour s’assurer si les demandeurs avaient droit à
la nationalité?
Il prétend, pour justifier cette négligence, que les
requêtes présentées par ces derniers étaient
authentifiées par les moukhtars et contresignées par les
services de l’Etat civil... Mais quand on sait comment agissent les moukhtars,
on s’étonne de la facilité avec laquelle les naturalisés
ont obtenu satisfaction...
Quelqu’un a attiré l’attention de l’ex-ministre de l’Intérieur
sur ce point: parmi ces derniers, il en est qui sont nés en Palestine.
Il a rétorqué: “C’est possible, mais qui nous dit que leurs
parents n’étaient pas libanais ayant émigré en Terre
sainte!”
Qui devait prouver ce fait ayant son importance? N’est-ce pas l’Intérieur
et les organismes qui en relèvent? Or, celui-ci a accordé
la nationalité, en laissant à la Justice le soin d’enquêter
sur l’origine du bénéficiaire! De telles pratiques n’ont
cours que chez nous...
En réalité, on s’est hâté de naturaliser
des centaines d’intrus, quelques mois avant les législatives de
96, pour leur permettre de participer au scrutin... dans des circonscriptions
déterminées; on sait lesquelles...
A ce propos, il sied de rapporter cette réflexion émise
par S.Em. le cardinal Sfeir dans sa dernière homélie dominicale:
“Souvent, on utilise l’autorité dans l’intérêt personnel;
les exemples chez nous abondent...”
Le souhait des Libanais bien pensants est que le Conseil d’Etat rende
son arrêt dans ce dossier qui lui est soumis; le plus tôt sera
le mieux...
... On saura, alors, s’il s’est agi d’une “opération légale”
ou de l’une des multiples formes du “trafic d’influence” auxquelles fait
allusion le chef spirituel des maronites! |